Défilé nocturne contre la loi travail à Besançon

Une nuit debout était organisée jeudi 14 avril malgré les vacances universitaires. Commencée par une sage écoute à peine ponctuée de quelques huées de l'entretien télévisé de François Hollande place Granvelle, elle s'est poursuivie par un défilé en ville de 250 personnes, puis par un forum de prise de paroles avant une assemblée générale qui s'est terminée vers minuit.

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Le réseau de téléphonie mobile n'est pas très performant place Granvelle à Besançon. Pour la plupart assis sur des palettes et des tapis, les participants à la Nuit debout s'en rendent vite compte : la retransmission de l'entretien télévisé de François Hollande est hachée... Ils suivent assez sagement les propos du président, mais quand celui-ci parle de la jeunesse, trouve « normal qu'elle s'exprime », la réaction est immédiate. Elle vire à l'hostilité quand il ajoute « la loi travail ne sera pas retirée... »
Quand arrive sur le plateau une cheffe d'entreprise travaillant dans la vente à distance et revendiquant, au nom de son « rêve d'exporter », la non taxation des CDD, c'est l'incrédulité qui semble s'emparer de l'assistance. Le « rêve d'exporter » paraît un cauchemar... La télé change vite de sujet et montre deux imams misogynes. Sur la place, un jeune homme s'énerve : « Vous faites quoi là ? vous regardez la télé ! on s'en bat les couilles, on part en manif ! »

« Pas de violence ! »

Il sera exaucé un moment plus tard quand l'assistance partira en défilé à travers les rues du centre-ville vers 21 heures. Le cortège atteindra près de 300 personnes, ralentira la circulation sur le pont Robert-Schwint. Place Bacchus, un grand jeune homme cagoulé tentera de mettre le feu à une poubelle récupérée rue du Petit-Battant. Plusieurs manifestants l'en empêcheront et une brève échauffourée s'en suivra : « pas de violence », lui intimeront-ils.
Passant aux abord des terrasses de café, rue Courbet, rue Battant, place Jouffroy d'Abbans ou rue Claude-Pouillet, le cortège suscite le plus souvent des échanges de sourire, voire des encouragements. Mais malgré le slogan « Besac, debout, soulève-toi », les consommateurs restent à leurs conversations...

De retour place Granvelle, l'agora se reforme et qui veut s'exprimer prend le micro. Chaque propos est écouté avec attention. Une lycéenne explique qu'un tract est en préparation pour la rentrée, qu'une assemblée générale est programmée pour mercredi 27 avril à Pergaud et qu'une page Facebook a été créée. Une étudiante en licence témoigne travailler l'été comme saisonnière « 13 heures par jour mais pas les jours de pluie... » Une trentenaire s'approche : « quel que soit l'âge, on ne doit jamais dire oui quand on se fait abuser ».

« Levez les yeux et sentez comme c'est bon d'exister »

Un homme jeune prend le micro : « il faut continuer à les faire chier en étant visibles ! » Un étudiant arrive pour lire des messages écrits que ceux qui n'osent pas parler en public ont glissés dans une boîte. En vrac : « je voudrais un appartement, du travail et la vérité » ; « pour un monde libre et heureux, aimez-vous, faites de la musique et si vous ne savez pas jouer, écoutez en » ; « levez les yeux et sentez comme c'est bon d'exister »...

Une jeune femme avoue que c'est sa première manifestation : « c'est important d'être ensemble, c'est comme ça qu'on arrivera à les faire changer d'avis ». Un lycéen de Mouchard suggère « d'aller vers les gens partout ». Un jeune homme aux cheveux très long constate : « on parle beaucoup de la jeunesse, mais il faut aussi toucher les vieux ». Dans l'auditoire, quelqu'un lâche en riant : « on dit les moins jeunes ! »

Une jeune femme est très applaudie en évoquant les migrants, notamment l'un d'eux parmi l'assistance : « il a traversé la Lybie, pris le bateau, est arrivé à Lampedusa, traversé l'Italie... Demain ou dans trois mois, il peut être ramené en Italie car c'est là qu'il a laissé ses empreintes... »

Un vote contre le TAFTA

Un étudiant parle des médias indépendants, de « Bastamag relaxé » après avoir été assigné par Vincent Bolloré pour une enquête sur ses activités africaines. Cette nuit debout est couverte par trois médias indépendants : L'UtopikRadio Bip et... Factuel.info. Un jeune homme vient lire une « lettre de Grèce ». Une femme travaillant en libéral prend la parole : « j'ai travaillé 50 heures par semaine, je ne souhaite à personne de le faire, n'oubliez jamais cette lutte... »

« Arrêtons de nous diviser et de nous tourner le dos », recommande un étudiant. Quelqu'un vient parler d'un projet de ZAD aux Vaîtes, ce quartier excentré de Besançon, aujourd'hui dédié au maraîchage, mais menacé par un projet d'éco-quartier :« on pourrait les inviter ici, qu'on fasse de cette assemblée citoyenne un espace d'expression... »

On est insensiblement passé des témoignages aux questions politiques. Voici présenté le TAFTA, ou grand marché transatlantique, que certains dans l'assistance ne connaissent pas. Il est résumé à trois ou quatre voix, puis l'assemblée se prononce par un vote contre le projet. Quelqu'un vient déplorer l'adoption par le parlement européen de la directive sur le secret des affaires.

 Un jeune homme propose un atelier de réécriture de la constitution comme cela s'est fait ici et là dans le pays. Il invoque la réflexion d'Étienne Chouard. Le nom de cet enseignant qui fut en pointe du débat sur le référendum de 2005 fait bondir une jeune fille : « pas d'accord pour Chouard qui est avec Soral ». Sébastien l'appuie : « on ne discute pas avec les fachos ». Ils sont contredits par un jeune homme : « accepter la discussions avec les personnes n'est pas forcément accepter leurs idées ». 

La lecture du poème de Jacques Prévert La Grasse matinée vient apporter une once d'émotion au cœur de la nuit...
On écoute, plutôt sagement, le président de la république à la télé... mais le retransmission est hachée car le réseau n'est pas terrible et la wifi payante...

 

Un petit tour par Battant et la Place Jouffroy

 

Rue Claude Pouillet... Dans les bars, clients et serveurs sont enthousiastes...

 

« C'est l'article 35 de la déclaration des droits de l'homme »... de 1793.

 

Sans commentaire

 

François Hollande... 

 

Forum : qui veut le micro prend la parole, d'une phrase à trois minutes...

 

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