Besançon : le campement d’Arène dans une situation sanitaire critique

L'expulsion du Bol d'R a aggravé la situation de la vingtaine de migrants qui se succèdent régulièrement sous le vieux préau. Le site manque d'eau et de sanitaires que SolMiRé a demandé, en vain, à la ville d'installer. Le service hygiène-santé est récemment intervenu pour chasser les rats... L'association a demandé au préfet de rappeler au maire ses obligations...

arene

Le Bol d'R a fermé, mais le campement de migrants de la place d'Arène est toujours là. Une vingtaine de personnes y dorment sous les tentes fournies par le collectif SolMiRé qui persiste à leur apporter une aide humanitaire. Outre des abris de toile, il s'agit de bois de chauffage,  de vivres, d'eau, de biens de première nécessité, a notamment écrit le collectif au préfet du Doubs le 13 septembre.

A la lecture de cette lettre, on réalise que la situation des migrants est toujours aussi précaire. Les personnes sont toujours « en attente de la prise en charge à laquelle elles ont droit, d'un rendez-vous en préfecture ou d'une décision concernant leurs démarches en cours ». La situation de certains migrants est parfois très difficile. Le collectif signale ainsi celle d'une famille bosniaque dont un membre de 24 ans, amputé des deux jambes à la suite d'un accident, est en fauteuil roulant : « il a dormi plusieurs semaines au campement dans des conditions inacceptables avant que la famille soit finalement hébergée ». Ayant accepté l'aide au retour en Bosnie, elle devait repartir ce jeudi 20 septembre.

Une jeune femme vivant au campement suivait une dialyse un jour sur deux au CHU. Elle a dû être hospitalisée en raison d'une infection : « les conditions d'hygiène précaire auraient pu lui coûter la vie », mentionne la lettre.

Le retour des dublinés...

Les situations des migrants vivant ou se succédant au campement sont sans surprise les mêmes qu'il y a plusieurs mois, un an ou davantage. Une famille bosnienne avec trois enfants a accepté l'aide au retour et doit repartir le 27 septembre. Certains campeurs sont des « dublinés n'ayant pas été pris au PRAHDAProgramme d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile de Valentin ». D'autres dublinés, renvoyés il y a plusieurs semaines ou mois dans le pays où ils sont entrés dans l'espace Schengen, n'y ont pas été acceptés et sont revenus...

Il y a également « cinq ou six jeunes dont des mineurs non reconnus comme tels par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) », explique Thierry Lebaupin, militant de SolMiRé. « L'ASE ne fait plus de tests osseux, mais prend sa décision en fonction du comportement du jeune ou des réponses aux questions posées. L'un est jugé agressif et ne pouvant pas être mineur : il a été convoqué devant trois personnes qui le harcelaient de questions auxquelles il n'avait pas le temps de répondre... »

Des occupants du campement pourraient se retrouver en situation délicate. Une famille a ainsi été « déboutée de tout ». Un demandeur d'asile refuse d'aller au PRAHDA de Valentin : « on lui dit que s'il n'y va pas, il risque de perdre toute aide », explique le militant.

Plusieurs semaines avant d’avoir le droit de se rendre à l'accueil de jour

La situation sanitaire du site n'est pas terrible. Elle s'est même aggravée avec la fermeture du Bol d'R après le jugement d'expulsion du printemps. Le local avait une cuisine, une douche et des toilettes, un lave-linge... SolMiRé a demandé à la ville d'installer des toilettes : pas de réponse. Conséquence, « les gens vont faire leurs besoins dans les buissons... » Le service hygiène-santé de la ville s'est cependant déplacé en raison de la présence de rats.

« Il revient pourtant à notre mairie de fournir un accès à l'eau potable et à des sanitaires», explique SolMiRé en invoquant le code la Famille et en demandant au préfet de rappeler au maire ses « obligations ». Certes, l'accueil de jour de la Boutique Jeanne Antide offre un espace « pour manger, se laver, laver leur linge et trouver un espace de jeu pour les enfants », mais les migrants doivent toujours « attendre plusieurs semaines avant d’avoir le droit de s'y rendre ».

On le constate, pas grand chose n'a changé. Si, peut être le fait que la ville ne semble plus songer à évacuer le campement. Pour l'heure, SolMiRé, qui n'a pas coupé les ponts avec la préfecture, s'estime « utilisée » par elle : « elle sait qu'il y a un campement, et on fait leur boulot », dit un bénévole soulignant que l'association remplit toujours un rôle d'information. Même auprès de « personnes hébergées au PRAHDA qui nous demandent des informations qu'on ne leur donne pas au PRAHDA... » A tel point qu'une médiation a été demandée à la direction régionale d'Adoma, le gestionnaire.

Une petite et partielle lueur d'espoir s'est cependant allumée pour SolMiRé : l'association est en discussion pour avoir un nouveau local en centre-ville. Mais sans les services ni la proximité avec le campement d'Arène qu'assurait le Bol d'R...

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