Un meurtre peut en cacher un autre…

Le réalisateur d'origine kurde Hiner Saleem a tourné une cocasse comédie policière au milieu du Bosphore. Derrière sa petite musique légère, Qui a tué Lady Winsley ? évoque la place des Kurdes en Turquie.

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Agatha Christie dans une île du Bosphore. Résumer ainsi le film de Hiner Saleem, Qui a tué Lady Winsley ? (sortie le 2 janvier 2019), serait aller trop vite. Certes, c’est bien une comédie policière qu’a réalisée ce cinéaste d’origine kurde, avec un cadavre tout ce qu’il y a d’assassiné, en l’occurrence une riche Américaine, tuée par balle dans le manoir où elle vivait.

Et si le mobile n’est pas évident, les suspects ne manquent pas, la bonne, un journaliste curieux, le jardinier, les voisins… en fait, tous les villageois le sont aux yeux de l’inspecteur Fergan, envoyé sur place par Istanbul pour résoudre ce mystère. Mais qui a tué Lady Winsley ?, répète le chef de la police locale. Et pourquoi ? L’enquêteur va découvrir que si la romancière avait choisi de passer l’hiver dans cette petite île vidée de ses touristes, c’est parce qu’elle-même faisait des recherches sur une affaire passée, le meurtre d’un jeune poète kurde.

Dans les rues vides et sous le ciel gris, l’inspecteur se heurte à la communauté, les hommes en manteaux noirs et grands chapeaux, qui n’apprécient guère qu’on bouscule les traditions ; les femmes, discrètes, qui ne tiennent pas à ce qu’on dévoile les secrets de famille. « On est tous cousins ici », lui dit-on, ce que confirme la photo d’un ancêtre, sorte de Clark Gable local avec lequel beaucoup d’enfants du village ont une ressemblance ; et ce que confirme aussi l’ADN, recherché auprès des hommes comme des femmes, pour retrouver à qui appartient la goutte de sang retrouvée dans l’œil de la victime.

Après le western My Sweet Pepper land, Hiner Saleem injecte dans le récit de cette histoire de l’humour, de l’absurde, un grain de folie, du cocasse ; mais derrière la petite musique légère, se cache la gravité des sujets qu’il évoque presque l’air de rien, dont l’adultère dans une société très conservatrice, et surtout l’ancestrale haine des Turcs envers les Kurdes.

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