Portrait de « Julie (en douze chapitres) »

Prix d’interprétation à Cannes, l’actrice Renate Reinsve illumine ce film de Joachim Trier, touchant et mélancolique. (sortie le 13 octobre)

Il est curieux ce titre anglophone du film de Joachim Trier, « The worst person in the world », la pire personne au monde. On lui préfère nettement le titre français, « Julie (en douze chapitres) », car son héroïne, Julie donc, incarnée par Renate Reinsve, n’est pas la pire personne au monde. Elle est juste une jeune femme qui se cherche, qui cherche sa place dans la vie, dans un couple, ainsi que le raconte le cinéaste norvégien, en douze chapitres ainsi qu’un prologue et un épilogue.

Il y a une décennie, la jeune comédienne n’avait qu’une seule ligne de texte dans « Oslo, 31 août », second long-métrage réalisé par Joachim Trier ; cette « Julie » est son premier grand rôle au cinéma mais assurément pas le dernier, tellement la superbe actrice illumine l’écran. Ce qu’a bien remarqué le jury du Festival de Cannes qui a décerné à Renate Reinsve le Prix d’interprétation féminine. Elle incarne donc Julie, la trentaine, étudiante sérieuse, d’abord en médecine, puis en psycho, puis qui s’imagine photographe, ou encore libraire… Elle quitte un petit ami, tombe amoureuse d’un dessinateur de bédé (joué par Anders Danielsen Lie, personnage principal dans « Oslo, 31 août »), puis rencontre un autre homme (Herbert Nerdum) lors d’une fête de mariage où elle a tapé l’incruste.

Une belle séquence de temps suspendu

Julie veut s’accomplir et accomplir les choses, mais elle passe d’un truc à l’autre, d’un amoureux à un autre, d’une lubie à une autre, refuse de céder aux pressions, sentimentale, familiale, sociale… Elle ouvre de nouveaux chapitres, comme celui où elle est enceinte et pas si ravie de l’être, est très douée pour tout foutre en l’air mais, non, cela n’en fait pas la pire personne au monde, juste une jeune femme d’aujourd’hui.

Joachim Trier voulait parler d’amour bien sûr, mais aussi du « fantasme » entre la vie rêvée et celle vécue réellement. Il a ainsi imaginé une très belle séquence, onirique, où Julie arrête le temps en appuyant sur un interrupteur pour aller retrouver son amant du moment : tout et tous sont à l’arrêt, les autres êtres immobiles, en pause, et les deux amoureux seuls au monde, tel un conte. Présenté également au Festival de Deauville, « Julie (en douze chapitres) » est un mélange de comédie et de drame, de légèreté et de gravité ; il y a du romantisme, de la mélancolie, de l’émotion, et de la délicatesse dans ce portrait de femme, dont autant de chapitres forment un tout absolument touchant.

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