25 ans après « arts et automobiles »

Installé à présent dans la haute vallée de l’Aube, Pierre Bongiovanni poursuit son activité de « performeur » vidéaste notamment. A la tête du Centre d'action culturelle de Montbéliard, il avait initié e 1987 l'exposition Art et Automobile. Il revient aujourd'hui sur sa vision de l'avenir de la voiture.

P1040860

Pierre Bongiovanni se souvient de la réponse rapide et favorable de Peugeot à la proposition d’exposition du Centre d’Action Culturelle de Montbéliard qu’il dirigeait en 1987. « Il s’agissait de l’expression artistique de la culture locale façonnée par l’industrie automobile, par Peugeot. » Installé à présent dans la haute vallée de l’Aube, Pierre Bongiovanni poursuit son activité de « performeur » vidéaste notamment. Il nous a fait part aussi de sa vision de l’avenir de l’automobile.

Quatre mois de représentation artistique de l'automobile dans l'aire urbaine
En 1987, la manifestation « arts et automobiles » a duré quatre mois et connu un accueil souvent difficile dans la population. Le projet de barrer une rue de Montbéliard avec « l’auto-barricade » a été refusé. La ville de Belfort, dans un contexte de rivalités politiques entre les socialistes Lang et Chevènement, a accepté. Mais la veille de l’inauguration un incendie a été provoqué contre l’installation. 
« La voiture était présentée comme un sujet de création artistique et non comme un sujet de dévotion. La chorégraphie avec les robots a été marquante : un règleur nous a rapporté l’anegdote selon laquelle il règlait les machines au mieux pour gagner un peu de temps, et les robots se mettaient à faire une sorte de geste-salut tous en même temps. La chorégraphie sur les chaînes de montage a fait naître un respect mutuel entre artistes et ouvriers. Cette exposition était très caractéristique de l’époque. Elle venait après le travail de la génération précédente, le directeur du CAC avant moi, Hurstel et d’autres. Ils étaient plus engagés à défendre les luttes ouvrières. Hurstel avait fait venir Armand Gatti qui avait travaillé sur la dignité des ouvriers immigrés. Nous voulions trouver un langage plus universel. Les luttes sociales étaient moins virulentes à cette époque. Mais l’exposition était aussi un moyen artistique de rendre hommage à l’histoire ouvrière. Aujourd’hui on se placerait peut être plus du côté des luttes. »

Les récents séjours de Pierre Bongiovanni à Taiwan lui ont fait percevoir que partout le développement industriel attente à la dignité ouvrière : « les fermetures et les délocalisations se passent partout de la même façon : dans le nord de la France, on a vidé des usines de textile en licenciant des milliers d’ouvrières du jour au lendemain. Ces usines sont parties à Taiwan d’où dix ans plus tard on a délocalisé de la même manière vers la Chine. La conscience ouvrière se constitue en Asie et le langage de lutte de certains ici est identique à celui d’autres là-bas. »

 L’avenir de l’automobile c’est la voiture à pédales ! 

Les propos de Pierre Bongiovanni se réfèrent à des travaux scientifiques. Ils sont étayés par des calculs rigoureux de la vitesse réelle ainsi que la prise en compte d'une « vitesse sociale » (lire l'article suivant)

« Certains ont montré que nos déplacements n’étaient pas plus rapides en automobile à cause de toutes sortes de contraintes associées. Les réflexes culturels d’il y a vingt ans, le progrès lié au prestige social permis par l’automobile, sont périmés. De plus on se nourrit d’illusions sur les différences de standing ou de technologies, de savoir-faire entre les voitures françaises, allemandes et asiatiques. Toutes sont au même niveau. Il y a à Taiwan des moyennes gammes très bien équipées. » Selon lui, les décisions à prendre pour l’automobile sont des décisions sur l’énergie. Ces choix énergétiques majeurs sont des choix politiques, des choix de civilisation. L’entretien d’une consommation sans limite, d’une production en ce sens est tragique. « Les consommateurs et les syndicats qui insistent avant tout sur le pouvoir d’achat sont responsables également. Le syndicalisme des premiers temps avait une vocation d’éducation populaire, de formation. Il est dommageable d’encourager principalement la consommation. »

« L’idée de la voiture de demain comme voiture à pédale est bien sûr une remise en cause radicale. Elle est aussi une piste sérieuse si l’on prend en compte tout ce que la technologie permet déjà : fibre carbonne pour les matéraiux, technologies de l’aéronautique, de manière à réduire la consommation d’énergie. »

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !