L’art de vivre et du thé

« Dans un jardin qu’on dirait éternel », le film de Tatushi Omori, adaptation d’un livre de Noriko Morishita « La cérémonie du thé », est une expérience de zénitude, à laisser infuser tout doucement.

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Pour Noriko, jeune Japonaise de Yokohama, c’est le printemps de ses 20 ans. L’étudiante ne sait encore que faire de sa vie, ensuite, plus tard, elle n’imagine pas son futur, son avenir est « dans la brume ». « Et si tu apprenais l’art du thé ? », lui suggère sa mère. Adaptation d’un livre de Noriko Morishita (« La cérémonie du thé »), le film de Tatushi Omori, « Dans un jardin qu’on dirait éternel » (sortie le 26 août), raconte ainsi l’initiation de Noriko (jouée par Haru Kuroki) à cet art ancestral, d’abord si éloigné du quotidien d’une jeune fille de la fin du XXème siècle.

Avec sa cousine Michiko, Noriko se rend alors chaque samedi après-midi dans la grande maison de Madame Takeda, vieille dame douce et souriante incarnée par une « icône » du cinéma japonais, Kirin Kiki, qui jouait la grand-mère dans le film Palme d’Or de Kore-eda, « Une affaire de famille », et une talentueuse cuisinière dans « Les délices de Tokyo » de Naomi Kawase. La maître du thé de « Dans un jardin qu’on dirait éternel » est le dernier rôle de la comédienne, disparue en septembre 2018.

En arrivant chez Madame Takeda, les deux nouvelles élèves sont intriguées par un rouleau où est inscrit quelque chose comme « Chaque jour est un bon jour ». Commence alors pour les demoiselles un long et difficile apprentissage, la découverte d’un cérémonial exigeant et précis, un rituel minutieux, des préparatifs à accomplir assise sur les talons, à genoux, bien plier la serviette, essuyer la boîte de thé, manier le fouet de bambou, plonger la louche dans la bouilloire, verser l’eau chaude…

Un long processus qu’épouse la lenteur du récit, l’enseignement de gestes à répéter jusqu’à ce que les mains sachent, machinalement, sans réfléchir, instinctivement. Avec un infini écoulement du temps, des saisons, le film de Tatushi Omori est ainsi une expérience de zénitude, un moment d’apaisement et d’harmonie. Cette lenteur compose en fait le charme, la saveur, de ce film à laisser infuser tranquillement.

Si Michiko la cousine abandonne le cours pour suivre celui de sa vie, voyager, travailler, se marier, faire des enfants… Noriko n’aura pas trop de deux décennies pour maîtriser l’art du thé et les leçons de Madame Takeda, et trouver alors une certaine sérénité, une sagesse, apprendre à écouter la pluie tomber, regarder la neige, ressentir la chaleur… et enfin comprendre l’inscription : « Chaque jour est bon ».

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