Les passeurs de lumière

La 73e Rencontre Internationale de Pontarlier se tient du 1er au 3 février. La lumière selon la Pontissalienne Hélène Louvart, directrice de la photo des films de Dominique Cabrera, est au menu.

heleneLouvart4
Le programme détaillé de la 73e Rencontre ici

Le cinéma est une affaire de lumière. On peut décliner ce mot depuis les origines de cet art (les frères Lumière) jusqu’à l’instant où des femmes et des hommes de l’ombre, (seulement cités dans le générique) sculptent la lumière sur les visages et les lieux pour nous faire rêver et provoquer notre émotion dans les salles obscures. Tapis dans l’obscurité, nous attendons que l’écran s’allume et que le rais de lumière au-dessus de nos têtes vienne surprendre notre imaginaire, bousculer nos certitudes, inventer un monde à la hauteur de nos désirs…

Hélène Louvart était à bonne école au Lycée Xavier Marmier lorsque Pierre Blondeau invitait les lycéens au Ciné-Club chaque mardi au Théâtre de Pontarlier. « Ensuite j’ai assisté aux Rencontres pour découvrir des films de réalisateurs du monde entier : celles qui m’ont le plus marquées étaient l’intégrale Elia Kazan et celle de Fassbinder. J’ai pris conscience qu’il y avait une équipe autour du réalisateur ». Elle choisit alors de faire des études de cinéma et à la sortie de l’Ecole Lumière travaille comme directrice de la photographie sur « Cœurs croisés » de Stéphanie de Mareuil. « J’ai choisi de travailler sur la lumière parce que sur ce poste, on est près du réalisateur. C’est un poste privilégié. Et puis sans l’image, il n’y a pas de cinéma. L’image, c’est un cadre, mais c’est avant tout une lumière. La lumière raconte beaucoup de choses. Elle est un support pour l’histoire ».
Hélène Louvart a reçu le « Cinematographer award » 2012 le 1er décembre dans la salle mythique de Los Angeles, le cinéma New Beverly.

Parler de Dominique Cabrera fait partie des bonheurs de son métier « Avec Dominique chaque film est une nouvelle expérience : on invente chaque fois autre chose. On ne reste pas sur des acquis. C’est une entente naturelle. Je l’aide à rechercher quelque chose. »

Alternance de documentaires et de fictions

Dominique Cabrera a réalisé deux films en Franche-Comté
Lire la suite

Dominique Cabrera s’inspire du réel et de sa vie pour faire des films. La plupart de ses personnages aspirent au changement et rêvent d’une vie meilleure. Son cinéma s’appuie sur ses utopies, son approche de l’intime et du collectif, son aspiration à changer le monde. En 1985, elle tourne un premier documentaire intitulé « J’ai droit à la parole » où l’on voit des locataires d’une cité parisienne s’organiser. Depuis, elle ne cesse de porter un regard sur la vie sociale « Une poste à la Courneuve » (1994) ou encore « Rester là-bas » (1992), où elle aborde un des thèmes récurrents de son œuvre, le rapport entre la France et l’Algérie. En 1995, avec « Nadia et les hippopotames » (co-écrit avec Philippe Corcuff) une fiction sur les grèves de la SNCF, elle se fait connaître et depuis alterne documentaire et fiction ; la matière de ses films est avant tout le cinéma et pas n’importe quel cinéma, celui qui questionne, celui qui milite, celui qui invente des instants de poésie.
Depuis 1993, Dominique Cabrera travaille avec Hélène Louvart, l’une à la caméra, l’autre à la lumière : «  J’ai commencé de travailler avec Hélène sur un court métrage « Traverser de jardin ». Depuis on a cheminé ensemble. On fait les choses sans se parler parce qu’on est bien ensemble. Travailler avec une chef op c’est comme faire un film avec un acteur : on se dit que ça va faire du bien au film… C’est une sorte de porte parole. C’est comme quelqu’un qui interprète une musique. C’est quelque chose de très heureux. C’est fragile. C’est comme la vie. Cela peut aussi se transformer …»

En croisant le regard d’une cinéaste et celui d’une directrice de la photographie, le Ciné-Club permettra aux cinéphiles d’emprunter d’autres sentiers pour aborder la complexité du cinéma. Toujours dans cette optique des films de réalisateurs contemporains seront présentés comme « La Blessure » de Nicolas Klotz, « Y aura-t-il de la neige à Noël » de Sandrine Veysset, « Copacabana » de Marc Fitoussi, « Pina » de Wim Wenders …

Newsletter

Lisez la Lettre de Factuel

ABONNEZ-VOUS À LA NEWSLETTER !