Vincent Lindon : « On fait ce métier pour se déguiser, pour s’oublier »

L’acteur incarne Casanova, qui vit son premier et « Dernier amour » dans le film follement romantique de Benoît Jacquot, avec la douce Stacy Martin. « Vincent c’est mon acteur préféré », confie le réalisateur.

dernieramour

1793 en Bohême, Casanova, vieux, usé, fatigué, raconte à une jeune fille ce qu’il a vécu trente ans plus tôt à Londres, où il était en exil. L’homme y a connu son premier et Dernier amour, titre du film de Benoît Jacquot (sortie le 20 mars). « J’ai toujours été l’ami de toutes. Sauf une », dit alors Casanova, incarné par Vincent Lindon. Celle qui lui a résisté, c’est la Charpillon, une jolie jeune fille, « très connue » à Londres, une charmante courtisane interprétée par la douce et fine Stacy Martin. « C’est une très bonne actrice, elle a une force intrinsèque, de caractère, de volonté, et une vulnérabilité absolue », confie Benoît Jacquot.

« A moi, on ne fait pas la cour », dit la demoiselle, qui refuse ses baisers et se refuse à Casanova, elle joue avec lui, le fait tourner en bourrique, plus que désirée elle veut être aimée. A tout le monde, sauf à lui, elle n’est « pas fréquentable », lui non plus d’ailleurs. Ce sont donc les souffrances de l’amour que va alors découvrir le séducteur « connu pour son goût du plaisir et du jeu ». « J’ai toujours pensé que Casanova est à l’opposé, c’est un affectueux, quelqu’un qui cherche de l’affection. J’aime beaucoup Casanova, le personnage m’intéresse, c’est un sentimental en fait, il n’était attaché que par le sentiment », précise le réalisateur, « Jusqu’à ce qu’il rencontre celle que Stacy interprète, ses relations avec les femmes étaient de l’ordre de l’amitié amoureuse, une sorte de complicité. Il rencontre là ce qu’il n’avait jamais rencontré et qu’il ne rencontrera jamais plus ».

« Sujet inépuisable », Casanova a souvent été adapté au cinéma, notamment par Fellini, Comencini, Lasse Hallström… « Je pense les avoir vu tous, le Fellini c’est un film admirable, mais c’est absolument l’envers du mien, Casanova y est grotesque, c’est une espèce de robot sexuel », dit Benoît Jacquot. Le réalisateur n’avait pas envisagé de confier le rôle à Vincent Lindon, qu’il avait déjà dirigé dans quatre films (Le septième ciel ; L’école de la chair ; Pas de scandale ; Journal d’une femme de chambre). « Vincent c’est mon acteur préféré, mais là j’ai été étonné, ce que je connais de lui, comme acteur et comme personne, n’a pas a priori grand-chose à voir avec l’idée qu’on peut se faire de Casanova », ajoute le cinéaste. Mais avec des semaines de préparation, « sur chaque détail », le comédien l’a convaincu qu’il pouvait le faire.

Inspiré d’un épisode des mémoires de Giacomo Casanova, « Histoire de ma vie », que Jacquot avait lu très jeune, « Dernier amour » est un film follement romantique, au scénario co-écrit par Chantal Thomas, dont le cinéaste avait adapté « Les adieux à la reine ». Il a également sollicité Bruno Coulais, qui a composé une belle musique à la présence très importante : « Je travaille avec lui comme je travaille avec mes collaborateurs principaux ; dès la préparation, on définit une silhouette de la musique qui m’aide à définir l’allure générale du film », précise Benoît Jacquot.

« J’aime beaucoup les films d’époque », confie le cinéaste, attiré par le XVIIIème siècle, époque de liberté. « Le libertinage originellement, c’est la libre pensée, Don Juan est le libertin absolu, il défie dieu, il défie son père, c’est un grand seigneur méchant homme, comme l’appelle Molière, c’est celui qui dit non à tout, y compris aux femmes, en les chassant, les possédant », dit le réalisateur, qui estime que Casanova, lui, est « plutôt un aventurier ».

 

 

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