Entrepreneurs à Planoise : l’avenir, l’emploi, la confiance

Le parc Lafayette et la ZAC de Chateaufarine avaient 4 080 emplois en 2006, davantage aujourd'hui. Planoise comprend une zone franche avec plusieurs dizaines d'emplois. Le quartier est tout près du premier employeur local, le CHU, de Témis-Santé qui ne demande qu'à croître. Le quartier est pourtant rongé par un chômage important. Ce n'est pas une raison pour désespérer. Bien au contraire.

 

Le parc Lafayette et la ZAC de Chateaufarine avaient 4 080 emplois en 2006, davantage aujourd'hui. Planoise comprend une zone franche avec plusieurs dizaines d'emplois. Le quartier est tout près du premier employeur local, le CHU, de Témis-Santé qui ne demande qu'à croître. Le quartier est pourtant rongé par un chômage important. Ce n'est pas une raison pour désespérer. Bien au contraire.

Alboury Ndaye, 30 ans. Une bourse du Sénégal le fait venir étudier à Besançon où il termine un doctorat de sociologie. Lauréat national du concours Talents des Cités 2010, il a créé Mosaïque-Emploi, une agence de ressources humaines qui «rapproche les offres des entreprises voulant recruter dans la diversité, des publics des quartiers». Il fait des CV vidéo où «le jeune en costume ou tailleur dit ses motivations. ça marche car ça donne une bonne image, or, l'entreprise doit refléter le quartier».

Il a été correspondant de nuit 4 ans à Planoise et sait les «incivilités», les conflits de voisins. «Le positif est le métissage culturel, ça permet la rencontre d'avoir deux ou trois cultures... Ce qui manque, c'est l'emploi. Les jeunes viennent nous voir, car ils ont confiance. Contrairement à ce qu'on croit, ils sont ambitieux, veulent avoir un logement, un emploi, une famille, être bien quoi...» L'image du dealer ? «C'est une caricature. Un jour j'ai loué une C4 à 20000 euros pour aller à Paris, on m'a regardé de travers... En fait, j'ai une 106... Je n'aime pas le mot intégration, mais plutôt insertion sociale et professionnelle».

Naïme Bekrar, 31 ans, cofondateur il y a un mois de Planète-Food : «Si on n'avait pas cru en Planoise, on n'aurait pas investi. Je suis pour la franchise, on réglera un maximum de problèmes comme ça plutôt que dire les Turcs ceci ou les Arabes cela.»

Mohamed Djebaili, 28 ans, associé de Naïme : «On fait passer Planoise pour un quartier dur à vivre, mais on a voulu un lieu qui accueille tout le monde, familles, handicapés, jeunes...» Les incivilités ? «Un épiphénomène dû à une minorité en marge de la société...»

Jocelyne Mortet, planoisienne depuis 1972, tient le magasin de laine Jocelaine : «Les trois quarts de mes clients sont extérieurs au quartier... J'habite là, j'ai milité au conseil de quartier, je ne vois pas pourquoi j'irai travailler ailleurs. J'aime ce quartier pour la diversité, j'aime les gens, il n'y a pas meilleur endroit pour voir plein de monde. Et on n'est pas seul pour peu qu'on se donne la peine d'aller vers les autres. Il ne manque rien, sauf qu'on dise aussi du bien de nous...»

Mohamed Boubach, 46 ans, patron de l'Arlequin, petit resto sympa à la cuisine mijotée : «Planoise, c'est un grand village, des sourires, des bonjours... Les critiques, je m'en fous, c'est un des meilleurs quartiers de la ville: trois centres commerciaux, un parc urbain, le Doubs, la campagne à 5 minutes... On n'est pas parfait, mais on vaut bien 7 sur 10, et même 8...»

Dejan Barisic, 27 ans, créateur de l'entreprise Façades Bisontines avec son père, arrivé de Croatie en 1995, à Planoise depuis 1996, lauréat de Talents des Cités, confie le recrutement à Alboury Ndayae. «On est aujourd'hui neuf. Les 17 qui ont travaillé avec nous depuis 2008 sont tous de Planoise. C'est une ville dans la ville, il ne manque qu'un cinéma. C'est cosmopolite, 50 nationalités, ce n'est pas une faiblesse mais une force. La faiblesse, c'est plutôt le chômage. Si seulement les entreprises du quartier jouaient le jeu. Les qualités du quartier sont le dynamisme et la jeunesse...» Les agressions ? «ça gène, un matin, nos trois véhicules étaient vandalisés, on a perdu notre journée... Il faut une autre approche quand on vient ici : être ouvert et mettre son jugement de côté».

 

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !