Le cinéma en crise sanitaire

Le développement du streaming et la vitalité des séries n’avaient pas impacté jusqu’à présent la fréquentation des salles de cinéma. Ces dernières années, le Box-office était en progression pratiquement partout, contredisant la célèbre phrase des frères Lumière prononcée il y a 125 ans : « le cinéma est un art sans avenir ».

Depuis sa naissance, le cinéma vit de changement. Il s’est adapté à son rayonnement social. Aujourd’hui, le cliquetis de la pellicule est remplacé par le silence du DCP (Digital Cinema Package, le format numérique lu dans les cabines de projection). L’image est différente, plus lisse. Les puristes la disent moins belle.

Rien pourtant ne remplace, semble-t-il, ce rapport particulier à la salle de cinéma. L’obscurité. Être avec des gens qu’on ne connaît pas, ça produit quelque chose.

À son tour avec un certain défaitisme, Victor Hugo dans « Notre Dame de Paris » opposait la construction des cathédrales aux livres : « L’architecture ne sera plus l’art social, l’art collectif, l’art dominant.  Le grand poème, le grand édifice, la grande œuvre de l’humanité ne se bâtira plus, elle s’imprimera ».

Le livre n’a pas détruit la cathédrale. La photo n’a pas détruit la peinture. La télévision n’a pas détruit le cinéma. La télévision a obligé le cinéma à se transformer. Ces dernières années, les salles et les associations de spectateurs ont su enrichir la diffusion en organisant des festivals (à Angers 75 000 spectateurs pour une ville de 150 000 habitants.) ; les dispositifs scolaires agissent en formant des jeunes à l’image cinématographique. Les critiques incitent les spectateurs à se déplacer en salles.

Le cinéma en pleine crise, mais Amazon, Netflix et Disney en profitent

Malheureusement, suite aux confinements successifs, le cinéma navigue à vue. Le nombre de nouveaux cas auquel s’ajoute l’apparition des « variants » plus contaminants du Covid, ne permet pas, d’après le ministère de la Culture, la réouverture des cinémas, des théâtres et des musées. Après avoir espéré une ouverture des salles en décembre, puis le 20 janvier, les professionnels du cinéma sont dans le brouillard. Au ministère on ne parle plus même plus du « modèle résilient » qui consisterait à ouvrir les lieux culturels en plusieurs étapes assurant la sécurité sanitaire des spectateurs.

Quelque 7,1 milliards d’euros d’aides (dont 3,2 milliards d’euros de mesures transversales) ont été mobilisés en 2020, et ce chiffre pourrait passer à 7,4 milliards d’euros pour 2021.

Le problème est aussi ailleurs, dans le changement des habitudes du spectateur. Lors du premier confinement, il a fallu un certain temps aux spectateurs avant de retrouver le chemin des salles. Et le 30 octobre à la date du second confinement, les salles avaient presque repris leur vitesse de croisière. Le second confinement ne laisse pas augurer un avenir facile.  Aujourd’hui, les spectateurs habitués à voir des films en streaming, au moment de leur sortie, peuvent sur la durée de la crise sanitaire, perdre l’habitude de fréquenter les salles fermées trop longtemps. Le canapé risque de remplacer la salle de cinéma.

Pendant ce temps-là, la crise sanitaire profite à Amazon (une grande partie du chiffre d’affaires d’Amazon, 57 % selon Attac France, est dissimulé dans les paradis fiscaux), Netflix et Disney qui diffusent les films directement en « streaming ». D’un côté, ces chaînes s’enrichissent, et de l’autre, les petites salles indépendantes risquent la faillite la fermeture. Cherchez l’erreur !

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