« On sera sur des maisons individuelles pour développer les Vaîtes »

Surfant sur son opposition au projet des Vaîtes, Ludovic Fagaut (LR) précise que son projet Terra Vesontio comprendra tout de même des « constructions raisonnées ». Sur le reste, il refuse que Besançon devienne un « laboratoire écologiste et communiste » et place sa liste comme celle du rassemblement de l’union de la droite et du centre et mise sur un plan de relance de 32 millions d’euros à destination des entreprises et des commerçants pour sauvegarder les emplois.

20200625_171245

Pensez-vous cette fois que c’est la bonne que la droite va pouvoir « prendre la citadelle » ?

On a développé cette campagne comme on le souhaitait, on a voulu faire passer les messages importants, porter des projets importants avec une équipe dynamique. On s’en remet maintenant aux Bisontines et aux Bisontins dimanche soir. S’ils veulent un avenir meilleur pour les six ans à venir, et pas repartir avec celles et ceux qui ont emmené Besançon dans ce marasme ambiant et qui sont comptable de la politique sortante, ils sauront choisir.

Quand je m’engage sur une élection, c’est pour aller au bout et viser un succès. Mais vous parlez de la droite… Si vous regardez comment la liste s’est construite et les soutiens qui affluent dans notre direction, c’est bien parce que l’on est la seule liste qui rassemble, d’union de la droite et du centre avec des personnes de sensibilités de gauche qui viennent nous accompagner dans cette démarche.

Vous parlez de rassemblement, mais la liste d’Anne Vignot a, elle, fait le rassemblement dès le premier tour, et pas au second…

Ce qui est sûr c’est que Mme Vignot est la frange la plus extrême de la majorité sortante avec une philosophie encore davantage développée lorsqu’elle appelle la France Insoumise à la rejoindre. Ils ont échangé, discuté, essayé de faire liste commune, mais n’y sont pas arrivés. On est vraiment sur de l’extrême gauche. Et je refuse que Besançon devienne ce laboratoire écologiste et communiste. Parce que Besançon doit avoir une autre ambition pour son territoire. Nous, on rassemble très largement, on n’est pas dans ce dogmatisme ni dans ce côté culpabilisant où elle voudrait nous emmener.

Pour ceux qui nous rejoignent, c’est une prise de responsabilité dans ce duel qui nous installe avec cette liste et cette coalition rouge verte poussant à l’extrême gauche. Entre le pragmatisme et l’immobilisme, entre le renouveau ou la décroissance, je crois que les gens ont fait le choix du pragmatisme et du renouveau et refusent vraiment cette frange la plus extrême pour porter la ville demain.

Vous êtes pourtant pointé du doigt par la France Insoumise qui vous accuse d’avoir recopié une bonne partie de son programme sur les Vaîtes…

Personne n’a le monopole de tel ou tel programme. On a nos convictions et nos ambitions pour un territoire. Ce qu’on porte aujourd’hui comme projet pour les Vaîtes s’appelle Terra Vesontio. On se retrouve certainement avec Mme Arnoux sur ce sujet-là, parce que l’on a toujours refusé que les Vaîtes soient bétonnés. On l’a porté durant tout le dernier mandat. On a toujours eu cette constance et on souhaite développer un projet d’envergure, environnemental, avec une ferme urbaine, des parcours éducatifs et ludiques sur cet espace des Vâites.

Il y a déjà une ferme pédagogique sur place, vous voulez installer des maraichers communaux ?

Oui il y a une petite ferme, il va falloir la développer davantage, qu’on fasse une cité idéale, une cité durable sur l’espace des Vaîtes. On a toujours dit qu’on voulait faire une ferme de production pour travailler sur les circuits-courts. Terra Vesontio est chiffré à 5 millions d’euros, ce qui comprend la ferme que l’on va développer, l’aménagement des parcours, l’outil de production à développer. Ce ne sera pas avec des maraichers communaux, on travaillera avec des vrais maraichers, dont c’est le métier.

Et comment allez-vous vous débrouiller avec les promoteurs qui attendent pour construire ?

Il faudra travailler avec eux, prendre le dossier pleinement. Je ne connais pas la nature des contrats qui lie la ville aux promoteurs. Je sais que c’est Territoire 25 qui porte les choses, je sais qu’il y a 24 ha sur ces espaces, dont 30 % des 24 ha portés dans le cadre du projet des Vaîtes portés par la municipalité. Notre idée, c’est d’arrêter l’ensemble de ce projet parce que l’on refuse cette bétonisation avec des étages à outrances.

Cela n’apparait pas dans votre plaquette dernièrement distribuée, mais vous envisagez tout de même des constructions, non ?

