Chris Marker : être là où il faut (première partie)

Chris Marker a suivi les grands mouvements politiques du monde depuis un siècle. Il était là avant tout le monde, caméra au poing puisqu’en 1967, il arrive à Besançon pour filmer la longue grève de la Rhodia...

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Comment le cinéma peut-il pressentir ce qui va éclore ou ce qui va transformer la société ? Comment le cinéma peut-il avec le regard qu’il porte sur le monde être en avance et avec le flot des images, parler de la beauté des militants,  de la pauvreté, de la dignité des opprimés, des poings levés et des révoltes ? Que retenir du cinéma et de mai 68 ?

Difficile d’être exhaustif à l’aune de l’Histoire du cinéma. De ne pas oublier dans un de ses replis, un cinéaste, une œuvre unique ou une expérience collective. Néanmoins une tentative d’approche de 1968 sur le plan cinématographique offre d’abord un détour sur l’œuvre du cinéma Chris Marker au regard des liens qu’il entretiendra avec la vie ouvrière de Besançon.

Chris Marker et l’engagement

Avant de raconter l’histoire du cinéma militant de Besançon, il semble nécessaire de parler de Chris Marker, un des premiers cinéastes  à avoir su capter la réalité politique et à la rendre visible à nos yeux bien avant 68.

A l’opposé du reportage télévisuel ou cinématographique, Chris Marker a toujours allié un regard aiguisé sur ce qu’il filme et une voix off au rythme saccadé, signature de son style et de son approche des événements mondiaux.

Dans « Lettre de Sibérie » en 1958, un documentaire sur la Sibérie Soviétique, le cinéaste mêle avec ironie humour et pertinence ; lors d’une  même séquence reprise trois fois dans la même rue d’Irkoutsk, Chris Marker propose trois interprétations différentes en voix off, offrant aux spectateurs diverses possibilités d’interprétation et les clefs d’une  manipulation possible des images. Ainsi conclut le commentaire : « Les mots peuvent faire dire tout ce qu’on veut aux images ».

Etre là avant tout le monde

Dès 1961, sa caméra saisit sous la forme de carnets de voyage la mutation de certains pays (à l’instar du Cuba révolutionnaire) jusqu’à ses premiers travaux historiques tels Le Joli mai où il  quitte son interprétation personnelle pour se tourner vers le cinéma direct, un cinéma dénué d’effets visuels et sonores pour transmettre la réalité. A Paris, en mai 1962 la guerre d’Algérie vient de se terminer avec les accords d’Evian. En ce premier mois de paix, à quoi pensent les Parisiens ? Le film est un puzzle de témoignages sur les espoirs et les angoisses de la France à l’aube des années 60.

On le retrouve en 1967 dans un travail collectif signé avec Jean-Luc Godard et Joris Ivens sur le film Loin du Vietnam. Il s’agit pour ces cinéastes de présenter de sept façons différentes, les armées nord-vietnamiennes en pleine guerre contre les Etats-Unis. 

Chris Marker a suivi les grands mouvements politiques du monde depuis un siècle. Témoin des espoirs et des tragédies, des utopies et des révoltes, il a su capter les changements et presque parfois les anticiper avec une caméra attentive et engagée.

Chris Marker était là avant tout le monde, caméra au poing puisqu’en 1967, il arrive à Besançon pour filmer la longue grève de la Rhodia.

A suivre…

 

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