Les SPIP montent en pression

Seconde « semaine morte » dans les services pénitentiaires d'insertion et de probation. Après un rassemblement mardi devant la prison de Besançon, les conseillers sont jeudi 8 juin pour la deuxième fois devant le palais de justice pour réclamer des moyens.

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Dix jours après une première action devant le palais de justice de Besançon, la mobilisation des conseillers d'insertion et de probation se poursuit cette semaine au niveau national où 63 sites sont concernés par une opération « spip mort ». Elle consiste, en l'absence de droit de grève, à n'assurer que les convocations urgentes en milieu ouvert et les entretiens en détention pour les entrants et les urgences. Les conseillers ne répondent pas non plus au téléphone ou aux courriels. 

Une rencontre a bien eu lieu le 27 mai avec la directrice générale de l'administration pénitentiaire qui a « entendu » les revendications mais n'a « pas la main » sur les traductions budgétaires, expliquent les délégués locaux des syndicats CGT, CFDT et FSU à l'occasion d'un rassemblement ce mardi entre 12 h et 13 h 30 devant la maison d'arrêt de Besançon. Presque tous sont là, à quelques mètres de l'entrée des visiteurs où quelques familles attendent de pouvoir entrer.

La carte de France des SPIP mobilisés.

 

Un surveillant sort, manifestement en phase avec le mouvement. « Les conseillers d'insertion et de probation font la liaison avec l'extérieur qu'on ne fait pas, ce sont des choses à gérer en moins pour nous ». Par exemple ? « Quand une famille veut envoyer de l'argent à un détenu et qu'il faut un relevé bancaire, c'est la panique. Ou quand ils ont besoin d'un certificat de présence à la maison d'arrêt. En fait, les SPIP rassurent les détenus, il y en a besoin. »

Certes, le SPIP complique parfois la vie des surveillants, notamment quand il y a des absences. Par exemple quand il faut ouvrir une cellule ou aller chercher un détenu pour un entretien...

« Seul face à la souffrance du mec »

Conseiller d'insertion et de probation est varié, comme nous l'expliquaient des professionnels lors du premier rassemblement. Mais ce métier qui sert aussi à détendre des situations, réserve parfois des moments difficiles : « il y a peu, une famille nous a appelés pour prévenir un détenu du décès d'un cousin de 10 ans... On est seul face à la souffrance du mec, on essaye de trouver les mots, on rappelle la famille après... »

Un camion s'arrête devant la lourde porte. Le chauffeur de la voiture qui suit le double en trombe, mordant sur la ligne médiane alors qu'un véhicule arrive en face. « Il y en a qui mériteraient d'être enfermés », réagit une conseillère du SPIP. « Il y a quand même une gradation dans les peines », dit Jérôme Binetruy, le délégué CGT. « Il y a des gens dangereux, mais il ne faut pas les oublier en prison », ajoute Nadine Rey, la déléguée CFDT.

« Toutes les démarches sont lourdes en prison... »

La prison reste cependant considérée comme une zone de non-droit. C'est ce que relèvent les défenseurs des droits humains ou l'observatoire des prisons. Tout en évitant de généraliser, ils constatent que les peines sont plus lourdes que la seule privation de liberté. Nadine Rey nuance : « à Besançon, les détenus peuvent voter, mais ils sont très nombreux à ne pas le faire... Enfermer n'est pas exclure. Toutes les démarches sont lourdes en prison... »

Par exemple, le droit à l'intimité, à la sexualité, est garanti mais pas encore réel : « une unité de vie familiale est en projet à Besançon, ce sont des petits appartements où la vie de couple, ou de famille, est possible sur un week-end », dit Nadine Rey tandis que Jérôme Binetruy évoque les journaux ou la télévision en s'offusquant que certains, à l'extérieur, s'en indignent. Ils sont bien placés pour le savoir, c'est indispensable : « l'emprisonnement, c'est la privation de liberté et rien d'autre... ». L'exercice de ces autres droits permet de « rester connecté à la réalité. C'est essentiel dans la perspective de la sortie... »

Ecouter les conseiller d'insertion et de probation, c'est aussi reconnaître leur engagement professionnel et l'expertise de leur regard. 

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