« Wildlife, une saison ardente », ou la décomposition d’une famille

Le premier film réalisé par l’acteur Paul Dano est la chronique simple et délicate de la fin d’un amour. Le film a fait l’ouverture de la Semaine de la Critique à Cannes

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Parce qu’il a grandi dans une famille « où il y avait autant d’amour que de turbulences », Paul Dano a été suffisamment « effrayé, perturbé, et excité » par Une saison ardente, un roman de Richard Ford, pour en faire son premier film en tant que réalisateur. Repéré dans Little Miss Sunshine, on savait qu’il est un acteur intense grâce à ses remarquables prestations (notamment dans There will be blood de Paul Thomas Anderson) ; on sait maintenant que Paul Dano est aussi un cinéaste sensible avec Wildlife, une saison ardente (sortie le 19 décembre), dont il signe l’adaptation avec sa compagne Zoe Kazan, actrice et scénariste.

Ni l’un ni l’autre ne jouent dans ce film qui a fait l’ouverture de la Semaine de la Critique à Cannes, c’est un autre duo d’acteurs qui tient les rôles principaux, Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal. Un couple dans l’Amérique des années 60, qui vit dans une petite ville du Montana, Great Falls ; ils ont un fils de 14 ans, Joe, joué par Ed Oxenbould. A l’âge de la première copine, du premier job chez un photographe, le jeune ado est le témoin impuissant de la fin de leur amour.

Une douleur qui se lit sur les visages

« Je ne suis pas inquiet », dit le fiston à ses parents qui tentent de le rassurer. Il y a pourtant de quoi. Avec ce père qui va mal depuis qu’il a été viré de son boulot, et ne retrouve une place dans le monde qu’en partant combattre les incendies géants qui ravagent la forêt. Et cette mère qui ne va pas bien non plus, dort sur le canapé, veut s’extraire de sa petite vie, de sa petite maison en location, et a la tentation de tout quitter pour aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

La saison est effectivement ardente. Pour l’homme, qui va s’approcher au plus près des flammes. Pour cette femme encore jeune (34 ans) qui joue avec le feu dans sa robe des « causes désespérées », en allant faire son numéro auprès d’un vieil homme fortuné. Pour le fils enfin, dont l’enfance est en train de se consumer pour toujours.

Dans cette chronique, simple et délicate, qui raconte la décomposition d’une famille, la douleur se lit sur les visages des personnages incarnés par Jake Gyllenhaal et Carey Mulligan. « Wildlife » est un film d’une grande sobriété jusque dans les décors, les paysages, l’absence de figurants, un monde presque vide, dépouillé. A la toute fin, le fiston tire le portrait de cette famille qui n’existe plus, seulement réunie sur une image sans relief, trois êtres pourtant liés à vie, malgré eux.

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