Quand vous discutez avec les habitants, ils ne vous disent pas je ne veux pas de constructions, ils vous disent je ne veux pas de bâtiments, c’est ça la différence. Nous on sera sur l’habitation raisonnée sur cet espace, c’est-à-dire de la maison individuelle, en rez-de-jardin pour pouvoir développer ce secteur-là. Je refus ces immeubles que Mme Vignot veut nous porter sur le territoire. Elle n’est toujours pas clair sur le projet.

Et on ne vous a pas entendu vous prononcer sur l’occupation…

Ça n’a pas sa place. On a tous la possibilité de s’exprimer, mais pas de cette manière-là. Quelle image on donne de Besançon à nouveau après les actes de délinquances sur le territoire ? Ce n’est pas ça Besançon. Si les électeurs nous font confiance dimanche, il y aura l’arrêt de ce dispositif et de ce dossier des Vaîtes.

En parlant de sécurité, pensez-vous vraiment que l’armement des policiers municipaux soit une solution pour régler les problèmes liés à la grande délinquance ?

Quand vous avez nos policiers municipaux qui vont faire leurs missions, notamment sur le quartier de Planoise, et qui tombent sur des délinquants qui sont lourdement armés, il fait quoi notre policier municipal ? Il se cache ? Par contre, lui là-bas, le policier national il est armé, vous pouvez y aller ? Ce n’est pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie.

On propose de former et de doubler l’effectif des policiers municipaux sur le territoire bisontin, ensuite de pouvoir faire en sorte de les armer et de revoir leurs missions pour qu’ils puissent gérer tout ce qui touche au tapage nocturne, à l’ivresse de voie publique, aux conflits de voisinage. En faisant ça, ils reprennent une grosse partie des missions de la police nationale, qui va pouvoir se concentrer davantage sur ce traitement de la délinquance.

Il faut aussi travailler avec le GLTD, le groupement local de traitement de la délinquance, avec le préfet, le DDSP, etc. À un moment donné, on doit peser dans cette approche-là. Il faut arrêter avec cet angélisme et ce laxisme du quotidien. Il y a 3 morts, 12 ou 13 blessés sur Planoise et on a fermé les yeux. Ça va durer encore combien de temps ?

Pour un tapage nocturne, c’est la police secours qui se déplace. Vous voulez faire travailler les policiers municipaux la nuit ?

Quand ils y vont… Parce que quand vous avez une ou deux voitures maximum qui tournent sur un territoire, c’est un peu léger. Sur le travail de nuit, ce sera un échange que nous aurons avec les policiers municipaux, sur la base du volontariat et sur des périodes de l’année. Aujourd’hui, travailler de nuit au mois de janvier ou février, ce n’est peut-être pas très pertinent. Par contre, travailler sur des horaires décalées jusqu’à 2 h ou 3 h du matin en ce moment, ça a peut-être du sens. Certains jours de la semaine ne sont peut-être pas pertinents non plus pour le travail de nuit, comme le lundi. Par contre le vendredi ou le jeudi, ça l’est un peu plus.

Et sur le plan de relance, vous évoquez le chiffre de 30 millions d’euros. Pouvez-vous nous préciser son contenu ?

Nous avons un plan de relance de l’activité économique à hauteur de 32 millions d’euros que nous mettrons tout de suite en place. Parce que c’est aujourd’hui, immédiatement que les entreprises ont besoin d’aide. Ce n’est pas dans six ans, c’est maintenant qu’elles ont besoin de trésorerie et de fonds propres. Sur les 32 millions €, on a chiffré à hauteur de 20 millions € la création d’un fonds de solidarité, d’aide à la sauvegarde des emplois. Vous avez des entreprises qui vous disent, soit je paie mes charges, mon loyer, soit je licencie. On va lui dire, tu vas payer tes charges, mais tu ne vas pas licencier, parce qu’on va t’aider à payer tes charges. Cela se fera sous la forme de prêts d’honneur, évalués entre 2000 et 8000 €.

Après, nous avons aussi les avances de trésorerie sur les marchés publics qui seront signés. Aujourd’hui, il y a environ 10 % d’avance donné par les collectivités à la signature d’un marché public, là on serait à 30 ou 50 %. Il y a aussi l’allégement pour 2021 de la cotisation foncière des entreprises pour la part agglomération. Ce sera à hauteur d’un tiers, donc 7 millions €, parce que la CFE c’est 22, 23 millions € sur l’agglo. Après vous avez toutes ces actions portées sur les restaurateurs, les exonérations sur le droit de terrasse jusqu’à la fin de l’année, le stationnement gratuit en surface jusqu’à la fin de l’année, chiffrée à 350 000 €. Parce qu’aujourd’hui, il faut permettre aux gens de pouvoir venir stationner en ville et déambuler dans nos rues.

