Quelle place pour les caméras en ville ?

Plutôt inattendu, un classement place Besançon en neuvième position des villes les plus vidéosurveillées de France avec 189 caméras sur la voie publique pour 100 000 habitants, une hausse de 687,5 % entre 2013 et 2019. Si la nouvelle municipalité stoppe cette expansion, ce n’est pas le cas d’autres communes franc-comtoises.

La ville de Besançon souhaite conserver un nombre fixe de caméra tandis que Montbéliard voudrait l'augmenter. Photo: Louis Colmagne

La municipalité de Besançon était plutôt accusée de laxisme par l’opposition concernant la politique mise en œuvre pour l’installation de caméras de surveillance. Si la nouvelle équipe freine son développement, la cité comtoise figure toujours parmi les villes les plus vidéosurveillées de France. Dans un classement de la Gazette de communes établi fin 2019, Besançon figure à la neuvième place des 50 villes les plus peuplées de France avec 189 caméras installées sur la voie publique et qui nécessite une autorisation préfectorale (celles des réseaux de transports ou installées sur des bâtiments publics ne sont pas comptabilisées).

Leur nombre a considérablement augmenté sous le mandat de Jean-Louis Fousseret, avec une augmentation de 687,5 % entre 2013 et 2019, presque 7 fois plus. En 2013, elle était alors 31e d’un classement sur le même sujet. Leur nombre a un peu baissé aujourd’hui avec la nouvelle municipalité, passant à 179. Benoît Cypriani, adjoint à la sécurité à Besançon, raconte : « Notre but est de laisser stable ce chiffre. Il peut augmenter si nous construisons des nouveaux bâtiments municipaux, mais en tout cas le nombre de caméras urbaines n’a pas vocation à augmenter. » Il ajoute que lorsqu’un manque se fait sentir, les caméras les moins utilisées sont démontées et déplacées là où il y a besoin.

En plus des 179 caméras urbaines, la ville compte 48 caméras de lecture de plaques d’immatriculation pour entrer au centre-ville et 40 caméras dans les trams, gérées par Keolis. La ville de Besançon pratique la vidéo-surveillance [voir encadré] via un Centre Superviseur Urbain (CSU). Des agents de police municipaux et nationaux regardent jour et nuit les images des caméras. En 2019, 1 452 signalements ont été faits par le CSU à la police nationale et cette dernière a récupéré des images a posteriori 988 fois, pour des enquêtes. Enfin, 205 interpellations en flagrant délit ont eu lieu.

Dans le Doubs, la ville de Montbéliard utilise également la vidéosurveillance. La ville est déjà équipée de 85 caméras et Philippe Duvernoy, adjoint à la sécurité, pense que ce chiffre « augmentera en moyenne de cinq caméras chaque année, en fonction du coût des installations nécessaires. » Interrogé sur le budget, Philippe Duvernoy répond, amusé : « J’ai la seule commission où le budget n’a pas baissé d’un centime pendant la pandémie. Je suis un peu veinard ! » La municipalité investit 60 000 € chaque année pour la sécurité et 8 000 € sont dépensés dans l’installation de nouvelles caméras. « La sécurité a été et est une grande volonté politique durant le précédent et l’actuel mandat du maire », ajoute l’élu. Il aimerait que la zone de sécurité prioritaire qu’il y a dans la ville soit déclassée. La municipalité a aussi mis en place la vidéo-verbalisation en direct, pour les infractions au Code de la route notamment.

La vidéoprotection, autre orientation pour les plus petits budgets

Dans d’autres villes à plus petit budget en revanche, comme Morteau ou Pontarlier, le choix a été fait de n’avoir que de la vidéoprotection [voir encadré]. Dans la ville de Morteau, l’installation de caméras est faite en lien avec la gendarmerie : « Les gendarmes nous indiquent où placer les caméras en fonction de leurs besoins pour les enquêtes. » La ville investit entre 5 000 € et 6 000 € chaque année dans les caméras de surveillance. Au total, 25 caméras sont positionnées en ville aux entrées et sur les bâtiments municipaux. Dans la ville voisine de Pontarlier, la situation est fixe avec 29 caméras, mais ce n’est que passager, car la ville change de prestataire pour gérer ses caméras. « Il nous faut moderniser un certain nombre de ces caméras et les relier à la fibre », indique Jacques Prince, adjoint à la sécurité.

Côté jurassien, la ville de Lons-Le-Saunier va ajouter « quatre ou cinq » caméras supplémentaires à ses 118 caméras. Jean-Philippe Rameau, élu chargé de la sécurité, ajoute que c’est une demande de la police nationale pour « sécuriser le centre-ville faciliter la résolution d’affaires ». La ville, par une volonté de rester maître ses images, a fait le choix de la vidéo-protection.

Vidéoprotection et vidéo-surveillance, quelle différence ?
Pour la personne qui marche dans la rue, les caméras sont identiques. La distinction se fait dans le traitement des images ensuite. En vidéo protection, les images sont simplement enregistrées et conservées pour un temps allant de deux à quatre semaines. Seuls la police municipale et le/la maire y ont accès. Des réquisitions peuvent avoir lieu sur demande de la justice dans des affaires.
Pour la vidéo-surveillance, les images sont visionnées en direct depuis un Centre Superviseur Urbain (CSU). Ensuite, les agents derrière les écrans, municipaux ou nationaux, peuvent envoyer une alerte.

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