On songe à la fin tragique d'Alexia Daval il y a un peu plus an en Haute-Saône, au meurtre de Razia Askari, assassinée il y a à peine un mois par son mari à Besançon. Ces destins ne sont pas près de quitter les esprits et la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes était, samedi 24 novembre, une bonne occasion d'exprimer le refus de ce qui, il n'y a pas si longtemps, était vu comme « crime passionnel ». Est encore vu en certaines contrées, pas forcément exotiques, comme « crime d'honneur ».
Car derrière, en toile de fond, il y a cette appropriation du corps des femmes, par un mari ou une famille, une religion ou un clan, voire la médecine, la science ou l'industrie. Cette appropriation est à juste titre dénoncée comme relevant d'une domination masculine, fondamentalement liberticide, potentiellement homicide. Ceci étant, sa remise en question soulève forcément de lourdes questions anthropologiques, mais aussi sociologiques, économiques et donc politiques, bien au-delà des aspects psychologiques sur lesquels on s'attarde le plus souvent...
2500 femmes accueillies chaque année
par le CIDFF du Jura
Plus de 400 personnes ont donc défilé dans le centre de Besançon, samedi 24 novembre. Dans le cortège, des silhouettes, comme on en voit au bord des routes, symbolisaient ces disparitions sous les coups d'un compagnon ou d'un conjoint. Le fait que les plaintes de Razia, comme l'ordonnance du juge aux affaires familiales, n'ait pas été correctement prises en en compte par les institutions montre une partie du travail qui reste à accomplir.
A Lons-le-Saunier, deuxième ville de Franche-Comté à accueillir un rassemblement, c'est environ 200 personnes qui ont convergé place de la Liberté à l'appel du CIDFF du Jura, le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles. Sa présidente Chantal Galmard a rappelé dans une brève allocution que ses six salariées accueillent chaque année 2500 femmes dont certaines peuvent, en cas de besoin, trouver refuge dans treize appartements gérés par l'association.
« Ce n'est pas parce qu'une femme a une jupe courte qu'on a le droit de la violer ! »
« J'invite les jeunes femmes à se faire respecter », a-t-elle souligné, « j'invite tous à éviter de prononcer des mots très graves. Il faut supprimer par exemple, y compris entre filles, les expressions comme t'es habillée comme une pute ! Ce n'est pas parce qu'une femme a une jupe courte qu'on a le droit de la violer ! »
Après que Jean-Paul Sornay a, au nom de Peuples solidaires, revendiqué l'égalité salariale, Claire Koenig, de l'association du Nid de Besançon, en a expliqué la raison d'être et les objectifs : « nous agissons avec les personnes prostituées sur les causes et les conséquences de la prostitution. Nous militons pour son abolition car c'est une violence faite aux femmes qui représentent 95% des personnes prostituées ».
Les « gilets jaunes » à moto ont longé plusieurs fois le rassemblement, échangeant quelques signes. La simultanéité des deux manifestations a conduit la préfecture à demander à celle contre la violence faite aux femmes de ne pas défiler en ville. C'est donc un bref tour de la place de la Liberté qui a été effectué, avec pour symboles des ballons blancs marqués chacun du prénom d'une femme tombée sous les coups son conjoint...