17 heures pour faire Grenoble-Lure en train

Dimanche 23 juin, le trajet en TER et TGV jusqu'à Belfort-TGV devait durer 5 h 34 avec deux correspondances à Lyon et Dijon. Un « problème de régulation » à Lyon a tout chamboulé. Soixante voyageurs ont été envoyés en car à Dijon où la gare était fermée à leur arrivée… La mésaventure est racontée par l'un d'eux, « défenseur des transports publics » qui s'interroge : faut-il encore sauver le service public ferroviaire ?

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Faut-il encore sauver le service public ferroviaire ?

Mésaventures d'un défenseur des transports publics de Grenoble à Lure…

Départ souriant dimanche soir à 17h22 de Grenoble. Plusieurs arrêts prolongés nous amènent à avoir plus d'une heure de retard.

1° insuffisance : Les informations sont données au compte-goutte et sont contradictoires. On n'explique rien sauf le mot bateau « de problème de régulation ».

2° Le pauvre contrôleur sympathique n'est informé de quasiment rien et sert difficilement de tampon : il subit le même mépris que les usagers. Finalement les employés deviennent fatalistes et perdent progressivement le sens du service public.

3° Plus le temps passe plus on nous invite à aller à l'accueil de Lyon Part Dieu mais sans information nous n'en savons pas plus ; rien n'est précisé dans le train pour les correspondances, les éventuelles possibilités…

4° Aspect intolérable, des TGV nous dépassent alors que notre TER est arrêté : il y a là un choix financier, au détriment des usagers des TER, donc une politique qui met à mal l'égalité du service public. S'il y a vraiment des problèmes de régulation, on devrait prendre dans l'ordre des blocages, quel que soit le type de train.

Lyon Part Dieu, le foutoir à l'accueil

Lyon Part Dieu, le foutoir à l'accueil : on traite les TGV surtout, mais les autres sont repoussés au fond de l'accueil : une centaine de personnes. Pour le Nord on nous propose finalement un bus pour Dijon. On nous pousse vers la gare routière, sans plus. Il sera prêt vers 20h45.

1° impossible d'avoir des aménagements depuis Lyon alors que ceux qui vont sur Mulhouse, Belfort, Besançon pourraient y avoir un train, je le sais on me l'avait proposé suite à un retard au même endroit lors de ma dernière visite à Grenoble : décidemment j'ai la poisse vers Bourgoin Jallieu, ou alors c'est un problème permanent. En fait on doit constater qu'on a refusé de traiter la plupart des cas individuels des TER.

2° après plusieurs demandes, toujours la même réponse : allez à Dijon on vous accueillera et aiguillera là bas. Bref une volonté de tout vider l'accueil sans s'occuper de la suite. Nous sommes plusieurs à avoir demandé qu'on prévienne Dijon, au guichet de l'accueil où on nous a affirmé que nous serions attendus et j'ai moi-même insisté fermement auprès de l'agent qui a assisté au départ de notre bus pour qu'il repasse un coup de fil, ce qu'il m'a dit vouloir faire.

3° le bus est direct, c'est déjà cela, mais on y obtient aucune information durant les deux heures de parcours, et donc le suivi annoncé devient rapidement illusoire. On nous a abandonnés.

Soit ils ont oublié de prévenir, soit ils nous ont menti en disant qu'ils le feraient…

Dijon : arrivée 23h environ.

1° Pas d'accueil, personne à l'arrivée du bus à la gare centrale. Une honte. Soit ils ont oublié de prévenir, soit ils nous ont menti en disant qu'ils le feraient… De toute manière c'est une nouvelle faute professionnelle et un grand mépris des usagers-clients.

2° Gare fermée, donc inaccessible, pourtant encore éclairée de l'intérieur. On frappe, on crie, personne… Une gare de grande ville fermée à 23 h : dans quel monde vivons-nous désormais !

3° Ma compagne a tenté au téléphone de nous aider en appelant les renseignements : un répondeur et un coût pour les appels. C'est inadmissible. Le service doit être gratuit, il devrait faire partie des aléas des voyages payants que nous avons choisis. En gare il devrait y avoir un grosse indication d'un numéro gratuit d'assistance/renseignement.

4° le chauffeur du bus sollicité relance Lyon, on lui dit qu'on n'a jamais dit qu'il y aurait prise en compte des voyageurs avec correspondance : mensonge éhonté et service public déplorable. C'est gravissime. Une absence totale de professionnalisme et surtout aucune tentative pour réparer leur oubli et leur manque de soins de leurs passagers. Il y a là ce qu'on pourrait nommer faute grave des services de régulation lyonnais.

5° d'où la solution extrême : 4 irréductibles (dont moi), d'autres ont abandonnés, passent sur le quai de manière illégale, tombent sur un gardien et lui demandent de trouver un responsable.

6° Le responsable un peu endormi et interloqué mais plutôt sympathique ne savait même pas qu'il y avait eu une arrivée de près de 60 personnes par bus depuis Lyon ! Il n'est au courant de rien et accepte tout de même de nous écouter et nous trouve un hôtel proche, ce qui est parfait, même si on aurait préféré poursuivre notre voyage.

Ce n'est pas la première fois que Lyon ne prévient pas

Dijon lendemain matin, pour moi pour Lure départ de train à 8h33

1° Un comble, on veut me faire payer le billet au guichet malgré mes explications et mes billets de la veille ! Je refuse violemment et demande à voir le chef de gare.

Il accepte aussitôt de me faire un billet gratuit et s'excuse ; il avoue aussi qu'il avait été informé par son collègue de nuit.

Il confirme aussi que ce n'est pas la première fois que les services de Lyon ne préviennent pas.

2° Culmont-Chalindrey, ma correspondance a du retard à nouveau !!! une demi-heure ! La poisse se poursuit. Aucune information n'a été donnée dans le train ni sur le quai, je l'apprends seulement en allant solliciter des personnels à quai.

Lure : arrivée vers 10h45. Soit plus de 17h pour faire 380km…

Une machine déréglée, des personnels sympas mais désabusés

J'ai l'impression d'être dans un monde kafkaïen ou ubuesque, une machine déréglée, des personnels sympas mais désabusés car eux-mêmes dépassés, une absence indigne de politique respectueuse des usagers, ce qui est insupportable puisque pour les dirigeants nous sommes des clients et devrions avoir tous les égards.

Depuis près de 50 ans, je me bats pour le service public et les transports publics. On comprend mieux désormais que certains se moquent de nous ou nous trouvent cinglés et s'en détournent.

La machine a déraillé (sans jeu de mot), au plus haut niveau (pouvoir politique et administration centrale) comme si elle avait abandonné progressivement la qualité et le sens de l'intérêt général : plus de bar ou de consommation dans les trains hors les plus chers, plus de train de nuit, quasiment plus de fret, pratiquement pas de ferroutage, des gares qui sont partiellement fermées surtout les guichets et même parfois les salles d'attente comme je l'ai vécu à Lure, des terrains SNCF peu entretenus ou inutilisés, des personnels insuffisants et avec de graves problèmes de communication entre eux - ils ne maîtrisent plus rien, des prix trop élevés et à géométrie variable, des gares TGV en pleine campagne, des horaires qui ne répondent pas aux demandes des gens…

Cela fait beaucoup. Le privé et la bagnole ont décidemment de beaux jours devant eux ! Tristesse énorme vis-à-vis d'un monde déjà largement perdu.

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