« Les Envoûtés » et leurs fantômes

Dans ce film, Pascal Bonitzer tente une approche vers le cinéma fantastique. Sara Giraudeau incarne une jeune pigiste chargée d’interviewer un peintre solitaire joué par Nicolas Duvauchelle.

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Dans les rues de Paris, un homme et une femme se rencontrent ; ils se connaissent, se sont aimés, bavardent, puis se disent au revoir. Rien d’invraisemblable dans cette rencontre, on est même dans le banal. La suite du film de Pascal Bonitzer, « Les Envoûtés » (sortie le 11 décembre), montrera que cette rencontre n’est pas anodine. Le réalisateur, qui avait vainement tenté d’adapter par le passé un roman de Gombrowicz, en a repris le titre, mais en fait « Les Envoûtés » est plutôt l’adaptation d’une nouvelle de Henry James, « Les amis des amis ». S’il a souvent réalisé des comédies ou des chroniques sociales (« Encore », « Rien sur Robert », « Cherchez Hortense », « Le grand alibi »…), Bonitzer a cette fois tourné un « conte d’amour, de folie et de mort », avec une histoire imprégnée de surnaturel.

La rencontre du début renvoie Coline (jouée par Sara Giraudeau) à ce qui s’est déroulé trois ans plus tôt. Alors jeune pigiste, elle est chargée de rédiger pour un magazine « le récit du mois », et d’aller interviewer un peintre dans les Pyrénées, Simon (incarné par Nicolas Duvauchelle). Celui-ci prétend avoir vu sa mère alors qu’elle venait juste de mourir. Coline est d’abord plutôt sceptique, mais sa meilleure amie, Azar (Anabel Lopez), lui raconte la même chose : elle a vu son père mort. Intriguée, Coline va donc voir cet homme qui vit seul dans la montagne, le rejette dans un premier temps avant de tomber dans ses bras.

« Où il y a mystère, il peut y avoir mystification »

« J’étais dans la fiction pure », assurait le cinéaste lors de l’avant-première du son film au Caméo, à Nancy. Pascal Bonitzer ne s’est pas vraiment documenté sur ces histoires de fantômes, se consacrant plutôt à l’histoire d’amour entre un sauvage solitaire et une fille du genre compliquée. « On peut être assez misanthrope et cacher des trésors de tendresse, cela correspond bien à la fois au personnage de Simon et à Nicolas Duvauchelle. Coline est double aussi, elle a ce côté timide, effarouché, et elle peut être capable de traits de perversité », dit le réalisateur, « Les personnages ne doivent pas avoir que deux dimensions, chacun d’entre nous a des contradictions, des mystères, c’est ça qu’il faut exprimer aussi dans des personnages de cinéma ».

Dans ce film co-écrit avec sa coscénariste habituelle, Agnès de Sacy, le cinéaste joue avec l’atmosphère étrange et inquiétante d’une vallée montagneuse embrumée. C’est aussi un film « à twist », qui vire vers le cinéma fantastique : « Quand on est au cinéma, on est là pour croire, même si ce sont des choses extravagantes ou impossibles », estime-t-il, « Là où il y a mystère, il peut y avoir mystification ». « Les Envoûtés » est encore un film sur la croyance, les apparences. « Aller au cinéma, c’est laisser les fantômes venir à notre rencontre. Ils ont quelque chose à nous dire », assure Bonitzer.

 

 

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