Une manif’ gilets jaunes en demi-teinte

Ils étaient moins d’une centaine ce samedi à déambuler dans les rues de Besançon, et ce malgré l’absence d’autres appels régionaux en Bourgogne–Franche-Comté. Un acte 48 synonyme de mobilisation locale la plus chétive depuis le début du mouvement, après le rassemblement d’envergure du samedi 5 octobre ayant culminé à près de 700 participants. Outre une réduction constante du noyau dur observée depuis environ six mois, le contexte a fortement joué sur cette déperdition.

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Grande braderie oblige, la préfecture avait émis un arrêté d’interdiction très stricte concernant l’hypercentre à l’encontre de « toute manifestation revendicative. » Certains historiques, sur les réseaux sociaux, annonçaient renoncer à leur venue pour éviter une éventuelle répression, à l’instar d’événements passés aux multiples contraventions ; ce fut par exemple le cas le samedi 13 juillet au péage de Marchaux ou lors d’un recueillement au commissariat central le mardi 30 juillet.

La météo encore morose alternant pluies et froids persistants, des dissensions internes quant au déroulement des deux dernières dates de Lons-le-Saunier et Besançon, et plusieurs autres propositions militantes comme la présence d’un stand d’Alternatiba ou le meeting de « l’union de la gauche » aux municipales de 2020, ont aussi multiplié les désertions. Pas de quoi ralentir l’ardeur des plus fidèles, qui se sont tenus à leur programme initial et désormais traditionnel.

« Pour le préfet, les bons et les mauvais pauvres »

Place de la Révolution, le départ s’amorce à 15 h. L’objectif du jour ? « Contourner l’arrêté en vigueur et rester visible ! » assène un ancien. Gontran, éducateur, tient toutefois à dénoncer cette procédure avec véhémence : « la vision du préfet, c’est celle des bons et des mauvais pauvres : les premiers iraient à la braderie, qualifiée d’événement populaire ; mais les seconds, qui s’aventureraient à soutenir ou rejoindre les gilets jaunes, sont jugés nuisibles et dès lors bannis. »

Au-delà du quantitatif, si le défilé n’a presque rien perdu de sa superbe, les rues de la Boucle sont scrupuleusement examinées pour qu’aucun franchissement en périmètre prohibé ne soit possible. Un exercice, parfois au mètre près, qui permet de maintenir une présence sans s’exposer à la foudre des Autorités. Ainsi devant le palais Granvelle ou au bout de la rue du palais de Justice, les slogans ont été largement audibles par l’ensemble des exposants, badauds, et riverains.

« Macron on vient te chercher chez toi », « Besac’ soulève-toi », « rejoignez-nous ! », ou encore « les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là on n’en veut pas » s’accompagnent d’affiches dénonçant l’arrestation de militants d’ATTAC dans la journée ou le récent échec de Sylvie Goulard au parlement européen. La circulation, tant routière que pour les transports en commun, et la course des achats, ne seront que faiblement perturbées.

Les forces de l’ordre restent mobilisées, une compagnie de gendarmes stationnant rue de la République alors qu’une fourgonnette de police suit de loin le groupe. Mais à aucun moment, des confrontations ou tensions ne seront à déplorer. 16 h 10, les protestataires rejoignent le parvis de la Mairie, où Alternatiba et les soutiens du référendum Aéroport de Paris proposent plusieurs actions de sensibilisation au « méfait des multinationales » ; et récoltent une vingtaine de nouvelles signatures.

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