La reprise du cinéma, enfin !

Sols marqués à la rubalise, flacons de gel hydroalcoolique, plexiglas, logiciel de gestion des places et prise d’air extérieur pour remplacer la climatisation… Les cinémas tâtonnent et s’interrogent sur la reprise prévue lundi. Factuel a pris contact avec les responsables des salles bisontines Mégarama, Victor Hugo et Kursaal. Tout est prêt pour accueillir le public et attendre le retour progressif d’un fonctionnement normal.

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Modernisation et films d’horreur au Mégarama

Pour Léa Segard et Cédric Louvet responsables du Mégarama Beaux-Arts du centre, la reprise devrait se faire en douceur. « Le virus est toujours là et nous avons pris des mesures. Tout le groupe Mégarama (20 salles dans toute la France) fonctionnera de la même manière avec un placement numéroté. Cela ressemble aux réservations dans les Théâtres. Vous choisissez votre place sur un plan à la caisse : avec un logiciel, nous bloquons immédiatement l’achat des places situées sur votre droite et votre gauche. Ce dispositif informatique nous permet de gérer la crise avec une grande précision et rigueur. »

Et la programmation ?

« La programmation se fait par un programmateur national. Nous aurons des films à l’affiche au moment du confinement et peu exploités, comme La Bonne épouse de Martin Provost et De Gaulle de Gabriel Le Bomin. Nous aurons également des films qui auraient dû sortir pendant les premières semaines du confinement et que nous n’avons pas pu diffuser comme « Un fils » de Medhi M. Barsaoui avec Sami Bouajila programmé au dernier Festival Lumières d’Afrique. Nous allons aussi projeter L’homme invisible de Leigh Whannel et des films d’épouvante. »

Après le coronavirus où tout le monde a vécu dans la peur ? (Rires). « Notre clientèle aime l’épouvante et si ça peut lui redonner l’envie de revenir dans nos salles, ce serait bien ».

Diversité de l’Art et Essai au Cinéma Victor Hugo

Au Cinéma Victor Hugo, la distanciation sanitaire un siège sur deux sera respectée et mise en pratique de façon plus artisanale. En revanche, le choix des films reflète la diversité du cinéma d’Art et Essai.

Comment avez-vous élaboré votre programmation ?

« Nous sommes une salle indépendante. Comme avant la crise sanitaire du Covid 19, notre programmation reflète la politique éditoriale de nos salles classée Art et Essai (avec les labels Patrimoine et Répertoire, Jeune public, Recherche & Découverte) et appartenant au réseau Europa Cinémas », explique Pierre Kiefer responsable de la salle. La programmation éclectique fait la part belle à de nouveaux films auxquels s’ajoutent deux reprises.  Pierre Kiefer n’ajoute rien de plus. A nous d’explorer la programmation.

Le public pourra découvrir des nouveautés comme Benni (Prix du Meilleur Premier film au Festival de Berlin), un film allemand de Nora Fingschneidt, portrait d’une petite fille abandonnée en proie à de nombreuses souffrances. Filles de joies film franco-belge de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, dresse le portrait de trois femmes mères de famille une partie de la journée et prostituées le reste du temps.

Nous les chiens, film coréen d’animation de Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek a été présenté au festival Annecy Animation l’an dernier. Dans ce film un chien abandonné essaie de retrouver son maître. Il rencontre une meute, et se bat pour parvenir à vivre dans un monde cruel et hostile.

Cette programmation ouvre une fenêtre sur le cinéma historique et politique. Avec le retour d’Agneszka Holland et de son film L’ombre de Staline on voit un journaliste qui après avoir interviewé Hitler n’hésite pas à débarquer en 1933 à Moscou pour faire un entretien avec Staline. Et le documentaire Le Capital au XXIe siècle de Justin Pemberton et Thomas Piketty, adaptation visuelle du traité d’économie de Thomas Piketti, très attendu...

Le Cinéma Victor Hugo propose aussi deux reprises : Trois étés le film brésilien de la talentueuse Sandra Kogut revient à l’affiche et nous permet de revoir cette brillante chronique familiale tournée juste avant l’élection de Bolsonaro. Et pour ajouter de la passion à cette programmation la salle fêtera les quarante ans du film Elephant man et permettra aux fans de David Lynch de revoir ce chef-d’œuvre sur le droit à la différence en version restaurée.

Les spectateurs programmateurs au cinéma Kursaal

Au Cinéma Kursaal, salle municipale, la réouverture se prépare. La salle ouvrira le 15 juillet avec une programmation consacrée au cinéma français. C’est un rendez-vous d’été qui d’année en année prend de l’importance avec un public fidélisé auquel s’ajoutent les personnes en stage au CLA (Centre de Linguistique Appliquée). Afin de respecter les mesures en vigueur, la salle organisera des séances à 18h à 20h pour rendre la distanciation sanitaire possible. La salle sera ventilée par une prise d’air extérieur.

Et la programmation ?

La salle présentera des films français, des films-phares et des films peu diffusés, des oubliés des programmations, la plupart du temps de vraies pépites.

Pour réaliser cette programmation, Jean-Michel Cretin a organisé un rendez-vous avec une dizaine de cinéphiles volontaires. Et après de passionnantes discussions, une dizaine de films ont été sélectionnés. Ces cinéphiles se sont investis lors de cafés-ciné une nouvelle pratique démocratique instaurée par le programmateur, il y a quelques années. Aussi après la projection du dernier film de la saison « Deux » de Filippo Meneghetti, le 9 septembre, la seconde séance sera précédée à 18h30 par un café-ciné histoire d’écouter les spectateurs, de travailler sur leurs choix de continuer de travailler en groupe sur les programmations futures.

Pendant le confinement la VOD a comblé notre besoin d’images. Est-ce que la salle de cinéma reviendra à sa destination première liée à l’obscurité et au grand écran ? Qu’en sera-t-il du désir du spectateur assommé par une pluie d’informations souvent contradictoires sur le Covid 19 ?

On le saura plus tard et on espère aujourd’hui que le public donnera des signes de son désir de cinéma et sera au rendez-vous.

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