« Pas de violence ! »
De retour place Granvelle, l'agora se reforme et qui veut s'exprimer prend le micro. Chaque propos est écouté avec attention. Une lycéenne explique qu'un tract est en préparation pour la rentrée, qu'une assemblée générale est programmée pour mercredi 27 avril à Pergaud et qu'une page Facebook a été créée. Une étudiante en licence témoigne travailler l'été comme saisonnière « 13 heures par jour mais pas les jours de pluie... » Une trentenaire s'approche : « quel que soit l'âge, on ne doit jamais dire oui quand on se fait abuser ».
« Levez les yeux et sentez comme c'est bon d'exister »
Un homme jeune prend le micro : « il faut continuer à les faire chier en étant visibles ! » Un étudiant arrive pour lire des messages écrits que ceux qui n'osent pas parler en public ont glissés dans une boîte. En vrac : « je voudrais un appartement, du travail et la vérité » ; « pour un monde libre et heureux, aimez-vous, faites de la musique et si vous ne savez pas jouer, écoutez en » ; « levez les yeux et sentez comme c'est bon d'exister »...
Une jeune femme avoue que c'est sa première manifestation : « c'est important d'être ensemble, c'est comme ça qu'on arrivera à les faire changer d'avis ». Un lycéen de Mouchard suggère « d'aller vers les gens partout ». Un jeune homme aux cheveux très long constate : « on parle beaucoup de la jeunesse, mais il faut aussi toucher les vieux ». Dans l'auditoire, quelqu'un lâche en riant : « on dit les moins jeunes ! »
Une jeune femme est très applaudie en évoquant les migrants, notamment l'un d'eux parmi l'assistance : « il a traversé la Lybie, pris le bateau, est arrivé à Lampedusa, traversé l'Italie... Demain ou dans trois mois, il peut être ramené en Italie car c'est là qu'il a laissé ses empreintes... »
Un vote contre le TAFTA
Un étudiant parle des médias indépendants, de « Bastamag relaxé » après avoir été assigné par Vincent Bolloré pour une enquête sur ses activités africaines. Cette nuit debout est couverte par trois médias indépendants : L'Utopik, Radio Bip et... Factuel.info. Un jeune homme vient lire une « lettre de Grèce ». Une femme travaillant en libéral prend la parole : « j'ai travaillé 50 heures par semaine, je ne souhaite à personne de le faire, n'oubliez jamais cette lutte... »
« Arrêtons de nous diviser et de nous tourner le dos », recommande un étudiant. Quelqu'un vient parler d'un projet de ZAD aux Vaîtes, ce quartier excentré de Besançon, aujourd'hui dédié au maraîchage, mais menacé par un projet d'éco-quartier :« on pourrait les inviter ici, qu'on fasse de cette assemblée citoyenne un espace d'expression... »
On est insensiblement passé des témoignages aux questions politiques. Voici présenté le TAFTA, ou grand marché transatlantique, que certains dans l'assistance ne connaissent pas. Il est résumé à trois ou quatre voix, puis l'assemblée se prononce par un vote contre le projet. Quelqu'un vient déplorer l'adoption par le parlement européen de la directive sur le secret des affaires.
Un jeune homme propose un atelier de réécriture de la constitution comme cela s'est fait ici et là dans le pays. Il invoque la réflexion d'Étienne Chouard. Le nom de cet enseignant qui fut en pointe du débat sur le référendum de 2005 fait bondir une jeune fille : « pas d'accord pour Chouard qui est avec Soral ». Sébastien l'appuie : « on ne discute pas avec les fachos ». Ils sont contredits par un jeune homme : « accepter la discussions avec les personnes n'est pas forcément accepter leurs idées ».