Solmiré écrit à Jean-Louis Fousseret : « Comment pouvez vous afficher un tel déni ? »

Dans une lettre ouverte, le collectif Solidarité Migrants Réfugiés reproche au maire de Besançon d'être à l'origine du revirement de la Saiemb qui était prête à louer le local du Bol d'R. Ce courrier, ainsi que trois autres que nous publions, du collectif, du maire et des groupes PS, PC et EELV du conseil municipal, montrent qu'au conflit pouvoirs-citoyens, s'ajoutent les divergences au sein de la majorité municipale...

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Dans un courrier adressé à Jean-Louis Fousseret le 26 janvier, Solmiré « renouvelait » sa demande de mise à disposition gratuite d'un local en centre-ville afin que la ville « soutienne [son] action citoyenne et solidaire ». Le collectif insistait « sur la nécessité pour les personnes migrantes à la rue, d'autant plus en cette période hivernale, du maintien de l'activité de l'accueil de jour au sein d'un local convivial qui vient, non en concurrence, mais en complément à la Boutique Jeanne-Antide, structure limitée en capacité d'accueil ».

Le maire répondait le 30 janvier par une fin de non-recevoir en affirmant « que les structures disponibles permettent un accueil adapté qualitativement et quantitativement des personnes qui s'inscrivent dans ces démarches ». Il ajoutait : « si ce n'est pas le cas, je m'engage à alerter les services compétents afin de leur demander de pallier les éventuelles carences... »

Deux jours plus tard, les présidents des groupes PS, PCF et EELV du conseil municipal prenaient le contrepied du maire dans une lettre à Solmiré qu'ils remerciaient pour avoir « attiré [leur] attention sur un certain nombre de dysfonctionnements des procédures et des délais d'accueils ». Ils précisaient aussi qu'il y avait une « évolution d'un certain nombre de problèmes » sur lesquels le collectif les avaient alertés et listaient des améliorations telles que l'installation de cuisines au PRAHDAprogramme d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile ou le raccourcissement prochain de 50 à 10 jours du délai d'obtention de rendez-vous en préfecture pour les demandeurs d'asile. Ils relayaient enfin le propos du maire sur l'accueil à la Boutique Jeanne-Antide.

L'intérêt de personne d'aller au clash trop tôt

Ces deux courriers montrent bien les divergences entre les partis de gauche et le maire, même si elles ne sont pas présentées comme telles. Cela n'empêche pas Solmiré d'être déçu par les deux ! Le collectif attendait sans doute davantage des groupes de gauche, mais ceux-ci jouent en même temps une partition compliquée au sein d'une majorité municipale idéologiquement divisée mais qui a décidé de poursuivre encore quelque temps avec, au moins, l'apparence de l'union en évoquant la feuille de route du programme de 2014. Autrement dit, ce n'est l'intérêt de personne d'aller au clash trop tôt.

Ces préoccupations ne sont évidemment pas celles du collectif Solmiré qui a publié le 6 février une très sévère lettre ouverte au maire de Besançon. Il revient sur l'historique du Bol d'R et lui fait porter la responsabilité du durcissement de la situation, notamment le revirement de la Saiemb qui, après avoir proposé un bail l'association, l'a assignée en justice pour l'expulser. « C'est donc bien vous qui êtes à l'origine de la procédure judiciaire (...) et vous êtes donc bien en mesure de demander son interruption ».

« Nous ne jugeons pas des capacités d'accueil de jour sur la foi de déclarations
des ''opérateurs et services compétents" mais sur des faits »

Le collectif reproche également à Jean-Louis Fousseret de trop faire confiance à l'Etat : « Nous ne jugeons pas des capacités d'accueil de jour sur la foi de déclarations des ''opérateurs et services compétents" mais sur des faits : depuis des mois, des dizaines de personnes, familles avec très jeunes enfants, voire femmes enceintes, jeunes couples, majeurs isolés ayant demandé l'asile ou voulant le faire sont à la rue, sans capacité à satisfaire leurs besoins élémentaires. Nous vous en avons alerté, la presse en a rendu compte largement, les maraudes effectuées par la veille sociale le constatent régulièrement (...) Comment pouvez vous afficher un tel déni face à cette situation ? »

Et Solmiré de rappeler qu'en 2013, la ville avait ouvert un hébergement d'urgence dans l'ancienne maternité de l'hôpital Saint-Jacques pour « mettre à l'abri » des dizaines de demandeurs d'asile qui avaient constitué un campement sur les hauteurs de Battant...

Marx avait dit, repris par Mendes-France, que lorsque l'histoire se répète, c'est sous forme de farce... Mais qui a envie de rire aujourd'hui de la situation faite aux migrants ?

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