Le raid Handi’Forts de Besançon : entraide, courage et détermination

Pour sa dixième édition, la manifestation accueille ce week-end vingt-quatre équipes de six personnes réunissant valides et handicapés. Reconnue « ville handisport de l'année », Besançon a convié cette année l'équipe de Pavie, sa jumelle italienne. Nous l'avons accompagnée le premier jour.

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« Andiamo, Andiamo » ! Raffaella, 54 ans, employée de banque à Pavie, ville jumelée avec Besançon, encourage Matteo dans la première monté du parcours. Atteint de trisomie 21, le jeune homme est connu comme le loup blanc ici. Il participe pour la deuxième fois à cette manifestation qui réunit des équipes de six : un professionnel du monde spécialisé, une personne handicapée mentale ou psychique, une personne handicapée sensorielle ou moteur, un sportif bisontin,  deux représentants des institutions  ou des entreprises...

L'envie de Matteo fait plaisir à voir. Devant, Carolina, 27 ans, étudiante en chimie et en techniques pharmaceutiques à l'Université de Pavie, gagne du terrain. Ses troubles légers de la personnalité ne l'empêchent pas d'être très proche et complice de Chiara, une jeune étudiante en médecine, venue participer à l'événement en tant que bénévole. Avec elle, Andrea, instructeur d'hippothérapierééducation fonctionnelle médiatisée par le cheval de 34 ans dans l'association Sogni e cavalliRêves et chevaux, en italien. Il entraîne Matteo et Carolina. Cette dernière s'est gravé sur la peau la marque indélébile de son amour pour les chevaux.

La première difficulté traversée, le groupe s'arrête au gymnase Clémenceau. Une épreuve de basket fauteuil les attend. La règle est simple : après un slalom, il faut tenter de marquer un maximum de paniers dans un temps imparti. Aucun problème pour Matteo. Le jeune homme enchaîne les paniers et fait grimper le score de son équipe. « Viens jouer à Besançon, je suis sûr qu'il fait meilleur qu'en Italie », plaisante un joueur de l'équipe handibasket de la ville. Pendant ce temps, Raffaella répond à un quiz à remplir pour la fin de la journée sur les pompiers, leur mission, et les gestes d'urgences. La barrière de la langue ne l'impressionne pas : cette maman sportive a effectué sa maternelle ainsi que son école primaire en France.

Difficile, et alors ? 

Il faut repartir. La fatigue se fait sentir, le rythme est moins soutenu... Et le temps se couvre. L'objectif est désormais d'atteindre Saint-Ferjeux pour une épreuve de tennis de table. Raffaela évoque l'importance de l'hippothérapie : « c'est un moyen d'éveil, très efficace, reconnu en Italie », confie t-elle. Carolina en est passionnée. Elle est déçue d'apprendre qu'aucune compétition d'équitation n'est prévue ce samedi. Mais tant pis, c'est sourire aux lèvres qu'elle reprend la tête de la marche.

Arrivés au complexe de tennis du quartier, trois groupes sont formés. La doyenne s'essaye à la pratique non voyante de ce sport. A coté Chiara et Matteo, ainsi qu'Andrea et Carolina forment les deux doublettes. Confrontées à deux excellentes équipe, ils ont du mal à s'en sortir, et c'est Raffaella qui ramène les seuls points de cette épreuve.

Malgré l'échec, la squadra se dirige confiante et motivée vers le complexe du Rosemont pour une épreuve de base-ball. Sur place, Khedaffi Djelkir, champion olympique de boxe aux jeux de Pékin, nous attend : « utiliserez-vous votre joker vous permettant de doubler les points ? » Matteo prend la carte des mains de Raffaela et la tend au champion : « oui, on l'utilise », dit il en italien. Le défi est lancé. L'objectif est de frapper la balle pour qu'elle atterrisse dans l'une des trois zones, apportant chacune un nombre de points différent. Au terme d'une démonstration technique l'équipe obtient 100 points. Près de trois fois le score moyen des équipes précédentes... Pavia est de retour.

Un peu plus que du sport

Voici l'épreuve de cyclisme : deux tandems et deux vélos. Je monte avec Matteo. 6 km jusqu'au parking Chamars en passant par Velotte. La star du jour est émerveillée par la vue qu'offre la piste cyclable sur le Doubs. « C'est beau, c'est magnifique », répète t-il. A cet instant, le sport n'est plus le pourquoi du rendez-vous. Il est un outil qui permet de partager un moment unique. C'est peut être cela l'esprit du raid Handi'Fort dont parlait le maire, Jean-Louis Fousseret, vendredi en conférence de presse. C'est peut être cela aussi qui donne à Matteo la force de pédaler bien plus vite que ses coéquipiers.

A Chamars, une équipe du SDIS 25 propose une épreuve un peu spéciale... Il faut enfiler la tenue de pompier, dérouler et assembler une lance à eau, puis poser... pour une photo. Carolina s'active énormément, Matteo subit le contre coup de sa dépense d'énergie à vélo. Malgré ces difficultés le travail est accompli...

A midi Carolina, Matteo et les autres ont la visite d'une invitée surprise. Héléna, directrice de l’association Sogni e cavalli pour laquelle ils concourent. Un bon moyen de motiver les troupes avant les dures épreuves de l'après-midi.
Dimanche matin ils reprendront la route de la « compétition » avec cette même envie, et surtout cette même solidarité, qui permet aux équipes de se dépasser.

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