Goupil utile et… victime du classement ESOD

Considéré officiellement comme une « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » ou ESOD, le renard devrait au contraire être retiré de cette catégorie, voire protégé pour services rendus à l'agriculture, à l'équilibre de la nature et à la santé publique.

Le renard était classé « nuisible », il est maintenant considéré officiellement comme une Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts ! Bel euphémisme politiquement correct, sauf pour le goupil qui est la victime.

En réalité Goupil devrait être retiré de cette catégorie, voire protégé pour services rendus à l'agriculture, à l'équilibre de la nature et à la santé publique. En effet, ce canidé exerce de précieuses actions utiles.

En tant que prédateur, il effectue une sélection quantitative sur les petites proies abondantes. Goupil élimine ainsi des milliers de rongeurs par an et par renard. Les rongeurs sont dévastateurs, la lutte chimique est dangereuse pour l'homme et les écosystèmes; le renard ( et les autres petits prédateurs) est un auxiliaire gratuit, efficace, propre et biologique.

L'expérience, menée sur le plateau de Nozeroy notamment, confirme que le renard participe significativement à limiter les rongeurs et leurs dégâts dans l'agriculture.

Il opère aussi une sélection qualitative sur les proies de taille plus importante. Ainsi les renards  se délectent de lapins lors des épidémies de myxomatose. Comme tout prédateur, le renard s’attaque de préférence aux individus juvéniles, malades, blessés... Le prédateur est le vétérinaire de l'espèce-proie.

Le renard adapte sa reproduction et l'appropriation de territoires en fonction de l'absence ou présence de congénères

Il a également un rôle d’assainisseur en éliminant les cadavres d'animaux, notamment sur la route... Le renard (et le blaireau) paient d'ailleurs un lourd tribut se faisant alors écraser...

Sur le plan éco-éthologique ou environnement et comportement, ce n’ est pas le prédateur qui limite le nombre de proies mais l' inverse... « Si le lapin s'ébat dans le thym et la rosée... et non dans un paysage râpé, et plein de crottes,c'est au renard qu'il le doit... Le meilleur ami d'une espèce est son prédateur », écrit Robert Hainard.

Le renard adapte ainsi sa reproduction et l'appropriation de territoires en fonction de l'absence de congénères, ainsi les méthodes d'éradication coûteuses perturbent les équilibres de population sans efficacité probante. Les carnivores sont capables d'adapter leur taux de fécondité en fonction des ressources alimentaires conjoncturelles.

Les études disponibles montrent :
- l’inutilité voire la contre-productivité des abattages de renards pour lutter contre une maladie dont il serait porteur,
- l’absence de corrélation entre densité des renards et densité de proies suite à des abattages de renards,
- une potentielle augmentation des populations de renards lorsqu’il subit des abattages importants.

Le mythe du renard dévastateur : Docteur Goupil ou Mister Haine

Le renard et l'élevage

Les quelques incursions dans les élevages aviaires sont contrés par des grillages enterrés ; le renard, piètre fouisseur, abandonne de creuser rapidement, à 30/50cm ; de plus les oiseaux de basse-cour devraient être abrités de nuit pour éviter les visites d' autres prédateurs comme la fouine.

Extrait de publicité : Ainsi, avec un grillage à enclos bien solide, épais, fortement enterré, les poules seront moins exposées, réduisant à néant les intentions malveillantes de ses ennemis. Les filets sont également à installer sur la volière ou sur l’enclos pour maximiser les moyens .Une oie ou un jars dans le poulailler sont aussi dissuasifs.

Le renard et le gibier

Comme indiqué plus haut, un prédateur s'attaque de préférence aux animaux malades... en vertu de la loi du moindre effort et de la dépense d'énergie minimale. Ainsi le gibier d’élevage fraîchement relâché, particulièrement mal adapté, malade ou bourré d’antibiotiques... est identifié comme proie facile.

Ici encore il s’agit de la sélection quantitative : repérés comme des individus déficients, le prédateur fait son travail en éliminant des « déviants ».

Dans le Jura, le chevreuil n'a jamais été aussi abondant que depuis le retour du lynx. Il s’agit bien du rôle de « nettoyage » des prédateurs qui éliminent les risques de maladies contagieuses. Ainsi, parfois, l’abondance en ongulés va de pair avec la présence du prédateur. Comme en rivière, le carnassier, clé de voûte, indique le bon état des biotopes et la richesse en petits poissons, ses proies.

Le renard malin ne cherche même pas à poursuivre un lièvre adulte sain, mais ramassera le lagomorphe tapé par une voiture... (rôle équarrisseur /salubrité).

Le renard est un élément indispensable à la richesse et l’ équilibre de la Nature.

Références : Le Renard par Jean-Steve Meia ; Je découvre les animaux sauvages, édité par André Leson (2 tomes) ; Aspas...

A suivre...

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