A Lure et dans les environs, on se bat pour une prison ! Une prison dont le projet de fermeture vient après des tas d'autres diminutions de la présence des services publics. L'association d'aide aux familles des détenus est dans le collectif qui se mobilise. Éloigner les détenus de leurs proches n'est pas un bon signe dans la perspective d'une réinsertion. Au collectif, où l'on penche plus facilement à gauche qu'à droite, on est sévère pour le député PS Jean-Michel Villaumé, trop prompt à « prendre acte » de la décision de Christiane Taubira que les militants ne considèrent pas définitive. Ne serait-ce parce qu'elle a reçu en personne la délégation : « c'est pour ça que le dossier n'est pas clôt », veut croire Michel Antony. Il n'est pas mécontent de voir que l'ancien député et maire de Luxeuil, Michel Raison (UMP) est là : « c'est bien, ça montre que ça touche tout le monde, il a conscience de la destruction d'un territoire ».
Rémy Croissant, secrétaire adjoint de FO pénitentiaire, ancien surveillant de la maison d'arrêt de Lure, actuellement en poste à Besançon, est du combat, comme l'UNSA. « Les collègues sont dégoûtés, les gardiens traumatisés : c'est important de garder un service pénitentiaire sur la Haute-Saône, ça fait partie de la chaîne sociale... » Surtout, il défend l'établissement de Lure qui correspond parfaitement aux règles pénitentiaires européennes, notamment grâce aux investissements récents qui ont transformé les dortoirs en chambres avec eau chaude... « Ce n'est pas une prison vétuste », insiste-t-il en évoquant la visite, il y a quatre ans, du contrôleur général des prison, Jean-Claude Delarue : « c'est grâce à lui que la prison est toujours là ».
Le syndicaliste défend également l'impact de la prison sur l'environnement économique et social : « L'administration pénitentiaire a l'obligation de faire passer une radio à chaque détenu : on participait à l'activité radiologique de l'hôpital. On était content d'avoir un service d'urgences quand un détenu fait un malaise ou a un problème cardiaque. Il y avait trois infirmières en lien avec la prison qui met à disposition des locaux pour l'Éducation nationale, l'hôpital... Bref, il y avait une interaction des services publics dans la proximité. La prison apportait par exemple 700 à 800 euros par mois en achat de tabac, les cantines dans les hypermarchés... » Au total 35 personnels de la pénitentiaire auxquels s'ajoutent une dizaine d'emplois induits, pour 55 à 60 détenus.
Quant au risque de fissure, il sourit : c'est un point minime sur un bâtiment administratif.