Rythmes scolaires : la colère d’un élu socialiste

Yves-Michel Dahoui, adjoint à l'éducation au maire de Besançon, ne décolère pas contre le gouvernement. Plus que les défaites électorales passées et à venir, il craint la perte de l'enracinement des élus locaux.

ymdahoui

Yves-Michel Dahoui est un élu expérimenté et tenace. Adjoint au personnel, puis à la culture lors des deux précédents mandats de Jean-Louis Fousseret, il a été secrétaire de la section de Besançon du PS. Présenté un temps comme un possible candidat à la mairie, il a pris un canton à la droite avant d'être réélu en raison de son implication. Il aurait aussi pu faire un bon candidat aux législatives, mais il a dû renoncer en raison d'un accord national PS-EELV accordant la circonscription à Eric Alauzet. Il est très sévère contre le gouvernement et en colère contre la ministre de l'Éducation que Jean-Louis Fousseret doit voir dans quelques jours.

Les rythmes scolaires vont-ils être payants à Besançon ?

Rien n'est à l'ordre du jour. Je ne m'interdis rien. On pourrait réfléchir à un système de quotient familial, comme pour les cantines... 

Dans l'opposition municipale, Ludovic Fagaut (UMP) et Laurent Croizier (MoDem) avaient annoncé les coûts. Ils disent que vous n'êtes pas prêts, relaient de nombreuses critiques de parents...

L'UMP appuie où ça fait mal
Ludovic Fagaut ironise : « Jean-Louis Fousseret tombe des nues ! Il a enfin touché le sol et prend conscience de la réalité ». Le conseiller municipal UMP appuie où ça fait mal : le maire de Besançon s'inquiète-t-il du financement de la réforme ? « Nous avions déjà émis ces interrogations pour pouvoir anticper et proposer des solutions, mais à chaque conseil municipal, M Fousseret, dans sa posture traditionnelle du sachant, a balayé nos alertes et nos propositions ». 

Ils vont continuer à pilonner. Ils sont en décalage avec le travail du conseil consultatif. Les autres villes ont eu 15 à 30% de gamins de plus que leurs prévisions, nous c'est le double... Et personne n'a quitté l'école publique. On a un mois de recul sur la réforme. Mercredi, on a eu une réunion du comité d'évaluation de plus de trois heures. On a analysé la situation, il y a des choses intéressantes, des frustrations, des attentes. Il faut transformer tout ça en perspectives. Pour la rentrée de novembre, on a revu le calendrier, il ne faut pas prendre les gamins n'importe quand. On tire des leçons pour mettre en place des vrais contenus. Partout, les villes s'adaptent.

Vous saviez quand même que le budget 2015 n'allait pas vous aider. Toutes associations de maires le savaient...

Je suis surtout en colère contre la ministre qui, lors de son audition, avait annoncé un fonds de pérennisation d'au moins deux ans. La droite avait fait la première connerie en supprimant l'école le samedi matin. Ce gouvernement est dans l'impréparation et l'improvisation permanente...

Vous le soutenez encore ?

Quand on soutient un gouvernement, il y a des hauts et des bas... Là, on est arrivé à... il y a un problème d'appareil, de technocrates qui ne passent jamais le périphérique... Ils sont coupés du peuple, mais aussi des élus ! Regardez la réforme territoriale ! Les élus locaux sont les forces vives et le gouvernement les ignore, bafoue les réalités...

Les élus locaux de gauche sont-ils sur votre position ?

Il y a un seuil de loyauté... A un moment, on ne peut plus convaincre de ce dont on n'est pas convaincu. Je suis conseiller général. Les élus de mon canton sont concernés, l'impact de la réforme des rythme scolaire peut être de 20.000 euros, 25.000 ou 35.000 pour les budgets communaux. Je mets en cause une technostructure irresponsable.

Que fait, que dit la fédération des élus socialistes ?

Vous les entendez ? Vous entendez le PS ? Cambadélis attend son tour ! Non seulement, ils vont nous faire perdre les élections, mais notre enracinement dans les cantons, à l'Assemblée nationale. Les villes et le Sénat, c'est fait. Pour les départements, c'est compromis, et je ne parle pas des régions... La force des socialistes, c'est l'enracinement d'élus locaux ayant fait leurs preuves, comme ici, dans le Doubs, depuis 10 ans.

Suivez-vous les frondeurs ?

Non. Ce sont aussi des apparatchiks ! Je parle des élus forces vives. Les gens au gouvernement n'ont jamais été confrontés à la réalité du travail. Quand un mec ne sait pas qu'il doit payer ses impôts au moment où tant de gens sont dans la merde, mais quel message on porte ! Je n'ai rien de commun avec ces gens. Ce discours, beaucoup d'élus l'ont en étant plus discrets.

Que pensez-vous du projet de fusion Bourgogne-Franche-Comté ?

Je n'ai toujours pas compris l'intérêt de la fusion. On décide et on réfléchit après au contenu. Il y a une question de méthode.

Est-ce encore un coup de la technostructure ?

La question n'est pas d'être pour ou contre la réforme, mais de savoir quelle réforme on fait. Est-elle pensée, anticipée ? Fallait-il faire la réforme des rythmes scolaires ? Oui, mais il fallait l'anticiper ! La réforme des régions est dans la seringue. Il n'y aura pas d'économies, l'harmonisation salariale se fera par le haut. La Bourgogne-Franche-Comté sera toujours la plus petite. On y va à marche forcée, je n'ai pas voté Hollande pour ça.

Que pensez-vous du livre de Stéphane Guilluy, la France périphérique, qui, pour faire vite, oppose une France des métropoles bénéficiaire de la mondialisation, représentée par le PS et l'UMP, et une France périphérique réunissant les petites et moyennes villes au monde rural et certains quartiers périurbains où vivent 60% de la population ?

Je ne l'ai pas lu, mais ça donne à réfléchir aux clivages territoriaux et politiques qui datent d'avant la chute du mur de Berlin. Le PS est divisé et ne représente plus rien, l'extrême gauche est moribonde, la droite en miettes... Je ne suis pas sûr que les gens mettent une réalité derrière nos différences... Je ne suis pas désenchanté. Cela doit nous amener à être plus combatif. Je suis d'accord avec Jean-Louis Fousseret qui n'est pas seulement maire, mais aussi président d'agglo et a bien vu que les maires se sont beaucoup impliqués dans la réforme.

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