Fédérer la recherche en sciences humaines et sociales…

La Maison des sciences de l'homme et de l'environnement Claude-Nicolas-Ledoux entrera dans ses murs début 2016. Le bâtiment Bichat de l'ancien arsenal de Besançon, en cours de réhabilitation, voisine avec une salle de conférence neuve.

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« On rattrape un retard... » Le président de l'Université de Franche-Comté, le mathématicien Jacques Bahi, en convient. Le chantier de la MSHE était dans le précédent contrat de plan Etat-Région, il va se terminer durant celui qui couvre la période 2015-2020. Enfin, peut-être, car le 1,6 million annoncé pour finir les travaux est inscrit « en option ». Ainsi va la programmation des investissements publics en France. Souvent sous-estimées au départ, il faut ensuite compter avec les changements de priorités politiques, la désormais « rareté de l'argent public » qui ferait presque culpabiliser d'en demander...

Une fois que la MSHE sera terminée, il faudra s'atteler à la réhabilitation du reste de l'ancienne fac de médecine dont le mauvais état a justifié une rénovation d'attente de 150.000 euros sur trois ans. C'était bien le moins pour des locaux occupés depuis quelques années par la fac des lettres qui n'en peut plus d'être à l'étroit rue Megevand. Pour la suite, « le phasage sera difficile », dit encore Jacques Bahi. Quant à la BU-BM, la future bibliothèque universitaire et municipale, on est dans l'impossibilité de dire aujourd'hui quand elle sera réalité.

Fédérer les sciences humaines et sociales

Mais c'est quoi la MSHE ? C'est quoi la Maison des sciences de l'homme et de l'environnement ? Pour faire simple, c'est une structure faisant travailler ensemble des chercheurs de différentes spécialités sur des programmes interdisciplinaires et internationaux. Ses responsables parlent d'une « plateforme administrative et technique » permettant de fédérer une quinzaine de laboratoires et d'équipes de recherche en sciences humaines et sociales de Franche-Comté.

Un héritage des plans Université 2000 et Université du troisième millénaire
La MSHE est aussi une enfant du plan Université du troisième millénaire – U3M – de 1999, lui même héritier du plan Université 2000 né en 1990 alors que Lionel Jospin était à l'Éducation nationale. En 1999 donc, la préfecture et le rectorat soulignaient justement dans un document consacré au plan U3M le besoin de « structurer et dynamiser la recherche en sciences humaines et sociales ». La région abondait dans la cadre du CPER 2000-2006 et la MSH, sans E, naissait en 2001. Trois ans plus tard, elle était reconnu par le CNRS et le réseau national des MSH. En 2008, elle s'adjoignait le E d'environnement et constituait une unité de service et de recherche commune à l'Université de Franche-Comté et au CNRS.

Jean-Claude Daumas, l'historien de l'économie qui dirige la MSHE, poursuit la description : « Nous avons du personnel administratif et technique : sept permanents et des contractuels à la mission de soutien à la recherche. Par exemple, l'observatoire des dynamiques industrielles territoriales, l'ODIT, a 60 contractuels entre 2012 et 2015, mais ils ne sont pas tous là en même temps. L'important, c'est d'avoir des bureaux pour ces chercheurs, des salles de réunion, des ateliers de numérisation... Nous aurons une salle de géomatique qui nécessite beaucoup d'espace... Les laboratoires ne sont pas tous là, les gens seront présents sur les projets et ça créera des synergies, des mises en commun ».

« Organiser la collaboration entre laboratoires et institutions »

Si l'on comprend bien, les laboratoires conservent leurs locaux propres, mais les communication par téléconférence ne peuvent pas suffire. « Il faut que les gens soient là... La téléconférence, c'est bien pour une réunion formelle ou à contenu administratif... »

A bien y regarder, la MSHE dépasse le cadre des seules sciences humaines et sociales. Parmi les labos adhérents, on trouve ainsi celui de Métallurgie et culture (UTBM). Organisée en cinq pôles de recherche, elle touche à des univers aussi variés que le droit et le sport, l'histoire ancienne et la philosophie... Elle réunit aussi des laboratoires qui travaillent de longue date en interdisciplinarité, comme TheMa ou ChronoEnvironnement, lesquels sont par ailleurs engagés dans d'autres coopérations universitaires.

En fait, la MSHE est un lieu où s'articulent des recherches entre disciplines différentes qui continuent à avoir leur autonomie. Au total, seize laboratoires de sciences humaines et sociales de Franche-Comté adhèrent à la MSHE. La plupart sont bisontins, mais certains sont de l'Université technologique de Belfort-Montbéliard, et l'un est dijonnais. « Le rôle de la MSHE est d'organiser la collaboration entre laboratoires et institutions, de faire monter la mayonnaise, de monter des grands projets comme celui de l'ODIT qui se monte à 558.000 euros... »

Cette organisation fédérale n'est-elle pas aussi une réponse à l'accroissement de la concurrence universitaire internationale ? « L'objectif est d'atteindre une visibilité locale, nationale, internationale, d'être capable de répondre à des appels d'offres, par exemple européens, mais aussi de nouer des coopérations avec la société civile, comme avec l'ONF, les chambres de commerce et d'industrie, des syndicats patronaux ou des entreprises », répond Jean-Claude Daumas.

« Jouer l'isolationnisme, c'est se vouer à la mort... »

Il s'agit aussi de « représenter l'ensemble des sciences humaines et sociales auprès de l'université ou du conseil régional. Quand la région a réfléchi à son programme de fusion avec la Bourgogne, ça n'a pas transité par les seize laboratoires, mais par la MSHE... » Comment les labos l'ont-ils pris ? A entendre Jean-Claude Daumas, pas si mal : « On fédère, les décisions sont prises au consensus... Ce qui a suscité des discussions, c'est le rapport entre la MSHE et les labos car ça réduit leur autonomie. Mais jouer l'isolationnisme aujourd'hui, c'est se vouer à la mort... »

La MSHE a-t-elle autorité sur les laboratoires ? « Ils restent autonomes scientifiquement et financièrement sur leurs propres programmes de recherche. La MSHE n'intervient que sur ce qui est commun ».

 

Voir le dossier de presse du projet immobilier de la MSHE ici.

 

 

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