Le plaisir de blablater Chez Jeanine

A Nevy-sur-Seille, le café blabla de Chez Jeanine anime joyeusement un dimanche matin par mois. La dernière fois, on parlait de l'horizon. C'est fou ce qu'on peut en dire...

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Le vin est bon à Nevy-sur-Seille. Aussi bon qu'à Château-Chalon qui surplombe ce village-rue tout en longueur. Arrivant par Voiteur, le voyageur qui ne renouvelle pas systématiquement sa cave à chaque passage continue souvent son chemin jusqu'à Baume-les-Messieurs. Vous savez ce petit village à la célèbre abbaye cistercienne qui partage avec Château-Chalon le label Les Plus beaux villages de France, et se niche accessoirement au coeur de la plus célèbre reculée jurassienne. On vous recommande chaudement le détour si vous n'y êtes jamais allé. Prévoyez aussi d'éventuellement visiter la grotte et/ou d'escalader les sentiers à flanc de falaise...

Au café Chez Jeanine, la patronne Dédée, petite fille du fondateur du lieu, regrette de ne pas voir souvent les habitants du village. « Il y a deux clans, et ne pas venir au bistrot les empêche sans doute de s'engueuler », commente une habituée. Du coup, la clientèle est composée de touristes et de locaux venant surtout des villages environnants, voire des villes à peine plus loin, Lons ou Poligny, qui viennent casser la croûte ou écouter un brin de musique.

« L'homme est-il à la mesure de l'horizon ? »

Il faut dire aussi qu'un dimanche matin par mois, en général le premier, à 11 heures, Chez Jeanine se transforme en Café Blabla. On prend un thème, on demande à quelqu'un qui s'y connaît un peu, ou beaucoup, et hop, on le fait en parler dix minutes et les convives y ajoutent leur grain de sel. Le premier dimanche de cette année, c'est Christian Boisson, ancien prof de philo qui s'y est collé. Pour parler de l'horizon. Juste là où l'on rentre dans la reculée, à moins qu'on en sorte. D'un côté la vallée encaissée en cul de sac, de l'autre la Bresse qu'on devine plus qu'on ne la voit. Bref, l'horizon est pluriel à Nevy-sur-Seille.

Christian Boisson l'a bien compris et parle de « polysémie » du concept. De sa dimension physique, métaphysique, politique, sensorielle. « L'homme est-il à la mesure de l'horizon ? » Et l'inverse ? Peut-on saisir ce paradoxe insaisissable ? Peut-on saisir ce paradoxe qui parle d'horizontalité, et donc de verticalité ? Et que se passe-t-il quand on monte, à Château-Chalon ou sur le Mont Blanc ? Qu'advient-il de l'horizon ? Il s'élargit mais aussi s'éloigne. A-t-il des limites ? Mais alors, s'en approche-t-on ? 

N'est-ce pas aussi l'occasion d'un tour d'horizon, destiné à faire le point ? C'est ce qu'on fait quand on prend de la hauteur, non ? Christian Boisson arrive même à conclure en évoquant Gramsci qui, du fond de sa prison à l'horizon (historique et politique) bouché parlait du vieux monde qui empêche le nouveau de naître...

« Le sens de notre passage sur Terre »

Des habitués sont là, des peintres, un sculpteur, des amateurs éclairés, des blablateurs... L'animateur Pierre distribue la parole, certains la prennent d'emblée, quelques uns écoutent, opinent. Un nouveau venu ? On l'écoute avec attention. Parler de l'horizon ramène chacun à son univers propre et le mot de départ, devenu prétexte de la conversation, s'enrichit. « La politique devrait avoir une vision », dit une femme. « Et l'horizon marin ? », dit un homme. Un autre ajoute celui du désert, une autre s'interroge : « la verticalité est-ce les pieds sur terre et l'horizontalité la tête dans les nuages ? » Et la marche, « le dépassement pour aller voir derrière » 

Puis, comme on est quand même au café, on s'en jette un derrière la cravate. Certains même un deuxième. Puis arrive midi, le temps de rappeler le programme des prochaines fois. Celle qui vient est avancée d'une semaine, au 31 janvier, pour cause de Percée du vin jaune qui se tient pour de juste le premier dimanche de février. On y parlera de la région, de ses compétences, ses atouts, ses défis... Le 6 mars, il sera question de s'interroger sur « le sens de notre passage sur Terre » en compagnie de Mathilde Dromard, Dominique Lemaître et Thierry Combe. Le 3 avril, Guislaine de Sury et Marie-Odile Mainguet parleront de la violence...

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