La SEM Futura a perdu 1,6 million d’euros depuis 2008

Créée en 2007 dans le Pays de Montbéliard, recapitalisée en 2009, la SEM Futura n'a pas touché pendant 18 mois les loyers de R&D Moteurs, une société de test et d'essai de moteurs thermiques dont elle détient 9,45% du capital.

Créée en 2007 à l'initiative de PMA (la Communauté d'agglomération du pays de Montbéliard), la Société d'économie mixte Futura est dans le rouge. Cette SEM basée à Etupes, appuyant notamment le Pôle véhicule du futur, a perdu plus de 1,6 million d'euros entre 2008 et 2013. « Elle a failli être liquidée l'an dernier », a expliqué vendredi au conseil régional, le premier vice-président Denis Sommer qui est l'un des trois administrateurs représentant la collectivité. Laquelle était appelée à se prononcer sur le rapport d'activité 2013 de la SEM.

La liquidation n'aurait pas manqué d'interpeller. Car les collectivités territoriales détiennent 2,8 des 3,6 millions d'euros du capital social de la SEM Futura, recapitalisée en 2009 pour plus de 2,5 millions d'euros. Les soucis financiers de la SEM Futura ont été aggravés par les difficulté de la société R&D Moteurs dont elle détient 9,45%, et qui est surtout locataire de l'atelier que la SEM a construit pour elle.

Analyse des gaz, soufflerie, pot vibrant...

Parmi les actionnaires privés de la SEM Futura, figurent notamment Faurecia et Fam-Automobiles.
Les actionnaires publics sont, outre PMA et le Conseil régional, le Conseil général du Doubs, la Chambre de commerce et d'industrie du Doubs, la Caisse des dépôts.

R&D Moteurs n'a dû sa survie qu'à un gel des loyers pendant six trimestres. Créée en 2010, R&D Moteurs exploite le CEMBA, le centre d'étude et de modélisation de la boucle d'air, un projet à 8 millions d'euros quand il voit le jour en 2011. Il s'agit d'une installation ultra moderne de test de moteurs thermiques afin de tenter d'en améliorer les performances et l'économie de carburant. Ses matériels sont notamment des bancs moteur haute dynamique, un système d’analyse des gaz d’échappement, une soufflerie organe, un pot vibrant équipé d’une enceinte thermique et d’un générateur de gaz chaud... Or, la conjoncture économique est morose dans l'automobile.

Néanmoins, R&D Moteurs vient de « retrouver des marchés en diversifiant ses activités », complète Denis Sommer. Parmi ses clients figurent un leader et les contacts sont, explique l'élu, prometteurs avec Renault, Garrett ou Faurecia... L'imbrication capitalistique ressemble à une usine à gaz, le premier vice-président semble en convenir : « la Région avait alerté dès le départ quant au montage de la SEM qui investit à la fois sur l'immobilier et dans un outil de production, ce qui est discutable. Mais nous n'avons pas été écoutés. Si l'on avait davantage capitalisé l'entreprise, elle aurait pu avoir des subventions européennes (Feder) tout de suite... C'est un très bel outil, un des meilleurs en France et en Europe, il faut tout faire pour que l'expérience marche ».

« On ne va pas nous dire tous les ans : ce sera mieux l'année prochaine ! »

Expert-comptable de profession, Sylvie Vermeillet, pour l'opposition UMP-divers droite, n'a pas caché son « inquiétude en lisant le bilan ». Elle trouve « extrêmement optimistes » les prévisions de doublement des recettes en 2014 et de triplement en 2015, et se demande « comment il est possible que les charges financières baissent quand le remboursement de la dette est gelé ». Sous-entendu : il faut bien rémunérer les banques...

Marc Borneck (EELV) est tout aussi dubitatif : « nous avions émis de nombreuses réserves sur le projet initial. Sept ans après aucun résultat n'est au rendez-vous et la recapitalisation est énorme. On ne va pas nous dire tous les ans : ce sera mieux l'année prochaine ! »

Denis Sommer tente alors l'argumentation des « vrais enjeux sur le fond » : « pour les mobilités, les solutions pour réduire les gaz à effet de serre ne sont pas d'opposer un système contre un autre, mais des progrès pour l'ensemble des systèmes. Peut-être qu'on va vers une extinction, petit à petit, du moteur thermique, mais la recherche donne des résultats : on est passé pour une voiture moyenne de 7 litres aux 100 km à 4 litres... Ce projet est pertinent, mais il s'inscrit dans la crise et la réinternalisation des constructeurs... On a tous fait le diagnostic de Sylvie Vermeillet ».

Résultat du vote : les quatre élus FN qui n'ont rien dit votent contre, l'UMP et EELV s'abstiennent, le PS est le seul à voter pour.

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