« Combien de plaintes Razia aurait-elle dû déposer encore ? »

Dans un communiqué, Solidarité-Femmes de Besançon établit la longue liste des démarches entreprises par la jeune femme assassinée... La présidente de l'association, Christine Perrot, répond point par point à la version présentée par le parquet et la police. Edifiant.

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Christine Perrot, la présidente de Solidarité-Femmes-Besançon qui hébergeait Razia et deux de ses enfants, ne décolère pas. Au lendemain de la conférence de presse du procureur de la République et du directeur départemental de la sécurité publique, elle taille en pièces leurs affirmations et souligne leur « aveu d'impuissance ».

A l'analyse du chef du parquet qui s'appuie sur le principe de présomption d'innocence pour dire qu'il ne poursuit que s'il est sûr de la culpabilité d'un mis en cause, en l'occurrence Rafid alors qu'il n'était encore que visé par des plaintes pour violences conjugales, Mme Perrot s'insurge : « ils ne travaillent qu'en flagrance alors ! Il faut entendre la parole des femmes et de celles qui les accompagnent ».

Elle reproche à la police qui met en avant des vidéos non probantes de « ne pas avoir lu l'ordonnance de protection » établie par le juge aux affaires familiales qui interdisait non seulement le contact du mari avec son épouse, mais aussi du père avec ses enfants. « Il n'était pas légitime à demander un contact », affirme-t-elle en réponse au procureur qui disait le contraire.

D'ailleurs, l'insistance de Rafid, « convaincu de son droit », à tenter de voir ses enfants à l'école a eu la désastreuse conséquence de leur déscolarisation pendant trois mois. Elle a aussi un autre résultat délétère : « de nombreuses femmes que nous accompagnons réagissent en nous disant : ça sert à quoi une ordonnance de protection si on se fait quand même togner ? »

Quant à la prétendue ambiguïté de la vidéo montrant des échanges entre Razia et Rafid, la présidente de Solidarité-Femmes l'assure : « Que Razia soit véhémente montre qu'elle n'était pas résignée... »

Christine Perrot prend enfin une certaine hauteur d'analyse en faisant une distinction entre une pure approche psychologique de la violence conjugale, qui montre ses limites, et une analyse et un travail sociologiques intégrant les dimensions culturelle, économique et sociale des relations entre les sexes. C'est ce qui lui fait considérer qu'il y a aussi nécessité de structures d'accompagnement et d'accueil pour les hommes violents...

 

 

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