La nouvelle vie de Paulette Guinchard

Pendant que Denis, son mari, participe au côté de 300 bénévoles à la préparation de la coupe du monde de combiné nordique, Paulette Guinchard profite de son premier hiver à la montagne. Dans la grande maison de Denis, à Chaux-Neuve, elle prend enfin le temps. « Je regarde les sapins pleins de neige, les traces d’animaux, des choses que je ne connaissais plus... »

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Pendant que Denis, son mari, participe au côté de 300 bénévoles à la préparation de la coupe du monde de combiné nordique, Paulette Guinchard profite de son premier hiver à la montagne. Dans la grande maison de Denis, à Chaux-Neuve, elle prend enfin le temps. « Je regarde les sapins pleins de neige, les traces d’animaux, des choses que je ne connaissais plus... »
Elle emmène le visiteur sur la terrasse d’où elle verra passer la Transjurassienne. Enthousiaste, elle montre sa machine à coudre à commande numérique, fait une démonstration de broderie.
Elle raconte piocher à nouveau dans ses livres de cuisine et, comme tout le monde, accommode les recettes à sa manière. Ce n’est plus la députée pressée arrivant à la bourre dans une réunion déjà commencée. C’est une femme émergeant d’une épreuve. Opérée fin 2008 d’un cancer, elle a suivi pendant un an une chimiothérapie qui l’a laissée sur le flanc.
Depuis quelques semaines, elle commence doucement à réorganiser sa vie : « Je ne suis sûre que d’une chose, je ne toucherai plus à un mandat politique. Je n’en ai plus la capacité ni l’énergie. C’est une vie de cinglée. Je ne sais pas si les gens s’en rendent compte, mais je me suis laissée bouffer... Députée, je me levais à 6 ou 7 heures, je rentrais rarement avant minuit, samedi et dimanche compris ». Un silence, puis : « c’est sûrement mon côté bonne sœur... »
Elle a quand même accepté la vice-présidence de la fédération nationale hospitalière que préside le député UMP Jean Léonetti. « Mais seulement parce que j’ai l’image personnes âgées... La FNF défend l’hospitalisation publique, au moins la moitié des établissements sont des maisons de retraite... Et puis, c’est une réunion tous les deux mois et un peu de travail par internet ».
En parlant, son visage s’éclaire. La militante est toujours là. « Si je retrouve mes forces, je travaillerais bien sur l’histoire de la Sécu, de son financement. C’est important de garder un système d’assurance-maladie solide pour les maladies graves. J’ai beaucoup appris dans les petites manifestations ordinaires, sportives ou associatives. J’y ai découvert que les questions de santé sont politiques, que les gens te parlent plus facilement que dans une réunion politique »
C’est à la commission parlementaire contrôlant les comptes de la Sécu qu’elle s’y est mise : « Avant d’être députée, je ne m’y intéressais pas ». Adjointe à Besançon dès 1983, elle s’est occupée d’environnement, d’intercommunalité, d’aménagement... Elle est bien placée pour avoir un avis sur le cumul des mandats qu’elle a pratiqué : « Ce n’est pas vrai qu’on défend mieux un dossier en étant député : l’association des maires est autant écoutée que les parlementaires... C’est invivable, dangereux, tu te fous en l’air personnellement. L’épuisement dans lequel j’étais quand je me suis arrêtée est lié au cumul des mandats. Et puis, plus il y a de représentants, mieux c’est, et on a besoin de gens nouveaux. J’ai été adjointe à 33 ans : quand t’es jeune, t’as pas peur... Dès 83, on avait fait un diagnostic thermique sur Montrapon... »
Qu’y a-t-il après la politique, après la maladie ? La vie, toute simple. Paulette espère voyager à nouveau. Elle parle de sa petite fille d’un an qui témoigne, comme la maladie, « des trucs impressionnants que peut faire le corps : il a une énergie incroyable ».
Du coup, Denis la taquine : « tu es vraiment sûre d’ en avoir fini avec les mandats ? »

 
 
 
 
 
 
 

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