Ce sera financé par l’emprunt, des fonds d’État, des fonds européens sur lesquels on peut travailler. Mais aujourd’hui on va d’abord travailler sur l’emprunt. C’est immédiatement que les entreprises en ont besoin. Au mois de septembre-octobre, vous allez avoir des gens qui vont perdre leur emploi. Ce n’est pas dans six mois que les entreprises ont besoin d’aide, c’est maintenant.

Est-ce que cela ne va pas à l’encontre de la doctrine libérale sur la maitrise de la dépense publique ?

On est obligé, on annonce un million de chômeurs en plus d’ici la fin de l’année. Il faut que l’on prenne notre part de responsabilité par rapport à ça.

Et quel est votre ressenti face aux crises que nous traversons ?

On a vécu une crise sanitaire sans précédent qui a montré notre vulnérabilité à la fois en matière de santé et de logistique. Elle montre aujourd’hui que l’on a une crise économique et sociale qui va arriver. C’est pour ça que notre plan de relance, très pragmatique et très cohérent, a tout son sens aujourd’hui. Nous voulons éviter de rajouter de la crise à la crise et prendre notre part de responsabilité.

Envisagez-vous aussi d’autres mesures pour répondre à la crise sociale ?

Regardez, on se trouve dans un espace de café. Si vous avez un bistrot qui vous dit bah moi, j’ai 3 mois de loyers à donner. Soit je le paie et il faut que je sorte 6000 €, soit je garde un emploi. Mais avec ce qu’on lui apporte en termes de plan de relance, on va l’aider à payer ses charges et l’aider à maintenir cet emploi. C’est un effet des vases communicants.

Et si c’est le cas, comment entendez-vous mettre en œuvre une transition écologique ?

L’écologie n’est pas l’apanage d’un parti, ça n’appartient à personne et personne n’en a le monopole. On a tous notre part de responsabilité, ce n’est pas parce que je suis de gauche que je suis écologiste et que je suis de droite que je ne le suis pas. C’est des vieilles pensées ça. On refuse cette écologie culpabilisante et privative qui, à un moment donné, va priver les gens de liberté. Le maire a sifflé la fin de la récréation assez rapidement quand Mme Vignot crée sa coronapiste en opposant les vélos aux voitures. Nous on veut fonctionner par choix. À Besançon il pleut 165 ou 168 jours par an. Quand vous emmenez votre enfant s’entrainer au club de foot. Vous faites comment ? Quand les horaires de bus ne correspondent pas ? Vous êtes bien content de prendre votre voiture…

On ne veut pas opposer les uns aux autres. On veut une écologie pragmatique, constructive, avec des éléments très concrets à développer sur le territoire. C’est comme notre projet des Vaîtes, ça ne leur fait pas plaisir, mais on le porte. Et pour les pistes cyclables, on le fera en site propre pour ne pas venir empiéter sur les voies automobile. Il faut venir travailler avec des artères ou du foncier disponible de l’armée ou de la SNCF. Est-ce que vous vous êtes déjà posé la question quand vous rentrez sur le boulevard après le rond-point de l’amitié de ce qu’il y avait sur le pont de chemin de fer que l’on voit ? Il n’y a rien, donc ce sont des espaces qui peuvent être utilisés pour faire passer des vélos.

Il y a aussi la végétalisation de l’espace public pour créer des ilots de fraicheurs. Qu’est-ce qu’il nous empêche d’avoir des arbres ici sur la place du 8 septembre. Et on n’est pas obligé de taper dans le macadam, on peut mettre des pots avec des fleurs aussi, des jardins éphémères.

Des pots et des jardins pour créer des places végétalisées ?

Il y aura aussi un travail avec nos écoles, il faut qu’elles soient végétalisées, enlever le macadam que l’on a dans les cours d’école, mettre des structures et des surfaces perméables, qui permettent à l’eau de pénétrer, il y a des matériaux qui le permette aujourd’hui.

Vous avez axé votre campagne et votre communication sur l’image d’un homme moderne, alors que l’on vous renvoie votre opposition au mariage pour tous…

La question ne se pose pas, je célébrerai les mariages pour tous sans problèmes. Parlez-moi de Besançon et de son développement, je ne vous ai pas forcement entendu les uns et les autres aller chercher chez Mr Alauzet ces retours de vestes quotidiens, chez Mme Vignot ses alliances avec l’extrême gauche.

Et concernant les gens du voyage, notamment la question des aires qui ne sont pas aux normes, comment comptez-vous régler ce problème ?

Il y a aussi un problème des gens du voyage qui viennent s’installer de façon insidieuse sur des terrains agricoles où ils n’ont pas lieu d’être. J’ai vécu une situation sur mon canton à Saône où ils se sont implantés sur une zone de terrain agricole. Ils sont allés voir à Marchaux Chaudefontaine, sur un terrain qui avait le même fonctionnement, mais non, ils préféraient rester ici. Je trouve que c’est un peu moyen.

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !