« Possessor », une tueuse dans la peau

Grand Prix du Festival de Gérardmer (tenu en ligne), le film de Brandon Cronenberg sort directement en dvd et vod.

Lors du dernier Festival du film fantastique de Gérardmer, qui s’est déroulé en ligne fin janvier, le second long-métrage de Brandon Cronenberg, « Possessor », figurait parmi les films les plus attendus. Il a d’ailleurs obtenu le Grand Prix du festival ainsi que le Prix de la meilleure musique originale (composée par Jim Williams). Mais alors qu’il aurait dû sortir dans les salles en ce printemps, « Possessor » sort finalement directement en dvd et vod, le 7 avril.

Brandon est bien sûr le fils de David Cronenberg, le cinéaste notamment de « La Mouche », « Crash », « eXistenZ », Chromosome 3 », « Spider »… Après « Antiviral », dans lequel des fans s’injectaient volontairement les virus de leurs idoles, le fiston a cette fois imaginé une forme de « transfert » dans le corps d’un autre. En ouverture, une femme poignarde sauvagement un homme dans un bar ; une fois le crime commis, elle formule cette demande « Faites-moi revenir », avant de se suicider pour justement « revenir ». Car la meurtrière n’était qu’un « hôte », un corps dans lequel la vraie tueuse professionnelle se « téléporte » grâce à une technologie utilisée par une organisation criminelle, au service de clients fortunés.

Confinée dans le corps d’un autre

En s’incarnant successivement dans le corps d’autres individus, Vos (Andrea Riseborough) commet ainsi des meurtres à la demande, à la commande ; mais la meurtrière par procuration a un peu de mal à se réhabituer à sa propre vie. Sa véritable existence n’étant pas aussi intense que les autres, Vos n’arrive pas vraiment à se poser en famille entre chaque mission. Pour la nouvelle, elle se glisse dans la peau d’un homme (Christopher Abbott) fiancé à une riche héritière. La cible : le beau-père (Sean Bean), patron d’une multinationale qui espionne informatiquement la vie des gens (toute ressemblance…).

Une fois le job accompli, Vos ne parvient pas à « revenir », le système dysfonctionne et elle se retrouve coincée, confinée, dans le corps de cet autre. Des deux êtres dans une même enveloppe corporelle, on ne sait plus alors qui maîtrise qui ; à son tour, la prédatrice est possédée par un autre. On retrouve dans « Possessor » l’ambiance, le climat, l’univers du cinéma des Cronenberg, désormais père et fils, d’autant qu’un rôle ambigu est joué par l’actrice Jenifer Jason Leigh (qui était dans « eXistenZ »), et que les obsessions paternelles (corps, violence, métamorphoses…) sont aussi celles du fils. Après avoir joué sur les troubles, le dédoublement, et « une réalité alternative », le film s’achève dans une ultra-violence éprouvante et une cauchemardesque mare de sang.

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