« Sons of Philadelphia », mafieux de pères en fils

L’écrivain français Jérémie Guez a tourné un polar « américain », avec Matthias Schoenaerts et Joel Kinnaman, présenté aux Festival de Deauville et de Reims.

Un film d’ambiance, violent, stylisé et efficace, bien maîtrisé, une histoire de gangsters mais aussi une histoire de famille. En boxeur taiseux et impassible, Matthias Schoenaerts impose sa présence physique comme dans de nombreux autres films (« Bullhead », « De rouille et d’os », « Blood ties », « Frères ennemis »…).

« C’est un film noir adapté d’un roman noir » : c’est ainsi que Jérémie Guez présentait son film « Sons of Philadelphia » (sortie le 26 mai) au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Une sélection logique puisque, même tourné par un réalisateur français, c’est bien un film « américain », adaptation d’un livre de l’écrivain américain Pete Dexter (« Un amour fraternel »), et qui se déroule dans une grande métropole américaine, Philadelphie, la ville de « Rocky ». Et qui en plus, s’insère complétement dans un genre de cinéma typiquement américain, le film de gangsters. Ce qui lui vaut aussi une sélection (hors compétition) au Festival du Film Policier qui se déroule cette semaine en ligne, avant de rejoindre Reims à la prochaine édition.

« Je suis d’ici », revendiquent les personnages, notamment les deux principaux, deux cousins chargés de gérer l’héritage de leurs pères, mafieux et Irlandais, jadis craints et respectés. Peter, incarné par l’acteur belge Matthias Schoenaerts, imposant sa présence physique comme dans de nombreux autres films (« Bullhead », « De rouille et d’os », « Blood ties », « Frères ennemis »…) ; là, c’est un taiseux à voix basse, un boxeur impassible, un balaise calme et solitaire, mais meurtri et torturé à jamais par un drame familial. Michael, interprété par Joel Kinnaman, est le cousin nerveux tendance psychopathe, qui a repris les affaires familiales.

Guerre des gangs irlandais et italiens

Un business menacé par des rivaux ancestraux : une nouvelle guerre des gangs est déclarée entre la mafia irlandaise et la camorra italienne. Le récit est donc violent, forcément violent, mais « Sons of Philadelphia » est aussi un film d’ambiance, stylisé et efficace, bien maîtrisé par Jérémie Guez dont c’est le second long-métrage (il a réalisé « Bluebird » auparavant). Auteur de polars (dont « Balancé dans les cordes »), qui a participé à l’écriture d’une dizaine de films, le jeune cinéaste raconte bien sûr une histoire de gangsters mais aussi une histoire de famille, « le fantasme d’une famille unie », un monde qui n’existe plus vraiment (les mafieux « à l’ancienne »), une organisation avec des codes désuets, et la désillusion d’un homme blessé et dupé par les siens.

Comme souvent dans ce type de littérature et ce genre de cinéma, les drames sont inéluctables, les destinées plus fortes que les individus, et « Sons of Philadelphia » n’échappe pas à cette règle. On y apprend cependant, qu’il y a quatre ans, les mafieux votaient Trump : « Il a fait fortune, il peut diriger le pays ».

« Sons of Philadelphia », un film de Jérémie Guez, avec Matthias Schoenaerts et Joel Kinnaman (sortie le 26 mai).

38ème Festival du Film Policier, édition en ligne du 26 au 30 mai, festivalfilmpolicier.com

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