Un « Ogre » passe le mur du son

Tourné dans la campagne du Morvan, ce film de Arnaud Malherbe est un conte fantastique, entre fantasmes et peurs nocturnes (sortie le 20 avril).

Créateur des séries « Chefs » (France 2) et « Moloch » (Arte), Arnaud Malherbe a donné à son premier film un titre qui annonce la couleur, « Ogre ». C’est bien d’un conte qu’il s’agit, un conte fantastique, tourné dans un bourg paisible du Morvan (le film a reçu l’aide de la Région Bourgogne Franche-Comté), où rôde une créature inquiétante. Ce qu’ignorent encore une jeune mère et son fiston de huit ans, Chloé et Jules, qui viennent s’installer au village, dans une maison isolée qui domine la vallée.

Venant de la ville et fuyant un mari et père violent, ils sont prêts pour une nouvelle vie, arrivent là avec l’espoir d’une deuxième chance. Chloé (jouée par Ana Girardot) est la nouvelle institutrice de l’école, où elle aura forcément son fils parmi ses élèves ; Jules (interprété par le jeune Giovanni Pucci) est un garçon un peu différent, souffrant de surdité, il porte un appareil auditif, dont il module le volume comme ça l’arrange.

Des hommes armés de fusils patrouillent dans les près, les bois, cherchent un animal sauvage qui aurait égorgé des bêtes dans la région. La méfiance se fait terreur après la disparition d’un enfant. Une nuit bien noire, Jules aperçoit un monstre derrière la fenêtre de sa chambre, pressent qu’il se passe quelque chose dans le coin, et se découvre un don, en sorte de petit maître des oiseaux. Chloé, elle, n’est pas insensible à l’intriguant toubib (Samuel Jouy), qui a « le charme du diable ».

« Des images et des sensations »

« J’ai été élevé à la campagne et ai longtemps eu une chambre située à l’écart du reste de la maison », raconte le réalisateur, « J’ai donc nourri très tôt un rapport étroit à l’obscurité et aux bruits nocturnes. Tout cela a sans doute généré des fantasmes, des images et des sensations en moi ». Arnaud Malherbe a donc recréé ces images et ces sensations dans son film, créant un climat, une ambiance, avec beaucoup d’effets, notamment par les sons, parfois assourdis pour faire partager au spectateur ce que l’enfant entend ou n’entend pas.

Sélectionné en compétition au Festival du Film Fantastique de Gérardmer, après avoir été présenté au Festival de Deauville, c’est un « film d’ogre contemporain », un nouvel exemple de « l’affirmation d’un cinéma de genre fantastique français », comme récemment « La Nuée » ou « Teddy ». Cet « Ogre », qui nous fait ainsi passer le mur du son, évoque à la fois le fantasmagorique et les peurs nocturnes. Comme toujours dans ce genre de films, ce qu’on ne voit pas est souvent plus effrayant que ce qui est montré. Et tels les enfants qui aiment se faire peur la nuit et s’inventer des histoires, à la fin, on peut encore choisir entre l’imaginaire et le réel.

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