Besançon : la fac de lettres et sciences humaines se sent méprisée

Plus de 500 étudiants et enseignants ont tenu jeudi leur seconde assemblée générale de la semaine après un vote du conseil d'administration de l'université de Franche-Comté réduisant les moyens d'enseignement. Leur mobilisation prévoit plusieurs actions dont une exécution symbolique de leur fac...

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« Aucune suppression de postes. Aucune suppression de diplômes, filières, parcours. Aucune suppression d'heures de cours. Financement à la hauteur des besoins et de l'augmentation annuelle des étudiant-e-s. Refus de modifier les maquettes. » Les plus de 500 étudiants et enseignants réunis ce jeudi pendant près de trois heures dans le vieil amphithéâtre Donzelot de la fac de lettres et sciences humaines ont débattu, souvent argumenté, parfois palabré. Ils ont fini par adopter à une très large majorité ces mots d'ordre en préparation d'une série d'actions.

Ils ont voté une bonne part des dix-sept propositions venant de la salle tandis que les quatre volontaires d'une tribune, approuvée en début de séance, notaient les mains levées, distribuaient les prises de parole, écrivaient les projets au tableau. Il y eut des présentations, des demandes d'explication, des modifications, des pistes abandonnées et d'autres reportées, certaines fusionnées, des urgences proclamées, des embryons d'analyses. Bref, des débats dans un climat de respect et d'écoute qui avaient la saveur de la démocratie et de l'improvisation débouchant sur du concret.

Plus d'étudiants, moins d'heures de cours !

Car c'est bien une réponse concrète que ce petit monde en ébullition entend apporter aux votes du conseil d'administration de l'université qu'il prend comme autant d'attaques contre les lettres et les sciences humaines. Alors que ces filières ont enregistré 10% d'étudiants supplémentaire, elles verraient leurs heures de cours passer de 68.000 à 52.000. Les conséquences sont une diminution de quatre semaines par an pour les premières années de licence, de deux semaines pour les deuxièmes années, des menaces pour l'italien, le russe, la musicologie et le traitement automatique des langues. Dix postes sont gelés, des menaces pèsent sur d'autres filières.

Cela a conduit à une première assemblée mardi 22 novembre, suivie d'une irruption de plusieurs centaines d'étudiants et d'enseignants au siège de la présidence de l'université où se tenait le conseil d'administration qui a été interrompu. Il a reçu une délégation en échange du retrait de l'occupation. L'AG de ce jeudi commence par un débriefing. Des profs déplorent l'attitude agressive de « cinq ou six étudiants » et rappellent les « décisions de calme de l'AG ». Plusieurs étudiants dénoncent quelques coups de matraques de la police. Tout le monde est bien d'accord : « on a bien fait d'y être allé, il faut un rapport de force, sinon on n'est jamais entendu », résume une enseignante.

Un recul qui n'en est pas vraiment un

Elu au CA, Christian Viéron-Lepoutre (Snasub-FSU) explique ce qu'il a vécu : « J'étais bloqué, quand j'ai enfin pu entrer, le CA avait commencé... Ils sont seulement gestionnaires. A nos arguments sur la formation, ils répondent qu'ils gèrent les deniers de l'Etat. Notre président ne réclame rien, il a le doigt sur la couture... » Il explique que le projet présenté par Jacques Bahi, le président de l'université, a recueilli une majorité de 18 voix, face à 3 abstentions et 12 contre. Ce résultat semble avoir été plus serré que s'il n'y avait pas eu d'interruption du CA.

La poursuite de la mobilisation a conduit à une rencontre, ce jeudi, entre des représentants de SLSH et la présidence de l'université. Le compte-rendu en a été fait à la fin de l'AG : « Toutes les formations sont maintenues, assumées par la COMUECommunauté d'universités et d'établissements Bourgogne-Franche-Comté, mais il n'y a rien sur le budget ». Autrement dit, le recul n'en est pas vraiment un et « le président veut des économies formation par formation ».

La nouvelle a évidemment incité au redoublement de la détermination de l'AG à poursuivre ses actions. La période des fêtes sera mise à profit pour aller à la rencontre des Bisontins, notamment des commerçants qui devraient vite comprendre que moins de présence étudiante en centre-ville peut faire quelques dégâts économiques. Des manifestations spectaculaires sont envisagées comme une « simulation d'exécution » de la fac de lettres. Il est également question d'établir des liens avec les facs d'économie-droit-gestion et de sciences qui sont soumises à un régime analogue. Le conseil municipal de Besançon devrait être sollicité pour qu'il adopte une motion, ainsi que le rectorat, représentant de l'État.

Le temps presse, un nouveau conseil d'administration est programmé le 16 décembre. Et une nouvelle assemblée générale mardi 29 novembre.

 

 

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