La reprise des cinémas se prépare…

Que faire avec les films dont la sortie était prévue pendant le confinement quand une dizaine apparaissaient sur les écrans chaque semaine ? L’Agence pour le développement régional du cinéma a lancé début avril une consultation auprès des exploitants et des distributeurs en vue d’accompagner la réouverture des salles de cinéma, sans doute pas avant juillet.

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Que faut-il faire avec les films dont la sortie était prévue pendant le confinement quand on sait qu’une dizaine de films apparaissent sur les écrans chaque semaine ? Comment les diffuser ? Comment éviter l’embouteillage avec les films qui sortiront à la fin de cette période ? Comment trouver une entente dans une profession où une forte concurrence sévit déjà en temps normal ?

Avant d’entrer dans le débat de l’après confinement, il est bon de revenir sur les objectifs de l’Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC). C’est une association loi 1901 créée en 1983 à l’initiative du Ministère de la culture et du Centre National du Cinéma (CNC). Elle compte de nombreux adhérents dans l’ensemble des secteurs impliqués dans la diffusion et l’exploitation cinématographique (collectivités territoriales, exploitants, réalisateurs, producteurs, distributeurs et programmateurs).

Un consensus favorable

La filière cinéma est représentée d’une part par les distributeurs de films qui agissent après la production pour diffuser les œuvres dans les salles où les exploitants (diffuseurs, programmateurs) les proposent au public. En principe lorsqu’il y a des problèmes lors de la distribution des films, les professionnels font appel au Médiateur du cinéma. Créé par la loi, il intervient en cas de litiges relatifs à la diffusion des films en salle qui opposent principalement les exploitants aux distributeurs. Ainsi il arrive souvent que les salles art et essai se sentent dépossédées de films de leur ressort que les distributeurs attribuent aux multiplex.

Les parties se réunissent pour chercher une conciliation, dans le respect des règles de la concurrence, avant d'éventuellement d'aller au contentieux. 

Pour l’instant, la réouverture des salles « fait l’objet d’un consensus favorable entre distributeurs et exploitants », indique dans un communiqué l’ADRC tout en constatant que certains acteurs de la distribution « ne sont favorables ni à un calendrier concerté de sorties, ni à l’élaboration de recommandations de la Médiatrice sur le sujet ».

La solution serait la multiprogrammation souhaitée massivement par les exploitants et qui ne satisfait pas les distributeurs.
Si les exploitants de salles veulent multiplier l’offre de films afin de rattraper le temps perdu, on comprend aussi que certains distributeurs indépendants n’aient pas envie de voir leurs films noyés parmi les blockbusters.

Parmi les réponses reçues lors de sa consultation, l’Agence souligne que du côté des diffuseurs, il y a une forte représentation de la petite et de la moyenne exploitation. En effet, il semble normal que les petites salles dotées de peu d’écrans soient plus inquiètes par rapport à une profusion de films à l’affiche et à leur propre devenir.

Afin de garantir l’équité lors de la reprise, exploitants et distributeurs souhaitent donc que « l’ADRC s’implique, dès la première semaine d’exploitation, dans des conditions d’exposition et de respect de la diversité de l’offre de films qui restent à déterminer », indique aussi le rapport.

La réouverture des salles

« Les exploitants, explique l’ADRC, privilégient une reprise partielle des films à l’affiche au 14 mars et souhaitent bénéficier des films nouveaux tandis que les distributeurs, - qui se sont prononcés sur la question de la sortie des nouveautés, - estiment qu’une sortie nationale nécessite un minimum de temps et qu’il serait préférable de se baser sur les films prévus à l’affiche des semaines qui ont suivi la fermeture des salles ».

Autrement dit, ils voudraient une programmation mélangeant les films sortis au moment du confinement et ceux prévus ultérieurement. Le risque étant qu'il y ait trop de films pour le nombre d'écrans et que certains aient de chance d'être vus.

Faut-il reprendre le modèle chinois ? En Chine, les films ont été regroupés en une forme de « best of » de l’année précédente. Et les salles françaises refusent de reprendre le modèle chinois. Par ailleurs, la profession estime que les films vus pendant le confinement en streaming devraient être moins diffusés en salle que ceux qui n’ont pas encore bénéficié d’une sortie.

Évidemment la plupart des salles sont « largement favorables à leur réouverture dès qu’elles en auront l’autorisation ». Certaines d’entre elles expriment des craintes suite à « la volonté de certaines collectivités territoriales de retarder localement leur réouverture pour prévenir tout risque sanitaire vis-à-vis de la population », souligne encore le rapport de l’ADRC.

Nationalement, la réouverture des salles n’est pas encore à l’ordre du jour et risque d’être très décalée par rapport à la fin du confinement. Si l’ensemble de la profession espère la réouverture le 1er juillet, cela reste hypothétique. Il faudra sans doute multiplier les précautions pour adapter les salles à de nouvelles règles sanitaires insistant sur la distance entre spectateurs. Tout cela reste flou pour l’instant. Un comble quand on sait que le confinement est tout l’enjeu de la magie du cinéma !

 

 

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