Trans, homo, bi : être et choisir d’être…

La présentation du documentaire « Devenir Il ou Elle », en présence des nombreuses associations LGBT, a réuni une centaine de personnes au FJT des Oiseaux de Besançon. La rencontre, prévue en cette journée de lutte contre l'homophobie, montre la volonté de bousculer les codes et de faire entendre un combat trop souvent incompris.

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Debout devant un stand de l'Association XYZ, on tombe sur Moi-Ra. C'est une jeune femme de 27 ans, pétillante, robe verte moulante, toujours avec le sourire. Il y a un an, Moi-Ra était un homme. C'est à 24 ans qu'elle a eu le déclic. A l'époque, elle suivait un cursus universitaire à la campagne. « C'était pas le meilleur moment pour changer de sexe », plaisante-t-elle. Après ces deux ans d'études effectués elle démarre sa transformation.

Même si aujourd'hui des détails physiques, comme sa pilosité ou sa voix, la dérangent, c'est bien son état civil qui la préoccupe le plus. Elle a lancé la procédure en janvier dernier, le délibéré a eu lieu le 20 avril... Depuis pas de réponse. « La justice française est lente, mais elle l'est bien plus quand il s'agit de sujet qu'elle ne veut pas traiter », commente-t-elle. Militante malgré elle, elle se sent animée par un sens du devoir. « Nous sommes des voix que personne n’entend... », déplore t-elle. Elle a d'ailleurs créé une chaîne YouTube où elle parle de son combat. (ici)

Même constat pour Stéphanie, présidente de l'association Nouvel esprit. Pour elle ,cette rencontre est une véritable réussite : « je suis heureuse de voir que de nombreuses associations qui luttent contre la discrimination soient présentes ». SOS Racisme, Amnésty International, Le Refuge, L'Hetre sont là... Interrogée sur les actes discriminatoires envers les homosexuels et transgenres, elle s'agace légèrement : « la différence qu'il y a entre un homo est un hétéro c'est que nous, on nous catalogue selon notre sexualité... Qui catalogue un hétéro selon ses pratiques sexuelles ? ». Aujourd'hui les chiffes nationaux sont alarmants. Ils montrent une hausse de 19 % des actes homophobes. Les actes de malveillances envers les transgenres ont quant à eux doublé.

« Un reportage tout beau tout rose »

Dans la salle de projection, la chaleur devient étouffante. Après quelques « lectures kouïrs » effectuées par le collectif XYZ, le visionnage du documentaire peut commencer. Passé sur France 5 en début d’année, il évoque la transformation d'homme en femme, de femmes en hommes, d'adolescents et de jeunes adultes. La salle est silencieuse, captivée par les témoignages. Un fou rire éclate lorsque qu'une mère de famille évoque la fin de la perpétuation du nom de son mari, à cause du changement de sexe de son ex-fils, devenu fille...

Deux jeunes captent notre attention. Isolés dans un endroit plus frais, ils discutent, rient, commentent le film. Amélia et Guillaume se connaissent depuis 8 mois. Tout deux étudient l'informatique et sont spécialisés dans les jeux vidéos. Amélia n'est qu'au début de sa transformation. Cheveux courts, noirs, sa coquetterie pour la couleur bleu se lit jusqu’au bout de ses ongles. Publiquement elle a cependant encore du mal à se présenter en tant que tel : « je garde ça pour moi et pour un cercle d'amis très fermé. Mes parents ne sont pas au courant, je fais comme si de rien n'était ». Guillaume lui ne connaissait rien de ce monde. « Je découvre sur le tas », explique t-il. Admiratif de ce combat, il ajoute : « quand tu arrives à être d'accord avec toi-même et que tu arrives à l'accepter, c'est déjà une grande force ».

Le film se termine, la salle applaudit. Moi-Ra et Odile, responsable de l'association l'HETRE et présente dans le reportage, prennent la parole pour animer le débat. Des gens s'expriment, parlent de leur vécu, de ce que le film a déclenché en eux.

Puis la salle se vide. « C'est un peu tout beau tout rose ce reportage », nous glisse Odile. Sexagénaire retraitée elle suit quatorze jeunes envoyés à la rue a cause de leur homosexualité ou de leur transsexualité. « Ça ne se passe pas toujours comme ça malheureusement. J'ai ce rôle d'entremetteuse, parfois de maman.». Elle arbore fièrement, au niveau de son cœur, un badge sur lequel on peut lire : « Mère de trans, et fière ». C'est peut être ça l'objectif de cette soirée : affirmer ses différences pour mieux les accepter.

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