« Le Chant du loup » et l’oreille d’or

« C’est une tragédie grecque dans un sous-marin nucléaire », confie le réalisateur Antonin Baudry, qui embarque les spectateurs dans un thriller géopolitique, avec un casting quatre étoiles. C'est le premier film de cet ancien diplomate qui a narré en 2010 son passage au cabinet de Dominique de Villepin dans une BD remarquée de Christophe Blain, Quai d'Orsay, adaptée ensuite au cinéma par Bertrand Tavernier.

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« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui sont en mer ». C’est carrément avec une citation d’Aristote que débute le film d’Antonin Baudry, Le Chant du loup (sortie le 20 février). Cette citation précède une formidable séquence d’ouverture, dans laquelle un sous-marin militaire français doit récupérer un commando de nageurs de combat, près des côtes syriennes. Mission accomplie.

Mission accomplie également pour Antonin Baudry, qui crée et maintient le suspense dès les premières minutes de son premier film en tant que réalisateur. Ancien diplomate et ancien conseiller de Dominique de Villepin, il avait raconté son expérience politique dans Quai d’Orsay, une bédé dessinée par Christophe Blain, formidablement adaptée ensuite au cinéma par Bertrand Tavernier.

Ce sont « ceux qui sont en mer » les personnages du Chant du loup, expression des sous-mariniers pour un danger potentiel repéré par sonar. Dans ce film, sans pareil dans le cinéma français, Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz, sont capitaine, commandant, amiral de la Marine nationale ; et François Civil est une « oreille d’or », un analyste, surdoué du son, qui écoute la mer, casque sur les oreilles, et identifie tout ce qui peut bien bouger autour du sous-marin.

« J’étais vraiment intéressé par ce personnage qui essaie de percevoir l’imperceptible, d’entendre l’inaudible, c’était une dimension qui m’intéressait », précise Antonin Baudry, « L’autre dimension, c’est la question de la décision, notamment le commandant, l’amiral, qui se retrouvent à plusieurs moments du film dans une situation de solitude devant une décision, et de conflits entre l’intuition et le savoir, le devoir et l’amitié, la confiance et l’obéissance à une mission ou une hiérarchie ».

Car, pris dans un « engrenage fatal », deux sous-marins français, L’Effroyable et Le Titane, vont se menacer l’un l’autre. Après une alerte majeure menaçant la France, le sous-marin nucléaire a pour mission de se « diluer », disparaître dans l’océan, puis de lancer une frappe stratégique, expédier un missile vers la Russie. L’ordre donné par le président, plus personne ne peut l’annuler, même s’il s’agit d’une fausse alerte ; les marins devront se sacrifier ou s’entre-tuer.

Antonin Baudry embarque les spectateurs dans un thriller géopolitique, un film spectaculaire, captivant, avec un casting quatre étoiles, des acteurs à l’efficacité militaire, et un suspens stressant. Certes, c’est aussi un film oppressant, à déconseiller aux claustrophobes ; bien plus qu’un film de sous-marin, c’est un drame en huis-clos inquiétant, que ne rassure pas la devise des sous-marins nucléaires : « Invisible et silencieux, je porte la mort ».

 

  

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