Débrayage dans les hypermarchés de Noël

« Il y en a qui parlent de la fin du monde, nous de la fin du mois... » Comme plusieurs dizaines de ses collègues, Bruno Mateu a participé au mouvement national de débrayage d'au moins une heure lancé par la seule CGT.

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« Il y en a qui parlent de la fin du monde, nous de la fin du mois... » Bruno Mateu, délégué syndical CGT à Carrefour-Chalezeule, l'un des trois hypermarchés de l'agglomération bisontine, a le mot pour rire mais pas forcément le coeur à se réjouir. Comme plusieurs dizaines de ses collègues de Géant Casino à Chateaufarine et de son magasin, il a participé au mouvement national de débrayage d'au moins une heure, ce vendredi 21 décembre, pour « les salaires, l'emploi et les conditions de travail ». Réceptionnaire, il vide les camions dès 3 heures du matin : « J'ai 32 ans de boîte et je suis à 1.400 euros net. On demande 1.700 euros minimum... »
Gagnant 1.200 euros pour 34 heures par semaine, 
« peut-etre 1.400 euros avec les primes », Eliane est assistante de caisse, « en fait assistante d'ordinateur », sourit-elle. Elle met l'accent sur « les restrictions de personnel, pas pour Noël où on a des petites jeunes, mais l'été dernier ils n'ont pas remplacé les vacances. Les files d'attente des clients étaient grandes, forcément on subit ». Mine de rien, cela fait une pression difficile à supporter : « Il suffit qu'on soit peu nombreuses et les clients énervés s'en prennent à nous quand il manque un prix. C'est plusieurs fois par jour. L'agressivité arrive, mais elle est rare... On doit surveiller, encaisser, annoncer le montant... J'ai 30 ans d'ancienneté, je prends tout ça avec philosophie, mais des peites jeunes craquent en caisse... Heureusement, la plupart des clients sont quand même gentils... »
Avec ses 6 ans d'ancienneté, Julien, réceptionnaire, n'a plus droit à l'ancienneté sur laquelle peuvent compter Eliane ou Bruno. Le passage de 340 emplois à 258 en quelques années, il en constate les conséquences dans les rayons pas toujours approvisionnés : «  Je vois comment le personnel galère... Quand je pense aux actionnaires qui touchent des millions et ne sont pas fichus de nous augmenter un peu... » Aurore Machut, déléguée du personnel et au comité d'entreprise, est vendeuse en électroménager : « On est obligé de réaliser du chiffre au quotidien en vendant des produits et des services sur lesquels ont est provisionnés, dans la grille nos salaires sont plus bas que certains employés, mais on a cette part variable... »
Combien des quelque 25.000 employés de commerce du Doubs auront-ils participé à ce mouvement ? Sans doute quelques centaines, mais cela ne décourage pas François Gaugy, responsable départemental du syndicat CGT du commerce et des services : « Quand on a commencé, il y a 6 ans, nous étions trente... Aujourd'hui, nous sommes 220 syndiqués dans 27 entreprises. Il y a environ 40% de temps partiels gagnant 600 à 700 euros, ce n'est pas évident de se syndiquer dans ces conditions ».
Sylvie Vauchoux, référente régionale de l'organisation pour la Bourgogne et la Franche-Comté travaille dans une caisse automatique à Géant-Chateaufarine. Le 19 décembre, elle était de la délégation CGT qui a participé à la négociation annuelle obligatoire dans la branche avec la FCD, la fédération du commerce et de la distribution : « On a eu + 1,9% en tenant compte des 0,3 pour le smic... »

 

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