Lons-le-Saunier, capitale de la contestation ce week-end

Ils étaient environ 500 Gilets jaunes à battre le pavé ce samedi à Lons-le-Saunier, dans le cadre d’un appel régional. Parti depuis la gare, le cortège a emprunté les axes majeurs de l’agglomération et du centre-ville, rejoignant ensuite le rassemblement devant l’hôpital en lutte. La présence d’autonomes au visage dissimulé au sein du cortège et de quelques poubelles renversées a fait débat, tandis que les forces de l’ordre sont restées quasi-invisibles.

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Ce samedi, l’épicentre du mouvement social était situé dans le Jura. Organisé de longue date, l’événement a réuni environ 500 personnes venues de toute la région Bourgogne/Franche-Comté, avec en tête les fidèles de Besançon et de Mâcon. Rendez-vous était fixé à 14 h au parking de la gare, pour réunir les troupes et les galvaniser par des allocutions libres. Départ trente minutes plus tard en fanfare, la D678 étant « réquisitionnée » pour l’occasion.

 Une banderole de tête est déployée — « partout tout le temps » —, alors que d’autres étendards se font aussi visibles : « redonnez-nous nos services publics en taxant les gros » ou « mangés à la sauce Macron. » Drapeaux tricolores, comtois, rouges, et « made in Jura », côtoient les pancartes « lorsque l’injustice devient la loi la Révolution est une obligation », « Dictature en marche », ou encore « en cas de conscience brisez la vitre (avec un chasuble jaune dans une boîte en verre). »

 « Anti, anti, anticapitalistes », « on en a marre de ces guignols, qui détruisent nos usines et nos écoles », et « Emmanuel Macron on vient te chercher chez toi » restent les slogans les plus repris ; fumigènes et pétards achèvent de rythmer l’ensemble. Après avoir croisé une parade maritale, un crochet est réalisé par le centre commercial et surtout la station essence — la question du prix à la pompe reste sensible —. Puis direction l’hôpital, pour y soutenir la mobilisation des équipes.

 

 

« L’hôpital n’est pas une entreprise »

L’entrée du centre Jura-Sud est rejointe vers 15 h 30, dans le silence afin de symboliser « la mort des services publics. » Sur place plus d’une centaine de personnes assiste déjà à des prises de parole des personnels et syndicats, pour beaucoup en grève et en lutte depuis plusieurs mois afin de dénoncer des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. Cette convergence permet à chacun de se saisir de la cause, déjà évoquée avec gravité tout le long du parcours par les Gilets jaunes.

 « L’hôpital n’est pas une entreprise, le patient n’est pas une marchandise » entend-on chantonner. Après une traversée du site, tous se retrouvent pour gagner le centre-ville. Au sein des troupes, nombreux sont des « durs » de la première heure déjà mobilisés sur les ronds-points du 17 novembre… petits artisans, retraités, salariés, mais aussi étudiants et précaires, persistent ainsi à dénoncer « les fins de mois dès le 15 » et « l’injustice pour ceux qui créent les richesses. »

 Une vingtaine de jeunes autonomes sont également présents depuis le début. Comme plusieurs autres participants, ils arborent des protections dans l’éventualité de confrontations. La présence policière a pourtant été quasi-inexistante, au début seul un fourgon avec deux passagers se contentant de suivre passivement le défilé à l’arrière. Et si une « BAC » a bien été aperçue près de l’hôpital, l’équipage se composait d’à peine trois agents. Tous ont décampé à 16 h.

 

La présence des autonomes fait débat

Rue des Cordeliers, un attroupement se forme lorsqu’un riverain lance des seaux d’eau sur la foule ; cloîtré à son domicile, l’indélicat ne sera pas inquiété. Après la place de la Liberté et la rue du Commerce, vers 16 h 15 un cortège de tête se met en place. Poubelles, barrières, et panneaux, sont balancés sur la chaussée, un container à verre est renversé, et des horodateurs ciblés. Des actions qui font débat dans les rangs entre l’opposition et les soutiens à ce type d’actions. Dans une proportion de 70-30. Toutefois, si beaucoup ne sont donc pas contre le fond « insurrectionnel », la plupart évoquent « une montée en température qui n’est pas nécessaire, voire contre-productive, dans ce contexte. » Plusieurs passages sont marqués devant des institutions totalement vides, tels le commissariat de la ville ou la Préfecture du Jura.

 Les centaines de téméraires qui souhaitent finir par une action d’éclat se dirigent vers le McDonald’s. À 17 h 10 le restaurant est ainsi pris d’assaut, les « équipiers » ne pouvant que constater la situation. « MacDo paie tes impôts ! » lance la foule avec frénésie, l’enseigne ayant d’ailleurs écopé d’un redressement fiscal de 300 millions d’euros par Bercy. Une dizaine de minutes plus tard, les « perturbateurs » repartiront sans heurts. Une lente dispersion s’amorce, non sans rester visible en réalisant une opération filtrage et sensibilisation sur cette même D678. Le week-end prochain, beaucoup se sont donné rendez-vous à Besançon, pour le rassemblement régional du 5 octobre.

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