Face au Covid-19, s’engager comme infirmière en renfort (1)

Infirmière de formation, Aline n'avait jamais travaillé en réanimation. Voulant prendre part à la lutte sanitaire du CHU de Besançon, elle s'est proposée comme renfort le 13 mars. Dans ce premier texte, elle explique ses premières appréhensions : « Serais-je à la hauteur ? Vais-je trouver ma place ? »

 

Face à la crise, je propose ma candidature à la direction des soins du CHU le 13 mars. La démarche a été soutenue par l’envie d’être solidaire avec les soignantes et les soignants pour affronter cette période difficile. Aussi, par reconnaissance envers des valeurs de soin qui fondent notre système de santé, et qui sous-tendent un accès au soin pour tous. Puis, par souhait de prendre part en temps réel à un événement inédit et tenter de capter ses effets sur le travail soignant et l’organisation hospitalière.

Il est évident que mon profil de soignante reste, par mes expériences cliniques passées, éloigné des services où les patients « covid + » sont en grande partie hospitalisés : les maladies infectieuses et la réanimation. Ainsi en proposant de renforcer des équipes, je n’avais pas imaginé un recrutement en réanimation. Pourtant par téléphone, le message de la direction des soins est claire : « nous avons besoin d’infirmières en réanimation, si vous le souhaitez, vous pouvez être formée sur 2 jours ». En temps de crise, les renforts se déploient à l'intérieur des zones sous tension, où le risque de thrombose est important.

Dans cette perspective, le travail d’anticipation des directions des soins du CHU, et des cadres est assez remarquable. Déploiement de nouveaux espaces pour multiplier les capacités d’accueils avec des lits supplémentaires incluant tous les supports techniques et le matériel de réanimation, multiplication des forces vives avec des renforts venus de différents horizons (anciens collègues, collègues d’autres services de l’hôpital, étudiants en soins infirmiers, étudiants infirmier.ères anesthésistes et de bloc opératoire).

Après avoir envisagé de prêter mains fortes à d'autres équipes afin de libérer des soignants, plus compétents, pour qu'ils renforcent les équipes de réanimation, le fait de me projeter de travailler en réanimation fut plutôt angoissant. La décision de s’engager se brouilla soudainement. Que faire ? Mille questions se posèrent à moi par rapport aux responsabilités prises, aux compétences requises, à un engagement à multiples inconnues. Suis-je capable ? Serais-je à la hauteur ? Vais-je trouver ma place ?

Et pourquoi le faire ? Pour saisir ce qui est inédit, en train de se dérouler sous nos yeux. Pour atteindre un lieu fermé dont l'accès est réservé habituellement aux soignants rompus aux soins de réanimation. Pour témoigner de cette partie de notre histoire, notamment de l'histoire des soins et de l’hôpital. Pour comprendre comment se passe l’activité des soignants et leurs organisations en temps de crise ? Pour être en prise avec les expériences des soignants, de celles et ceux qui ont les mains dans le cambouis, à qui la parole est peu donnée... Celles et ceux qui sont là sans cesse aux côtés des malades, le corps dans le « covid » et qui récemment deviennent visibles au son des applaudissements.

Aline, Infirmière, renfort COVID

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