Ambulanciers : le mouvement né à Besançon fera-t-il tâche d’huile ?

En grève depuis le 11 septembre les salariés de Jussieu ont été rejoints par leurs collègues de Vauban avec qui ils ont défilé en tête du cortège contre les ordonnances. Des ambulanciers de Pau ont rejoint le mouvement que des Belfortains s'apprêtent à rallier lundi... Tous veulent changer un accord-cadre national qui permet de les payer 75 à 90% de leur temps de travail...

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Ils sont en grève depuis le 11 septembre. Le premier jour, les ambulanciers de Jussieu-Besançon étaient quatorze, ils ont été un peu moins quelques jours plus tard, là ils sont vingt-et-un sur un effectif montant jusqu'à quarante. Comme lors de la première journée d'action contre les ordonnances, ils sont en tête de cortège, mais ils ne sont plus seuls. Ils ont été rejoints par une dizaine d'ambulanciers de la société Vauban. « Il ne faut plus parler de Jussieu, mais d'ambulanciers de France », explique le porte-parole auto-proclamé de cette entreprise qui emploie une vingtaine d'ambulanciers.

Car le mouvement initié il y a dix jours par les Jussieu de Besançon (l'enseigne a un réseau de 60 sociétés en France) pourrait bien faire tâche d'huile et s'étendre à une profession exercée par 58.000 personnes dans le pays. Des mouvements sont par exemple signalés à Pau. A Besançon, deux des quatre entreprises du secteur ont été réquisitionnées par la préfecture le week-end dernier car la grève des ambulanciers de Jussieu a commencé à gripper la machine. « On voit que ça réagit, c'est pour ça qu'on continue », explique le responsable de la communication du mouvement.

Convention collective du transport... routier !

Les autorités ne sont pas les seules à réagir. Une vidéo expliquant sur Facebook les raisons de la grève a fait « 13.000 vues en douze heures et on a reçu 700 messages ». En fait, la colère n'est pas propre à Besançon. Elle se focalise contre un accord cadre national datant de 17 ans qui permet de ne pas rémunérer des temps d'attente. Le plus curieux est que cet accord relève de la convention collective du transport routier, et non du secteur sanitaire. En semaine, les ambulanciers sont payés sur la base 90% du temps de travail, le week-end, la nuit et les jours fériés sur la base 75% avec une prime de 8,03 euro par nuit (pour les repas)...

« On a essayé de négocier, mais ça n'a pas marché, alors on fait grève aujourd'hui », explique Amar Bourek, le délégué du personnel de Vauban où le mouvement revendique n'avoir « aucune étiquette syndicale ». Pour les grévistes de Jussieu-Besançon, le soutien logistique et moral des syndicats du CHU est des plus précieux.

Locaux et conseils sont forts utiles à ces salariés qui se réunissent chaque jour pour prendre eux-mêmes en charge un mouvement lancé par la CGT. « On avait fait grève il y a quatre ans, mais on n'avait pas eu de résultat, et là le mouvement se généralise : lundi, une entreprise de Belfort sera en grève, on ira manifester avec eux », explique un salarié.

« On fait partie de la chaîne des soins »

Les ambulanciers ont en effet intérêt nationaliser leur lutte s'ils veulent négocier un nouveau cadre contractuel. Celui-ci leur semble légitime car le métier a évolué. Du certification de capacité ambulancier (CCA), il est passé à un diplôme d'état avec validation par des professionnels de santé : « pour 1450 euros net en début de carrière, on est responsable du véhicule, de l'équipe et du patient, on fait partie de la chaîne des soins et le transport ne représente plus que 10% du travail. Même l'ARS qu'on a vu ce matin est d'accord. On changera cet accord national sous la pression », explique ce salarié dont la rémunération hors prime est de « 1330 euros pour 190 à 200 heures par mois ».

Outre la revendication d'être payés pour le temps de travail effectif, celui dont la jurisprudence dit qu'il s'agit du temps passé « à la disposition de l'employeur », les ambulanciers considèrent que les entreprises en ont les moyens : « elles majorent le prix des transports de 50 ou 75% en raison des dépassements de temps, et perçoivent une prime de 346 euros pour douze heures de garde de la part de la CPAM pour mise à disposition de deux salariés : c'est largement suffisant pour nous payer à 100% ».

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