Violence d’une « Chanson douce »

« C’est un thriller du quotidien », confie la réalisatrice Lucie Borleteau, qui a adapté le livre de Leïla Slimani, avec Karin Viard en nounou d’une « inquiétante étrangeté ».

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« Vous pouvez partir tranquille », dit Louise à ses employeurs, un jeune couple de bobos parisiens. Ils peuvent partir travailler tranquilles, Louise s’occupera au mieux de leurs deux charmants enfants, Mila et Adam. Elle va leur faire à manger, les promener au parc, leur faire prendre leur bain, leur raconter des histoires, leur apprendre des chansons, ensemble ils vont s’amuser, se déguiser, passer du bon temps… Et lorsqu’ils rentreront tard le soir de leur boulot, les parents trouveront des enfants calmes, un appartement propre et en ordre, les jouets rangés, le linge repassé, les lits faits, leur repas préparé…

La vie ressemble alors à une « Chanson douce », le livre de Leïla Slimani (Prix Goncourt 2016), adapté au cinéma par la réalisatrice Lucie Borleteau, qui avait tourné « Fidelio, l’odyssée d’Alice », le quotidien d’une femme (jouée par Ariane Labed), mécanicienne à bord d’un cargo. Karin Viard incarne la nounou trop parfaite de « Chanson douce » (sortie le 27 novembre), cette Louise, à la fois perle rare et fée du logis, qui enchante Myriam et Paul, joués par Leïla Bekhti et Antoine Reinartz.

« J’ai eu un deuxième bébé très peu de temps avant qu’on ne me propose le film, et ça m’avait replongé dans les sensations du maternage, qui sont hyper-fortes mais qu’on oublie très très vite », confie Lucie Borleteau, « Leïla Slimani m’a laissé entière liberté, mais j’avais quand même envie de lui faire lire le scénario, et le fait qu’elle n’ait presque rien à dire m’a galvanisée ». La jeune cinéaste a donc filmé cette famille, où tout est plus compliqué avec deux enfants. La jeune maman au foyer est au bord de craquer, elle a besoin de parler d’autre chose que « de couches et de biberons », veut reprendre son boulot d’avocate. Louise est alors son salut.

Paul et Myriam ignorent que Louise vit complètement seule dans un triste petit meublé, dans une lointaine banlieue ; ils ne voient que les bienfaits qu’elle apporte dans leur foyer douillet. Mais leur confiance absolue se fissure, Louise arrive de plus en plus tôt, d’indispensable elle est devenue envahissante. Cette bien curieuse Mary Poppins a des comportements bizarres, Karin Viard la rend très inquiétante et Lucie Borleteau crée un climat de tension progressif, de violence latente, jusqu’à une fin dramatique très éprouvante, le geste fou d’une femme en grande souffrance.

 

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