Besançon : la MSHE inaugurée sous protection policière

La Maison des sciences de l'homme et de l'environnement fédère seize laboratoires et sanctuarise plus de 30 ans de recherche interdisciplinaire. Ce haut lieu des sciences sociales, terreau de la contestation estudiantine et de la pensée critique, s'est ouvert en filtrant les entrées...

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« Dans un monde tourmenté, les sciences humaines et sociales sont plus que jamais nécessaires », a affirmé le président de l'université de Franche-Comté, Jacques Bahi, en inaugurant la Maison des sciences de l'homme et de l'environnement, 18 ans après que le projet eut été initié par son prédécesseur Claude Oytana dans le cadre du plan U3M du ministre Claude Allègre. La présidente de région Marie-Guite Dufay dira quasiment la même chose : « on a souvent tendance à mettre de côté les sciences humaines et sociales, mais face à la complexité du monde, elles sont indispensables ».

En fait, cela faisait alors plusieurs années que ce qui allait devenir la MSHE était sur les rails. Car dès les années 1980, des chercheurs en sciences humaines et sociales de Besançon pratiquaient la pluridisciplinarité. « On avait un groupe de techniques nouvelles en sciences de l'homme, dirigé par Pierre Lévêque », se souvient l'économiste Jean-Jacques Girardot. Il y avait aussi le linguiste Claude Condé, la mathématicien Jean-Philippe Massonie, l'historien François Favory... « On était ensemble pour avoir des salles, mais aussi avec une problématique d'orientation de la recherche. La MSHE a été imaginée pour porter des projets impliquant plusieurs laboratoires... Ce que les élus ont dit pendant l'inauguration, c'est ce qu'on disait il y a vingt ans... »

« Synergie des volontés » dans la bouche du maire et président de l'agglo Jean-Louis Fousseret. Il parle aussi de « ponts entre l'enseignement supérieur et la recherche », ce qui lui aurait sans doute valu quelques sifflets sans le cordon filtrant de la police, en tenue et en civil, et d'une société de sécurité. Car cette inauguration a eu lieu sous bonne garde destinée à maintenir à distance une vingtaine de manifestants réclamant la démission de Bahi dans le prolongement du conseil d'administration de l'université tenu le matin même au rectorat après le report de la session du 14 février.

La seule MSH avec le E d'environnement

De fait, la MSHE est une « structure fédérative » entre seize laboratoires de l'université et du CNRS, explique son directeur Philippe Barral, enseignant-chercheur en proto-histoire. Il travaille notamment sur les Celtes ayant peuplé l'actuel territoire régional, les mutations économiques qu'ils ont conduites ayant débouché sur « les premières villes ». Il a notamment à s'occuper d' « administration de la recherche » : « les chercheurs viennent ici pour pour développer leurs projets, utiliser des équipements. Un objectif est de candidater à des projets ANR, voire ERC. On fournit ce qui ne peut pas être acheté par un labo seul, des équipements de haut niveau, comme des moyens de télédétection... »

Un bel amphi lumineux...

Philippe Barral insiste sur le « rôle d'incubateur à projet » de la MSHE consistant à « faire émerger des thématiques nouvelles » en « s'appuyant sur des doctorants dans le cadre de thèses ». Un exemple ? « Un doctorant en archéologie s'intéresse à la simulation 3D pour développer des outils de visualisation des sites archéologiques. Cela passe par des technologies numériques... » 

Le E de la MSHE est enfin la particularité bisontine. Des 22 Maisons des sciences de l'homme, celle-ci est la seule à intégrer les sciences de l'environnement aux sciences humaines. C'est notamment dû à la présence des laboratoires Thema et Chrono-Environnement au côté de laboratoires de psychologie, de sociologie, de linguistique, de droit, d'économie, d'histoire, etc.

L'histoire justement, l'architecte Adelfo Scaranello a voulu s'en servir : « on a utilisé l'histoire du lieu, en travaillant le bâtiment, en montrant son fonctionnement par stratification... Par exemple, les réseaux sont apparents pour donner une idée des flux... Sur un terrain vierge, on aurait sans doute fait de l'expérimentation... » Pourquoi les piliers sont-ils bruts ? « Si on livre un bâtiment avec du placo et de l'enduit, personne ne s'interroge sur rien... »

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