Fille d'une grande famille d'agriculteurs modestes de Reugney, sur le deuxième plateau du Doubs, elle aura porté l'une des dernières grandes réformes sociales initiées par la gauche : l'aide personnalisée d'autonomie, la fameuse APA qui fait financer par les départements une grande part des dépenses permettant le maintien à domicile des personnes âgées ou les aidant en établissement, du portage des repas aux toilettes et aux soins quotidiens. Paulette Guinchard est décédée ce jeudi 4 mars en Suisse où elle s'était rendue pour un suicide assisté. Souffrant depuis plusieurs années d'une maladie invalidante, elle avait 71 ans.
Auteure d'un rapport parlementaire sur la dépendance, elle avait été nommée en 2001 au gouvernement de la gauche dite plurielle, dirigé par Lionel Jospin, comme secrétaire d'Etat aux personnes âgées pour en faire une loi qui entrera en vigueur le 1er janvier 2002.
Tôt engagée dans la Jeunesse agricole catholique, Paulette Guinchard milita très jeune à la CFDT et rejoignit le PSU en 1969 puis le PS en 1986. Elle aura été employée de librairie et infirmière en psychiatrie, déléguée régionale aux droits des femmes, avant d'accéder aux responsabilités politiques en 1983 comme adjointe au maire de Besançon, Robert Schwint. Elle sera élue conseillère régionale de Franche-Comté en 1989, puis députée en 1997 d'une circonscription réputée conservatrice. Elle fut réélue en 2002, seule candidate de gauche en Franche-Comté à éviter la défaite après le séisme politique de la présidentielle qui vit Lionel Jospin écarté du second tour au profit du candidat d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen.
Femme chaleureuse et souriante, travailleuse et impliquée, elle s'était engagée toute entière dans l'action publique, au point de se faire avaler, m'avait-elle confié en 2009 alors qu'elle se relevait à peine d'un cancer. A peine guérie, elle s'était également engagée à la vice-présidente de la Fédération hospitalière de France qui regroupe les établissements publics. Elle fut en 2013 présidente de la Fondation nationale de gérontologie, fonds documentaire pluridisciplinaire sur le vieillissement, qui devait être liquidé l'année suivante faute de soutien public...
Son entrée au gouvernement en 2001 avait eu pour conséquence la création à Besançon d'EPI, l'espace politique d'innovation. Une sorte de club de réflexion animé par des militants qu'elle avait côtoyés au PSU et qui avait notamment pour fonction de l'épauler tout en lui permettant de garder le contact avec ce qu'on appelle le terrain. EPI a d'ailleurs poursuivi ses activités après qu'elle a quitté les responsabilités, en proposant régulièrement des débats thématiques.
Elle aura eu le regret de ne pas avoir pu être maire de Besançon, les militants socialistes lui ayant préféré, à une voix de majorité, Jean-Louis Fousseret en 2001, pour succéder à Robert Schwint. Contrairement à Fousseret qui fera partie des premiers soutiens à Emmanuel Macron, Paulette Guinchard restera fidèle à « sa gauche » sociale-démocrate en soutenant sans arrière pensée Benoît Hamon en 2017.