Majoritaire chez les lieutenants, capitaines et commandants depuis les récentes élections professionnelles dans la police, le Syndicat national des officiers de police (SNOP) réunissait mercredi 28 avril 2010 à Besançon ses délégués départementaux et régionaux du Grand-Est (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne, Champagne-Ardenne) où exercent 820 officiers.
Revendiquant son indépendance par rapport au pouvoir, « quelle que soit la majorité », le SNOP se démarque du syndicat Synergie qu'il estime « partisan ». On ne saurait lui donner tort, Synergie ayant régulièrement réagi à certains faits divers en lieu et place du ministère de l'Intérieur. Son leader a même dirigé la liste UMP aux élections régionales en Seine-Saint-Denis. Il vient d'ailleurs d'être nommé sous-préfet hors-cadre...
Le SNOP critique aussi la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy : « La politique du chiffre a atteint ses limites », explique Franck Stéphan, secrétaire de la zone Est. « Des enquêtes peuvent être longues à mener. Il faut par exemple des moyens importants (enregistrement, psychologue...) pour l'audition d'un enfant dénonçant des attouchements, et ça peut se dégonfler. On en est arrivé à tout quantifier, par exemple un nombre préalable de gardes à vue par unité ». Résultat : soit les officiers sont mal notés, soit ils font des gardes à vue « inutiles ».
«Guerres de services »
Le malaise est d'autant plus palpable que l'évaluation de l'activité selon les taux d'élucidation d'affaires « donne lieu à des guerres de services, ou des mains courantes remplaçant les prises de plaintes ». Sans compter le « flicage des kilomètres sur les enquêtes » et les budgets de fonctionnement « fondant parfois de 20% ». Franck Stéphan dénonce aussi des « critères infantilisants » entrant dans la notation qui « s'adosse à des jugements sur la présentation ou la qualité artistique ! » Un inspecteur à queue de cheval, ça s'est vu à Besançon, ça ne serait « plus possible ». Malgré d'incontestables qualités professionnelles et humaines.
Toutes ces récriminations commencent à bien faire. Dans le contexte de la révision générale des politiques publiques en cours et du rapprochement avec la gendarmerie, elles s'ajoutent au « manque de lisibilité à terme » du devenir de la maison. Il y a des incertitudes relatives au partage du territoire : Héricourt gardera-t-elle un commissariat dans le cadre de la police d'agglomération ? Vesoul est-elle assez grande pour rester dans le giron policier ou sera-t-elle confiée aux gendarmes ?
Le SNOP veut bien aborder ces questions. Il admet que le ratio « flics (policiers et gendarmes) sur population est élevé en France, en particulier en Ile-de-France qui concentre 45 % des policiers ». Mais il met un préalable de taille à la constitution d'une police unifiée : « On ne peut pas aller plus loin dans la répartition des commandements sans unification des statuts ». Le SNOP assure qu'il y a beaucoup à faire, qu'il s'agisse du régime indemnitaire qui « oublie 75 % des officiers » ou de la situation comparée des officiers de police et des officiers de gendarmerie qui « ont des problèmes de territorialité mais sont logés et mieux payés » alors que la police « traite 80 % de la délinquance ».
En mai, les instances nationales du SNOP feront la synthèse des réunions de zones et décideront d'éventuelles actions.