« L’origine de la fin du monde » : vie et mort de la Loue

La Loue tourbillonne dans un noir et blanc informe. Tapie dans la vallée, la petite ville d’Ornans surgit de l’ombre, éclairée et cadrée comme un tableau de Gustave Courbet. Soudain, les roches blanches crayeuses naissent dans la lumière de l’aube. Le peuple de la terre, - insectes et fourmis, - grouille déjà. Les arbres dansent au-dessus de grottes ancestrales. Ombres et lumières. Courbet est là dans la vallée. Le film cherche, semble-t-il, sa trace dans les feuillages épais, les roches, la vie animale et végétale. Ainsi commence « L’origine de la fin du monde » de Julien Guiol et Jean-Marc Vienot.

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Sur fond rouge sang en exergue du film on peut lire : « Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée. Être à même de traduire les mœurs, les idées, l’aspect de mon époque, selon mon appréciation ; Être non seulement un peintre mais encore un homme ; en un mot faire de l’art vivant, tel est mon but. » (Courbet 1855).

La Loue tourbillonne dans un noir et blanc informe. Tapie dans la vallée, la petite ville d’Ornans surgit de l’ombre, éclairée et cadrée comme un tableau de Gustave Courbet. Soudain, les roches blanches crayeuses naissent dans la lumière de l’aube. Le peuple de la terre, - insectes et fourmis, - grouille déjà. Les arbres dansent au-dessus de grottes ancestrales. Ombres et lumières. Courbet est là dans la vallée. Le film cherche, semble-t-il, sa trace dans les feuillages épais, les roches, la vie animale et végétale. Ainsi commence « L’origine de la fin du monde » de Julien Guiol et Jean-Marc Vienot.

Le titre du film n’est pas énigmatique : il s’agit de la chronique d’une mort annoncée. De quelle mort s’agit-il ? De la fin du monde ? Peut-être. Pas de mots. Juste la déambulation de personnages, petite fille, femme, braconnier, chasseur. Des sons. La nature en est faite. Cris de bêtes, chuchotement de l’eau. Crissement de pas dans les feuilles. Juste de petites touches de musique.

Dans cette nature verdoyante, la rivière est basse. Comme dans l’œuvre de Courbet « La Truite » git échouée sur la grève. Le sang coule au bord de son ouïe. Dans ce film, la truite meurt aussi, pas comme celle de la toile symbole des malheurs du peintre, mais plutôt une truite d’ici et maintenant, dans une rivière malade. Les images dessinent par petites touches des impressions sensorielles mêlées à des sonorités travaillées. Le film avance entre le lyrisme sombre proche de Courbet et la réalité de la rivière.

Être non seulement un cinéaste mais encore un homme peut-on dire des auteurs du film. Filmer aujourd’hui pour Julien Guiol et Jean-Marc Vienot, c’est montrer ce qu’ils voient, ce qui se passe dans la rivière qu’ils connaissent bien. Le formuler de manière sensuelle et poétique, c’est rendre hommage à la beauté. Mais la menace pèse à chaque image dans les bruitages et la violence des couleurs.

Les dernières images du film, un accouplement d’abeilles et le butinage des fleurs ressemblent-ils à un espoir ou à l’image d’un paradis perdu ? Soudain, le bruit s’efface. Une musique douce accompagne des images paisibles de fleurs et de papillons. Tout n’est pas fini semblent conclure les deux scénaristes.

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