« Rosie Davies », héroïne du quotidien

Paddy Breakthnach fait dans son film le portrait d’une femme formidable, une cousine irlandaise de « Rosetta ».

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« Bonjour, je cherche une chambre, pour une famille, une nuit ». Des dizaines et des dizaines de fois, Rosie répète sa demande, au téléphone, appelle un par un les hôtels qui figurent sur la liste fournie par la mairie de Dublin. Rosie, c’est « Rosie Davies », l’héroïne du film de Paddy Breakthnach (sortie le 13 mars), une femme, une mère qui, tous les jours, cherche un toit pour sa famille, son mari, elle, et leurs quatre enfants.

Cela fait deux semaines que Rosie (incarnée par Sarah Greene) se démène sans arrêt, recherche un hébergement pour une semaine, quelques nuits, une nuit, depuis qu’ils ont dû quitter la maison où ils habitaient, mise en vente par son propriétaire. John-Paul le mari (joué par Moe Dunford) a pourtant un boulot, il fait la plonge dans un resto, mais plus de logement pour la famille. Heureusement, Rosie et John-Paul sont un couple uni, qui s’aime, dont les affaires sont désormais entassées dans le coffre de la voiture, qui déborde. D’ailleurs, cette voiture est devenue leur maison, tels des nomades dans leur ville, errant dans les rues de Dublin ; ils ne sont pas SDF, ils sont juste « perdus », dit Rosie.

Retrouver le logement et « une vie normale »

On est avec Rosie qu’à peine deux jours, mais on ressent avec elle combien c’est épuisant de retrouver « une vie normale ». Chaque matin, ça recommence, le déménagement quotidien, quitter l’hôtel, remballer les bagages, tout recharger dans la voiture, sans oublier le doudou de la petite, déposer les enfants à l’école, aller faire une lessive chez une amie, téléphoner pour trouver où dormir ce soir, retourner à l’école où une môme est malade, la toute petite qui veut aller aux toilettes, le fiston hyperactif qui ne tient pas en place, l’aînée introuvable à la sortie du collège… Jusqu’à ce soir où Rosie n’a trouvé aucune place, nulle part où aller, où ils sont contraints de dormir dans la voiture, garée sur un parking.

Bien sûr, Rosie Davies est un drame social comme en a si souvent tourné le cinéma anglais, mais cette « Rosie » est une cousine irlandaise de la « Rosetta » des frères Dardenne. Rosetta cherche un boulot, Rosie cherche un toit, toutes deux y mettent la même énergie, sont toujours en mouvement, s’activent en permanence, la caméra collée à elles. Sarah Greene incarne une formidable Rosie, avec sa force et sa douleur, et son amour pour sa famille. Paddy Breakthnach, qui voulait évoquer la crise du logement en Irlande, pays dont l’économie est devenue « sauvage », fait le portrait d’une femme formidable, d’une jolie famille, et d’une société perdue.

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