Election à la MGEN du Doubs : des candidats écartés à cause de leur nom ?

Lors des élections des membres du comité de la section départementale de la mutuelle des enseignants, les trois candidats ayant un patronyme à consonance étrangère, dont le directeur, ont été les plus rayés... et ne sont pas élus. Le président Sébastien Barbati le déplore et regrette un « amalgame avec les événements violents que les médias relaient en boucle ».

Dix sept candidats pour dix places à pourvoir au comité de section du Doubs de la Mutuelle générale de l'Education nationale, voilà qui pourrait signifier la bonne santé de l'esprit mutualiste. Dans d'autres départements, comme le Jura, on n'a pas réussi ce tour de force et il y a eu moins de candidats que de postes.

Mais à y regarder de plus près, cette volonté d'engagement cache un terrible couac. Les trois candidats ayant un patronyme à consonance étrangère, deux noms arabes et un slave, ont été majoritairement rayés lors des récentes élections des membres du comité de section. Conséquence : aucun n'a été élu alors qu'ils figuraient parmi les dix premiers de la liste qui, traditionnellement, sont toujours élus. Parmi eux, le directeur de la section, le professeur des écoles détaché Rabah Bouaouli à qui il a manqué cinq voix pour être élu.

Sébastien Barbati, professeur au lycée Pergaud et président de la section en est malade. C'est lui qui l'a recruté après qu'il a été formé à cette tâche pour laquelle il s'implique selon lui à merveille depuis deux ans et fait preuve de « qualités relationnelles remarquables ». Il signe d'ailleurs un éditorial consacré au sujet dans le dernier bulletin départemental. « Les valeurs républicaines, les idées de progrès social et humain sont le creuset de l'Education nationale et de la MGEN. Aurions nous oublié que dans nos rangs des collègues d'horizons variés ont embrassé ces valeurs, portent brillamment l'étendard de la Laïcité et s'investissent à l'école et dans la société pour ce progrès social et humain ? », écrit-il notamment.

Le sentiment raciste contaminerait-il une partie du corps enseignant ? Les profs d'extrême-droite se seraient-ils donné le mot pour participer aux élections en rayant ceux qu'ils considèrent comme des étrangers ? Sébastien Barbati n'a « pas connaissance » d'un tel phénomène. Son texte évoque un « amalgame avec les événements violents que les médias relaient en boucle ». Interrogé par Factuel, il va plus loin, estimant que cela fait « régner la terreur dans les esprits » et parle d'une « réaction bête ».

Le sort des urnes aurait-il été différent si la participation avait été plus importante ? « Peut être que les enseignants se seraient réveillés, mais pour autant, les idées du FN sont présentes dans un corps enseignant qui n'échappe pas à l'instrumentalisation ». Il met le résultat, et la participation peu élevée, sur le compte d'un étiolement du sentiment mutualiste : « on est de plus en plus sur un comportement consumériste plutôt que mutualiste. On a perdu le sens de la solidarité et du partage... »

Il en veut également un peu au siège national qui a confectionné les listes de candidats et a oublié de mentionner la qualité de directeur de M. Bouaouli. S'en sont même suivis des échanges peu amènes avec un membre du bureau national. Du coup, Sébastien Barbati qui a rempilé « de justesse » pour deux ans à la présidence après deux mandats, va abandonner prématurément sa demi-décharge et reprendre un plein-temps de prof à Pergaud.

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