La solidarité conviviale pour conjurer la solitude à Lons-le-Saunier

Pour ses dix ans, l'association Noël-Ensemble, qui propose des spectacles familiaux avant un réveillon solidaire, a vu croître sa fréquentation de convives isolés, de migrants en attente d'intégration, de familles isolées ou recomposées. 

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« Je viens chercher le contact ici... » La voix bien posée, le sourire facile, Marie-Claude, « 47 ans à l'envers », explique qu'elle est venue au Carrefour de la communication de Lons-le-Saunier, ce 24 décembre, pour voir du monde et échanger.  Après une vie professionnelle et sociale bien remplie, elle trouvait « trop vide » la maison familiale où elle vit seule, surtout pour un soir de réveillon.

S'installant parmi les quelque 110 convives de la soirée, elle a pris place à table à côté de trois inconnues dont elle a entrepris de faire la connaissance. Il y a Françoise, enseignante à la retraite, habillée avec élégance. Là pour la troisième fois, elle vient un an sur deux, s'adaptant à la disponibilité de la famille de son fils. Elle a d'abord hésité : « Je pensais que c'était pour les personnes nécessiteuses, ce que je ne suis pas ». Elle ajoute après un silence : « Sauf peut-être du point de vue affectif... ». Veuve, Françoise souffre de l'absence de son compagnon, mais ne s'épand pas, préfère commenter la marche d'un monde qui change : « on communique par internet à l'autre bout de la France, mais on ne connaît pas son voisin... »

« Demain, je vois mes gamins »

Paulette et Marie, qui font régulièrement 10 km de marche ensemble, sont venues toutes les deux. Paulette était carreleuse, aimait faire des salles de bains... Marie était mère au foyer, a eu cinq enfants. « Où sont-ils ? », demande Marie-Claude. « Je les vois demain, le passe le jour de Noël chez ma dernière petite fille », répond Marie. « On est venues pour le fait d'être ensemble, ne pas être seule à la maison », dit Paulette.

A la table voisine, Philippe, célibataire et jeune retraité d'un service d'espaces verts, dit sa joie d'être là : « je suis venu dès l'après midi pour écourter les groupes, j'ai rencontré plein de monde ». A sa gauche, Bernard venu de Morez, vit également seul : « demain, je vois mes gamins », sourit-il avec enthousiasme. Sur sa lancée, il s'appuie sur l'actualité de la polémique du retour du Premier ministre de Nouvelle Calédonie : « Ici, on ne gaspille rien, et ce repas ne coûte pas 350.000 euros... »

« Mettre les gens en relation »

Fournis par la cantine municipale, les repas sont servis par une équipe de bénévoles qui apprécient le mélange de convivialité et de solidarité qu'a réussi à construire en une dizaine d'année l'association Noël Ensemble. Elle compte également sur la dimension auberge espagnole de l'aventure. Les convives sont invités à amener un petit quelque chose, comme à l'occasion d'une soirée entre amis. Sauf que là, les amis sont parfois des inconnus...

Il y en a également pour tous : spectacles pour les familles l'après-midi, banquet le soir pour les moins jeunes, les plus solitaires et les solidaires le soir.

Martine a commencé par donner un coup de main pour dépanner, puis s'est investie comme bénévole au fil des années. Là, elle est au vestiaire : « c'est étonnant comme les gens ont besoin de parler, de contact, ils nous apprennent plein de choses sur la vie, les galères... Il y a les souffrances non dites de gens ayant vécu des expériences de vie... »

Roger s'est engagé dans l'association pour la première fois après avoir lu une annonce dans le journal. L'ambiance l'a séduit. Il reviendra ouvrir les bouteilles de mousseux sans alcool et passer les plats de petits gâteaux apéro. Yves Ramelet, le trésorier de l'association, « aime travailler sur le lien, mettre les gens en relation ». Cet ancien assistant social sait la valeur de ces moments, rapporte les confidences des convives : « une dame m'a dit : avec mon mari, on s'embattait, alors on est venu... Une autre veut bien être seule toute l'année, mais pas à Noël... »

Sa petite fille d'à peine un an dans les bras, Pauline dit le bien que lui fait l'initiative qu'elle découvre : « C'est vraiment cool... Je suis seule, je ne parle qu'avec ma fille à longueur de journée. C'est sûr, je reviendrai chaque année. Je suis venue d'Afrique il y a un an, on doit s'intégrer, apprendre à connaître les autres... »

 

 

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