Vers la catastrophe annoncée ou un débouché politique ?

Comment faire barrage au duel entre néolibéralisme et extrême-droite ? Relayant les initiatives « 2022 vraiment en commun » et la « Primaire populaire » qui a déjà 225.000 inscrits, un collectif pour une candidature unique de la gauche et de l'écologie voit le jour à Besançon. Un premier rendez-vous se tient samedi 11 décembre place du 8-Septembre pour aller à la rencontre des électeurs et sympathisants.

« Peut-on accepter en 2022 le retour du match Macron Le Pen ? » C'est la question posée par Claudine Reboux et Jean-Paul Bruckert au nom d'un tout nouveau collectif bisontin pour une candidature unique de la gauche et de l’écologie qui s'empresse de répondre « non » à cette perspective qui indispose de nombreux électeurs. A tel enseigne que certains menacent de ne pas participer à l'élection présidentielle, exigeant que les actuels candidats déclarés s'entendent sur un seul nom. Les conversations sur ce thème sont assez fréquentes entre amis, camarades ou tout simplement voisins et collègues...

Eux mêmes militants à Ensemble, une formation issues de groupes politiques ayant souvent fait la liaison entre gauche traditionnelle et gauche radicale, Claudine Reboux et Jean-Paul Bruckert expliquent aller bien au-delà. Ils mènent cette bataille pour l'unité avec des personnes engagées dans des combats aussi divers que les Coquelicots, l'économie sociale et solidaire ou l'action municipale. Leur crédo : « Les gauches écologistes et humanistes doivent arrêter la dégringolade vers la défaite créée par la division. »

Samedi 11 décembre après-midi, ils arpenteront les pavés de la place du 8-Septembre pour « interpeller les citoyens de gauche », explique J-P Bruckert qui redoute « la catastrophe annoncée ». La cause de cette situation politique est bien identifiée pour les deux militants : « le quinquennat Hollande a permis à Macron et à l'extrême-droite de prendre le haut du pavé avec des moyens financiers que la gauche n'a pas », analyse Claudine Reboux.

Pas sur que la vision des grands médias reflète la vraie situation politique en France

Elle doute cependant que la vision des grands médias reflète « la vraie situation politique en France. Par exemple, l'hôpital vit une situation tellement catastrophique que je ne vois pas comment ça peut continuer comme ça car tout le monde la ressent. Il existe une colère populaire qui peut se reporter sur Zemmour ou Mélenchon... Et comme il y a deux tours à la présidentielle, on n'a pas vraiment le choix... On n'est pas comme en Allemagne, où, bien que ce ne soit pas top, les élections à la proportionnelles correspondent à un état de la société. On n'a pas ça en France, c'est moins démocratique... »

En fait, comme beaucoup de sympathisants de gauche ou de l'écologie politique, elle pense que le trop plein de candidatures conduit à l'élimination au premier tour tout en estimant Mélenchon le mieux placé. L'appel pour une candidature unique se base sur la critique de « l'irresponsabilité » ayant conduit à la pluralité des candidatures et propose une alternative : « une candidature commune portée par un projet collectif dès le premier tour, seule possibilité d’être au deuxième tour. Les cinq années qui viennent seront décisives pour la lutte contre le changement climatique et ses conséquences, contre la casse sociale et la pauvreté croissante. »

De la catastrophe annoncée au débouché politique ?

Ce faisant, l'initiative bisontine est portée par des citoyens combinant deux démarches nationales, assez proches philosophiquement : celle du collectif 2022 vraiment en commun et celle de la Primaire populaire. Cette dernière avait demandé à Jadot, Hidalgo et Mélenchon de participer à la démarche avant le 30 novembre, mais ils n'ont pas répondu. Cela n'empêchera pas les citoyens inscrits d'ici mi-décembre de voter fin janvier pour l'un ou l'autre de ces trois là, ou d'autres... Pour l'heure, ces inscrits sont deux fois plus nombreux que les électeurs ayant désigné Valérie Pécresse comme candidate LR ou Yannick Jadot comme candidat écologiste.

Reste qu'il s'agit là de départager justement Jadot, Hidalgo et Mélenchon. Ce dernier a d'ailleurs récemment dit que Jadot l'ayant rejoint sur la planification écologiste, il était prêt à être son ministre. Est-ce sincère ? « C'est une boule lancée dans le jeu de quilles de Jadot », estime Jean-Paul Bruckert. Assez critique du leader insoumis, il ajoute cependant que « c'est habile, intelligent... »

Pour l'heure, la pré-campagne peut laisser penser qu'Anne Hidalgo n'imprime pas et qu'il resterait à départager Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. Soit lors d'une primaire, soit par les sondages ?

Reste à vraiment parler politique. Et pas seulement analyser la situation ou les initiatives foisonnant dans la société civile, mais construire un débouché politique dans lequel auraient la part belle « la défense des droits sociaux, du féminisme, de l’antiracisme, de l’écologie et des nouvelles formes démocratiques, des outils pour construire un nouvel espoir pour la France. » Et peut-être aussi à d'ores et déjà préparer les législatives...

  • Contact : 2022encommun25@gmail.com

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